Portant toute la finesse de l'architecture traditionnelle chinoise, les pavillons du Jardin de Chine apparaissent en images successives au gré des sentiers, des fenêtres ou des murets.
De style classique, les sept constructions s'inspirent de l'époque des Ming. Poutres et colonnes de structure, agencées à l'ancienne, s'emboîtent les unes dans les autres, assemblées par tenons et mortaises.
Entourés de balustrades dentelées, coiffés de toits exotiques aux coins retroussés, chapeautés de tuiles bombées enjolivés de symboles chinois, les pavillons rivalisent de grâce et d'élégance.
La Cour d'entrée
Espace limité par de hauts murs, la Cour d'entrée constitue un lieu de transition. C'est un petit jardin en soi. L'enceinte de la cour est percée de treize fenêtres. Ouverture vers l'extérieur, chacune est unique quant à la forme ou au remplage.
Deux gardiens
Imposant l'autorité, les lions gardent et protègent l'entrée du jardin. La femelle, à gauche, tient sous sa patte un lionceau alors que le mâle, à droite, s’appuie sur une boule, symbole de la prospérité, du bonheur, du pouvoir, de l’autorité et de la puissance (de conquérir et d'unifier le monde).
Les Trois Étoiles
Dressées face à la porte, trois pierres grises incarnent de vieilles divinités chinoises. La pierre du centre représente l'Étoile du bonheur, appelée fuxing. Dans l'imagerie populaire, l'Étoile du bonheur est personnifiée par un mandarin du 6e siècle, ou encore par un général de l'époque Tang (618-907), qui est souvent entouré de chauves-souris. La chauve-souris est un autre symbole du bonheur.
La pierre de gauche, légèrement inclinée, représente l'Étoile de la longévité, shouxing. Ce dieu décide de la date de la mort de chaque personne. Il apparaît fréquemment incarné sous les traits d'un vieillard au crâne chauve et proéminent, appuyé sur un bâton noueux et tenant à la main une grosse pêche, fruit du monde céleste qui donne l'immortalité. Près de lui, on peut souvent apercevoir un champignon et une tortue, qui sont aussi des symboles de longévité.
La pierre qui est à la droite de l'Étoile du bonheur, symbolise la prospérité. On la nomme luxing, c'est-à-dire l'Étoile des dignités et des émoluments, ou encore l'Étoile des fonctionnaires, car autrefois cette fonction s'accompagnait d'un rang social élevé et d'avantages financiers. Ce dieu est personnifié par un fonctionnaire de la dynastie Han (206 av. J.-C.-220 ap. J.-C.) qui acquit honneur et richesse au cours de sa vie. Ceux qui n'étaient pas lettrés et qui, par conséquent, ne pouvaient accéder à cette éminente classe sociale ont été portés à remplacer cette divinité par un personnage mythologique qui assure la naissance de plusieurs enfants. Aujourd'hui, l'Étoile de la prospérité peut annoncer la dignité sociale, la fortune de même qu'une progéniture nombreuse.
Le Pavillon de l'amitié
Le Pavillon de l'amitié est le point central du jardin. Le bâtiment accueille la plupart des expositions présentées au jardin. Les façades, vitrées ou percées de portes, permettent d'être en tout temps en contact avec la nature, en suivant par exemple la course du soleil. On y trouve, enfin, une impressionnante lanterne aux motifs d'oiseaux, de dragons et de phénix qui domine l'espace intérieur du pavillon.
Le Pavillon de l'amitié est représentatif de l'architecture de l'époque des Ming qui allie robustesse et élégance. Cette bâtisse de quelque 100 mètres carrés (1 076 pi2) est surmontée d'une toiture imposante dont la masse est allégée par la structure de bois vitrée de toutes parts, par la galerie qui en fait le tour et, surtout, par la cambrure si distinctive des extrémités du toit.
Typique de l'architecture chinoise, les toits et avant-toits en encorbellement protègent de la pluie ou des rayons du soleil et laissent pénétrer quantité de lumière à l'intérieur du pavillon. Avec ses extrémités cambrées qui tournent vers le ciel, le toit produit un effet de légèreté et de stabilité.
Le poids considérable de cette toiture repose sur une charpente peu commune. Le jeu des poutres maîtresses longitudinales et des poutres secondaires transversales répartit les poids dans les deux sens. Le poids des poutres est à son tout transmis aux 36 colonnes.
Le toit du Pavillon de l'amitié porte les grandes figures du bestiaire chinois traditionnel. D'abord en haut afin de protéger la structure contre les incendies, deux dragons à queue de poisson se dressent vers le ciel en enserrant de leur gueule le faîteau du toit. Plus bas sur les arêtières dominant l'avant-toit veillent, face aux quatre vents, des lions, étant des dragons sous une forme différente.
Enfin et dans une alternance de yin et de yang, le phénix et le dragon viennent former la frange de la toiture en ornant les pièces situées tout au bout des tuiles, les unes en forme de croissant et les autres en forme de disque.
La Cour du printemps
On accède à la Cour du printemps en passant une porte à quatre lobes évoquant la fleur de l'abricotier. Cet espace est le domaine privilégié des penjings, ces arbres miniatures que les Japonais appellent, quant à eux, bonsaïs.
L'art du penjing
L'art du penjing, mot qui signifie littéralement « pot et paysage », s'est surtout développé à l'époque de la dynastie Tang (618-907) bien que des documents attestent son existence dès le 2e siècle. Ces arbres, dont la croissance a été contrôlée pour atteindre des hauteurs variant de 10 à 150 cm, peuvent présenter un tronc droit, sinueux, ou protubérant, et des branches en plateau ou en cascade.
La collection de penjings du Jardin botanique de Montréal est constituée en grande partie des arbres miniatures donnés par la ville de Shanghai lors des Floralies internationales de Montréal en 1980.
En taillant branches et racines pour produire ces arbres nains, l'artiste-jardinier tente de créer un microcosme reflétant la nature. Il cherche à reproduire la robustesse et la pérennité de même que l'élégance et l'harmonie de la nature. La miniaturisation d'un arbre, d'un paysage concentre l'essence de l'arbre, de la nature, en éliminant tout superflu. Tout comme l'aménagement d'un jardin, le façonnage des penjings s'inspire des règles artistiques de la peinture traditionnelle.
Les paysages miniatures
Formant la seconde catégorie de penjings, les paysages miniatures ont la pierre comme matériel de base. On y ajoute l'herbe, la mousse, l'eau et les pavillons. Ces éléments s'intègrent dans des paysages que l'on dit secs, aquatiques ou semi-aquatiques. On trouve deux de ces paysages miniatures dans la Cour du printemps.
Le kiosque de l'ombre verte
Prenez le temps de faire une pause au Kiosque de l'ombre verte. Cette construction, perchée sur une petite colline, sert d'étape au cours d'une promenade. En chinois, on la nomme ting, mot qui signifie «arrêt».
Le Pavillon où se figent les nuages empourprés
Structure élancée à double corniche s'élevant à 14 mètres, ce pavillon s'apparente à la forme qu'ont les pagodes chinoises, elles-mêmes inspirées de la stûpa indienne, monument en forme de cloche renfermant des reliques ou des textes bouddhiques sacrés. C'est sans doute ce qui explique la vocation religieuse longtemps associée aux pagodes.
La montagne de pierre
Les Chinois voient la montagne comme un pilier supportant le Ciel. C'est un lieu magique et surnaturel.
Le taoïsme a contribué à renforcer le caractère surnaturel qu'on attribue aux montagnes en y faisant vivre les Immortels. Ces huit personnages légendaires pouvaient apporter la longévité à celui qui réussirait à les rencontrer. Le premier empereur Qin (221-207 av. J.-C.), Shi Huangdi, fut le premier à faire ériger une montagne artificielle à l'intérieur de son jardin, espérant ainsi attirer les Immortels et apprendre le secret de la vie éternelle. L'empereur Wu qui lui succéda fit à son tour élever trois montagnes artificielles dans son immense jardin, et il les fit entourer de larges bassins d'eau. De là allait naître la coutume de creuser des lacs et de construire des montagnes artificielles.
Traditionnellement, dans un jardin chinois, la pierre utilisée pour l'érection de la montagne artificielle doit s'opposer au gris de la pierre du lac Tai utilisée pour les sculptures isolées. La montagne du Jardin du Lac de rêve, s'élevant à neuf mètres, aura nécessité l'amoncellement de plus de 3 000 tonnes de pierres présentant une chaude teinte de brun orangé. Le résultat est surprenant : un agencement de pierres dans lequel sont incorporés des sentiers, un escalier, une grotte et une chute d'eau qui se déverse dans un étang en aval.
Le Kiosque de la douceur infinie
Le nom de ce petit bâtiment hexagonal s'inspire d'un poème du 9e siècle de Bai Juyi décrivant le sentiment de mélancolie ressenti par un empereur devant le pavillon déserté par sa favorite, tuée pour sauver le royaume aux prises avec de graves révoltes.
Le Kiosque de la douceur infinie est un endroit propice pour une pause ombragée.
Le Bateau de pierre
Adossé à une barrière naturelle composée de pins sylvestres et de mélèzes, le Bateau de pierre mouille aux abords de l'Étang des lotus. Ici encore le choix des éléments met l'accent sur la complémentarité et l'alternance : la pierre (yang) de la structure se baignant dans l'eau (yin) de l'étang.
Le Bateau de pierre rappelle, à une échelle beaucoup plus modeste, le bateau de marbre construit au Palais d'Été de Pékin à l'intention de l'impératrice Cixi, personnage politique dominant de la fin de la dynastie Qing (1644-1911). La petite terrasse à l'avant permet d'admirer les nénuphars à la surface de l'Étang des lotus alors que la structure à étages, située à la poupe du bâtiment, offre une fraîcheur surprenante durant les mois chauds de l'été.