- 5 Août 2013 - Insectarium : Actualités entomologiques
Depuis 2005, la faune des papillons de jour du Québec compte une espèce supplémentaire : le Bleu commun d’Europe (Polyommatus icarus (Rottemburg, 1775)). Contrairement à d’autres espèces introduites qui peuvent avoir un impact négatif très important sur le plan économique et sur notre faune indigène, le Bleu commun d’Europe ne semble pas causer de problèmes. En fait, sa splendeur ajoute de la couleur à notre grande famille des lépidoptères vivant au Québec!
Je suis parti sur Québecair...
La découverte du Bleu commun d’Europe revient à M. Arafian sur les terres de l’aéroport de Montréal en 2005. Alors employé de l’aéroport de Mirabel, cet entomologiste amateur à l’œil aguerri remarqua ce petit papillon bleu qui ne ressemblait à aucune espèce dans ses ouvrages de référence nord-américains. Après avoir consulté les experts de la collection nationale du Canada, il fut établi que ces papillons bleus appartenaient à l’espèce européenne du Bleu commun. Une première nord-américaine! Nous n’avons pas de preuve, mais il y a fort à parier que les premiers individus ont « débarqués » à l’aéroport de Mirabel par avion, à l’intérieur d’un cargo en provenance d’Europe. Les cargos maritimes sont aussi d'importants points d’entrées d’espèces introduites.
Portrait typique d’une espèce introduite
Le Bleu commun d’Europe possède tous les atouts nécessaires pour s’établir à la grandeur de l’Amérique du Nord. Comme le Piéride du chou et l’hespérie des graminées, des espèces de papillons européens introduites accidentellement et qui ont maintenant colonisé la quasi-totalité de l’Amérique du Nord. La chenille du Bleu commun se nourrit d’une plante introduite d’Europe, le lotier corniculé. On retrouve cette plante aux abords des champs, routes et même les cours arrières en milieu urbain, et ce, du nord au sud des Amériques. Trois générations se développement par été, ce qui lui permet d’atteindre des niveaux d’abondance très élevés partout où il s’établit. De plus, il possède une très grande capacité d’adaptation et il peut survivre tant en milieu urbain que naturel. Selon sa répartition actuelle, du cercle polaire à l’Afrique du Sud, l’espèce tolère une très grande gamme de climats.
Une trainée de poudre
Ainsi depuis sa découverte à Mirabel, le bleu commun se retrouve maintenant un peu partout sur l’île de Montréal. Depuis l’été dernier, il a été observé à quelques endroits dans l’ouest et l’est de la ville, plus particulièrement dans le jardin à papillon de l’Insectarium! Il y a fort à parier qu’une fois sur la Rive-Sud de Montréal, le bleu commun se répandra comme une trainée de poudre et couvrira rapidement une grande partie de l’Amérique du Nord en quelques décennies.
Dans un jardin près de chez vous…
Ouvrez l’œil lors de votre prochaine visite au Jardin botanique! Avec un peu de chance et d’attention dirigée vers les petites choses qui volent à vos pieds, vous aurez fort possiblement l’occasion d’observer un des nouveaux joyaux ailés du Québec avec ses ailes bleues iridescentes serties de perles orangées.