- 16 Novembre 2022 - Jardin botanique : Expérience, Secrets des plantes
Savez-vous que les saules représentent plus de 30% de toutes les espèces d’arbres et arbustes indigènes au Canada? En effet, sur les 220 espèces des plantes ligneuses de notre flore naturelle, 76 sont des saules. Intéressant n’est-ce pas?
Mille et une utilités des saules
De plus en plus d’espèces ou de cultivars de saules sont utilisés comme outils phytotechnologiques pour régler des problèmes environnementaux. Bien adaptés au climat froid et humide de l’Amérique du Nord, les saules servent à stabiliser les berges, à retenir les surplus de fertilisants ou de pesticides le long des bandes riveraines en milieu agricole, à décontaminer les sols pollués ou à traiter les eaux de lixiviation sur les sites d’enfouissement de déchets. Bravo les saules!
Un travail rigoureux de terrain
Ces végétaux possèdent un formidable pouvoir photosynthétique. C’est ce que mon équipe de recherche vient de mettre en évidence. Nous savons que les saules gardent leurs feuilles très tard en saison alors que toutes les espèces d’arbres ou d’arbustes dans le paysage sont entièrement dégarnies et déjà en tenue hivernale. Mais les feuilles de ces saules sont-elles fonctionnelles? Cela nous intriguait. C’est dans ce contexte qu’une étudiante en stage de recherche, Daphné Gagnon-Fee, s’est jointe à mon laboratoire à l’Institut de recherche en biologie végétale. Elle a mesuré au cours de l’automne 2021 la photosynthèse et les échanges gazeux de trois espèces différentes de saules utilisées pour la phytoremédiation de sols contaminés dans l’est de Montréal. Chaque semaine de la fin août jusqu’aux derniers jours de novembre avec des mitaines, Daphné (qui était souvent accompagnée de Guylaine, sa maman bénévole), a pris des centaines de mesures sur les feuilles de ces saules. Cela lui a permis de cumuler de nombreuses données qui ont été ensuite analysées avec la contribution de deux collègues internationaux, l’Américaine Emily Palm et l’Italien Werther Guidi Nissim, tous deux spécialistes de la photosynthèse.
Une plante super travaillante
Quels étaient les résultats? Surprise! Ces feuilles sont tout à fonctionnelles et font de la photosynthèse.
Cela signifie que, même très tard pendant l’automne, lorsque la durée du jour est de plus en plus courte, ces saules continuent d’absorber du gaz carbonique, le principal responsable de l’effet de serre. Cela révèle aussi qu’ils sont actifs et loin d’être en dormance comme la plupart des autres plantes à ce moment de l’année. Cette capacité de rester fonctionnels aussi longtemps durant leur saison de croissance expliquerait en partie pourquoi les saules sont si efficaces pour décontaminer les sols. Les saules n’ont pas fini de nous étonner! Cette découverte est rapportée dans un récent article paru dans PubMed.1
1 Palm E, Guidi Nissim W, Gagnon-Fee D, Labrecque M. Photosynthetic patterns during autumn in three different Salix cultivars grown on a brownfield site. Photosynth Res. 2022 Nov;154(2):155-167. doi: 10.1007/s11120-022-00958-z. Epub 2022 Sep 14. PMID: 36104474; PMCID: PMC9630210.
Pour en savoir plus sur les phytotechnologies :
Les phytotechnologies au Jardin botanique de Montréal