- 21 Juillet 2016 - Jardin botanique : Secrets des plantes
Ces plantes menaçantes sont des lianes aux fleurs étoilées de couleur mauve pâle ou foncée, connues sous le nom de « dompte-venin noir » et « dompte-venin de Russie »; en latin, Cynanchum louiseae et Cynanchum rossicum. Cynanchum est un mot grec signifiant « poison à chien » et il se réfère à l’utilisation passée de certaines espèces. Quant au nom « dompte-venin », il rappelle l’utilisation de la plante comme antipoison. Avec des noms pareils, difficile d’inspirer confiance!
À l’assaut de nos habitats
Originaire d’Europe, le dompte-venin s’est échappé de culture en Nouvelle-Angleterre au 19e siècle. Aujourd’hui, ces lianes foisonnent dans plusieurs habitats – haies, boisés, alvars, etc. – du nord-est de l’Amérique du Nord et elles sont considérées envahissantes. Formant de denses colonies, elles déplacent les espèces indigènes et nuisent à la diversité végétale et animale. Mais elles retiennent surtout l’attention à cause de leur impact négatif sur le papillon monarque, dont les populations sont en déclin.
Monarques et asclépiade
Le monarque dépend d’un type de plante, l’asclépiade, pour compléter son cycle de vie. Les chenilles du monarque ne consomment en effet que des feuilles d’asclépiade, dont elles tirent des molécules toxiques qui les rendent indigestes et qui les protègent des prédateurs, même une fois papillons. Pour avoir des monarques, il faut des asclépiades.
Invité non désiré
Appartenant à la famille des Apocynacées, comme les asclépiades, les dompte-venins possèdent des composés chimiques similaires, qui attirent les monarques à pondre sur leurs feuilles. Pas surprenant, puisque les monarques pondent sur des dizaines d’espèces de plantes, dont la majorité est composée d’asclépiades. Des scientifiques ont cependant montré que les chenilles du monarque ne mangent pas les feuilles des dompte-venins envahissants, ce qui les condamne à une mort certaine. Fait troublant, les monarques n’évitent pas complètement ces plantes nuisibles, même en présence d’asclépiades. C’est ce qu’on appelle un « piège évolutif » : des changements écologiques qui amènent les animaux à faire un mauvais choix d’habitat, au détriment de leur survie.
Recherché!
Les résultats de cette étude effectuée dans l’État du Rhode Island diffèrent de ceux d’études effectuées en Ontario et dans l’État de New York, où l’on avait observé peu ou pas de ponte de monarques sur les dompte-venins. Même s’ils doivent être validés, notamment au Québec, ces résultats appellent à la prudence considérant le statut envahissant des dompte-venins. En effet, même une faible proportion de ponte sur cette plante pourrait avoir des effets néfastes sur les populations de monarques, particulièrement si ces plantes prolifèrent. Et c’est sans compter les effets sur la biodiversité. Alors, si vous remarquez des dompte-venins sur votre chemin, n’hésitez pas à les arracher : les papillons monarques vous en seront reconnaissants!
Lien intéressant : Mission monarque