- 2 Octobre 2019 - Espace pour la vie : Jardin botanique, Gestes verts, Mon jardin
Rédigé le 24 septembre 2018
Lorsque j’étais enfant et que l’automne se pointait le bout du nez, c’est moi qui étais responsable du ramassage des feuilles mortes. Je gagnais 25 sous par sac rempli. Et, dans le lot de feuilles, les plus chanceuses avaient le luxe de remplir des sacs orange en vue de décorer le terrain pour l’Halloween. Les autres s’entassaient dans de vulgaires sacs à ordures. Mais, au bout du compte, toutes connaissaient le même destin : la collecte des résidus verts.
Cela dit, la collecte des résidus verts est une excellente initiative municipale pour réduire la quantité de matière enfouie mais pour le jardinier conscientisé que je suis devenu, ramasser les feuilles mortes pour les entasser dans des sacs de plastique et les envoyer ensuite par camion au site de compostage est devenue une aberration.
Pourquoi ramasse-t-on les feuilles mortes?
On ramasse souvent les feuilles mortes pour ‘’faire beau’’, parce qu’on l’a toujours fait et surtout parce que nos voisins le font. Pourtant, ces ‘’déchets’’ méritent plutôt le statut de ‘’ressource’’. On oublie trop souvent qu’on appauvrit notre sol en le ‘’nettoyant’’ et si on ajoute dans l’équation, l’usage des sacs de plastiques et le transport par camion on comprend mieux qu’il s’agit d’un non-sens. Les principes du jardinage écologique nous invitent à réduire nos intrants (terre, engrais) et à mieux gérer nos déchets. D’ailleurs, le meilleur déchet est toujours celui qu’on ne produit pas.
Une mine d’or gratuite
Les avantages de conserver chez soi les feuilles mortes mal-aimées du voisinage sont nombreux. Si vous êtes du genre jardinier paresseux, laissez-les tout simplement au pied de votre arbre et faites confiance à la nature. Si vous souhaitez accélérer le processus, passez-les sous la tondeuse pour les déchiqueter. C’est ce qu’on appelle le feuillicyclage. Pour les plus prévoyants, faites-en des réserves pour l’été prochain, vous pourrez vous en servir pour équilibrer le ratio carbone-azote de votre compost qui est souvent trop riche en azote en raison des fruits et légumes de votre cuisine ainsi que de vos autres résidus verts qui le composent. Réservez une partie des feuilles comme paillis à étendre avant les grandes canicules et ce, même pour vos plantes potagères en pot. Vous réduirez l’érosion lors des grandes pluies, retiendrez l’humidité de votre sol et limiterez les plantes indésirables, tout en offrant abris et à manger aux organismes vivants de votre jardin.
Quelques mises en garde
- Pour éviter la propagation de certaines maladies débarrassez-vous évidemment des plantes malades.
- Évitez d’appliquer une couche de feuilles non déchiquetées qui deviendrait imperméable et étoufferait votre sol.
- Certaines feuilles et aiguilles sont plus longues à décomposer et peuvent acidifier votre sol. Évitez le chêne, le noyer et les conifères par exemple.
En fait, pour faire un pas vers le jardinage écologique, nous devons repenser l’esthétisme de nos jardins. Les temps changent, les pelouses uniformément vertes et les potagers avec une terre noire nue perdent la cote. Ce qui nous apparait beau n’est pas nécessairement ce qui favorise la nature.
Lire aussi:
Une belle pelouse est-elle profitable pour la biodiversité?
Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur à l’automne?
Merci pour votre information sur le ramassage des feuilles!
Question:
est-ce que le pailli nuit à l'oxigénation du sol et devrait être enlevé à l'automne?
Merci!
Bonjour Madame Poirier,
Merci de votre intérêt pour le blogue Espace pour la vie. Voici la réponse de Francis Cardinal, notre expert et rédacteur de ce texte :
"Non, du moins, pas à l'automne. Le paillis prévient le compactage du sol sous les fortes pluies et éventuellement sous la neige. Un sol trop compact ne respire pas bien. Le paillis reste donc important même à l'automne et pendant l'hiver.
Il est recommandé de remuer légèrement les premiers 5 cm de sol si on possède un sol de nature compact, tout en gardant le paillis en place.
Au printemps, certains recommandent d'enlever le paillis pour accélérer le réchauffement du sol.
Évidemment, tout dépend de la nature de notre paillis, de l'épaisseur de la couche de paillis et de notre type de culture.
J'aurais tendance à garder (au printemps) le paillis autour des arbres, mais à en enlever un paillis épais de copeaux de bois pour mon jardin potager par exemple.
Un paillis de feuilles mortes devrait se décomposer naturellement pendant l'hiver et au printemps. On peut remuer avec le reste de la terre ce qu'il en reste. Les vers de terres feront le reste du travail, la paille peut elle aussi rester et être incorporée au printemps avec le reste du sol. Pour l'ail (de type ''music'', celle que l'on peut facilement cultiver en la plantant à l'automne), il est d'ailleurs recommandé de mettre une couche de paille pour protéger et de le garder au printemps.
Finalement, il est vrai qu'une couche épaisse de feuilles mortes peut devenir imperméable et empêcher l'oxygénation du sol. Pour cette raison, il est suggéré de broyer les feuilles et de les aérer au printemps.
Pour plus d'informations: http://www.jardineriepasero.com/espace-conseil/espace-jardinerie/le-pail... ".
En espérant que cela réponde à vos interrogations.
À bientôt,
L'équipe du blogue