- 24 Août 2022 - Insectarium : Coulisses de l'Insectarium, Éducation
Une application mobile dans un parcours muséal qui souhaite rapprocher l’humain de la nature L’idée peut sembler contradictoire. L’expérience proposée à l’Insectarium, inspirée du principe de biophilie, passe par les sens. L’utilisation des écrans, elle, est plutôt réputée pour nous déconnecter de notre environnement, voire de nous-même. Comment alors tirer le maximum du potentiel de l’outil, tout en évitant ces écueils? La stratégie adoptée nous a fait naviguer à contre-courant des réflexes habituels de la production numérique.
Discrète et rebelle
D’emblée, une règle d’or s’est imposée : rediriger continuellement l’attention du public vers le parcours réel, hors de l’écran. Cette posture inusitée commandait donc des choix peu orthodoxes.
D’abord, le contenu en lien avec la zone visitée apparaît de façon automatique et exclusive grâce à la détection Bluetooth. En plus d’assurer l’adéquation avec l’expérience à tout moment, le procédé vise à diminuer le temps et les efforts consacrés à la navigation. Bref, le minimum de clics pour accéder au contenu opportun.
Les informations présentées, de forme brève, ciblent les thèmes précis abordés dans le parcours. Elles se veulent complémentaires, évitent de répéter ce que le public peut observer, comme la couleur ou la dimension d’un insecte. Elles invitent plutôt à examiner celui-ci de plus près, nourrissent une nouvelle relation avec lui. Exit également les liens vers les réseaux sociaux ainsi que les jeux ou autres quiz qui happeraient trop longtemps le regard!
La compagne de visite virtuelle se fait donc discrète. Elle se fond le plus possible dans l’expérience sensorielle. Jusque dans l’interface visuelle qui reproduit ses repères spatiaux, sa tonalité ou son intensité lumineuse dans les zones à l’éclairage tamisé.
Simple et substantielle
Cette sobriété apparente cache pourtant une quantité considérable d’informations. Ainsi, l’appli permet d’identifier tous les insectes vivants et naturalisés rencontrés lors de la visite, soit une possibilité de 1600 espèces! Ce faisant, elle répond au souhait le plus souvent exprimé par le public : connaître le nom de ce qu’il observe.
Dans le Grand Vivarium, une fonction de reconnaissance visuelle identifie les papillons et coléoptères en liberté, simplement en prenant leur photo. Et, mieux encore, l’algorithme développé ne cessera de s’améliorer avec les nouvelles images prises lors de son utilisation.
Quelques chiffres suffisent pour rendre compte de l’ampleur des informations détaillées dans l’appli : 42 thèmes expliqués, des faits ciblés ou des anecdotes d’élevage pour les 130 insectes vedettes du parcours, 900 photos, 72 vitrines et quelque 2500 spécimens de la collection naturalisée présentés. Un travail de longue haleine qui a nécessité la collaboration de nombreuses personnes pour documenter, illustrer, photographier, rédiger, traduire, valider et finalement saisir les données.
Un effort qui se poursuit d’ailleurs, puisque depuis son lancement, l’appli a déjà vu son contenu évoluer. Celui-ci continuera de s’adapter au rythme du cycle de vie des insectes du Tête-à-tête, des spécimens récemment identifiés dans le Dôme ou des nouvelles espèces relâchées dans le Grand Vivarium.
Présumée complice
L’expérience muséale de l’Insectarium vise à transformer le regard sur les insectes et à inciter à agir pour leur préservation. À la fin de la visite, l’application mobile invite d’ailleurs le public à relever le Défi biodiversité, une initiative de science participative. En canalisant ses milliers d’identifications et ses contenus substantiels, l’appli permet de consacrer tout l’espace du parcours à l’immersion et à la rencontre sensorielle avec les insectes. Espérons qu’avec son approche non invasive et intime, elle se fasse ainsi complice de la transformation souhaitée.
Avant de visiter l’Insectarium, n’oubliez pas de télécharger l’application :