- 19 Octobre 2016 - Jardin botanique : Secrets des plantes
C’est en octobre que l’hamamélis de Virginie (Hamamelis virginiana), un arbuste indigène du sud du Québec, se couvre de délicates fleurs jaunes qui attirent toute l’attention, une fois le feuillage tombé.
Des noms « halloweenesques »
L’hamamélis de Virginie est aussi appelé witch-hazel (en anglais) ou noisetier de sorcier ou de sorcière, des noms particulièrement de circonstance pour l’Halloween. L’origine de ces noms communs reste incertaine, mais l’allusion à la sorcellerie (witch) dans l’expression anglaise vient probablement d’une déformation du vieux mot anglais wice ou wyche qui signifie « flexible », en référence aux branches souples de l’hamamélis. Ces noms pourraient également suggérer un lien avec l’utilisation médicinale de l’hamamélis ou même provenir de la déformation du mot « sourcier » puisqu’à une certaine époque, les branches d’hamamélis auraient été utilisées comme baguettes de sourcier, tout comme celles du noisetier.
Une floraison automnale pas comme les autres
Alors que certains hamamélis, comme Hamamelis mollis, H. vernalis et H. x intermedia, fleurissent très tôt au printemps ou à la fin de l’hiver, l’hamamélis de Virginie (H. virginiana) a la particularité de fleurir tard à l’automne. Il est d’ailleurs un des derniers arbustes à fleurir dans nos boisés.
Les petites fleurs jaunes, parfumées et assez discrètes, sont constituées de quatre pétales linéaires, minces et tordus. Elles évoquent, pour certaines personnes, de petites araignées dorées. Les fleurs apparaissent lorsque les feuilles prennent leur coloration automnale jaune. Dissimulées par le feuillage, elles passent souvent inaperçues. Fait remarquable, elles persistent sur l’arbre pendant plusieurs semaines, et ce, même après la chute des feuilles. C’est à ce moment que la floraison est la plus spectaculaire.
Les fleurs sont bien adaptées aux températures d’automne et résistantes au gel. Les pétales s’enroulent lorsque la température baisse puis, quand elle remonte, ils se déroulent, permettant la pollinisation par les insectes. Ceux-ci, attirés par de petites quantités de nectar sécrétées par les staminodes (étamines stériles), assurent la pollinisation croisée des fleurs par temps doux. Malheureusement, les insectes ne sont pas toujours au rendez-vous lorsqu’il fait froid, même si les fleurs d’hamamélis constituent une des rares sources de nourriture à l’automne.
Puisque la pollinisation a lieu tard dans la saison, le pollen et les ovules restent en dormance durant l’hiver et la fécondation a lieu au printemps. Les graines ne sont donc pas mûres avant l’automne suivant. Elles sont dispersées vers la fin de l’automne, durant la floraison. Lorsque la capsule contentant les graines sèche, elle se contracte et, sous la pression, les graines sont éjectées avec force jusqu’à une distance de 5 m ou même 10 m de l’arbuste! On peut entendre à ce moment un « clac » caractéristique qui accompagne l’éjection. C’est le seul arbuste d’Amérique du Nord dont les branches peuvent porter, en même temps, des bourgeons pour l’année suivante, des fleurs et des fruits mûrs.
Au Jardin botanique, on peut observer l’hamamélis de Virginie dans plusieurs jardins, dont le Jardin des plantes médicinales, le Jardin des arbustes et le Jardin japonais.