Blogue

L'incroyable mouche des neiges

L'incroyable mouche des neiges
Credit: Espace pour la vie (Michel Savard)
L'incroyable mouche des neiges
L'incroyable mouche des neiges

Rédigé le 19 novembre 2011

Chionea valga est une mouche peu ordinaire qui, d’un premier coup d’œil, ressemble à une petite araignée. Or, si on l’examine de plus près, le compte y est : une tête, un thorax, un abdomen, six pattes, longues et fortes. C’est bien un insecte!

Les mouches, on le sait, ont une seule paire d’ailes. C. valga, elle, n’en a pas. Alors pourquoi une mouche? La réponse s’observe sur son thorax où les ailes antérieures atrophiées sont encore bien visibles et d’où, de chaque côté, émergent de petites massues appelées haltères. Ces structures, acquises par les diptères (mouches et moustiques) au cours de leur évolution, sont des vestiges des ailes postérieures. Chez une mouche « ordinaire », les deux haltères servent à équilibrer le vol.  

Une espèce qui n’a pas froid aux tarses!

Certes, cet insecte ne vole pas. Toutefois, comme son nom l’indique, Chionea valga, qui signifie mouche des neiges à pattes arquées, marche et s’active sur un sol couvert de neige. En outre, c’est lors de ses promenades hivernales que cette divinité grecque de la neige (Chionea) rencontre un mâle et en profite, parfois, pour s’accoupler. Ce phénomène, rare chez les insectes, s’observe de la fin novembre à la fin mars, par temps gris et sans vent, lorsque la température extérieure atteint le point de congélation.

La biologie de C. valga et très peu documentée. On sait toutefois que cet insecte, adapté au froid, vit normalement entre la couche de neige et le sol gelé. Ce microhabitat, appelé espace subnivéen, lui procure un milieu stable où la température moyenne se situe aux alentours de -5 °C. Confinée à cet espace, C. valga y pondrait ses œufs quelque part entre la mi-décembre et la fin janvier. L’insecte serait toutefois une proie facile pour les musaraignes qui, au cours de l’hiver, occupent également cet espace restreint.  

Milieu rare et espèce fragile

À ce jour, 32 espèces appartenant au genre Chionea ont été décrites dont 18 en Amérique du Nord. Au Québec, en plus de C. valga, C. scita, la mouche des neiges des Appalaches, pourrait aussi être observée. Il semble que ces deux espèces soient étroitement liées aux forêts boréales matures caractérisées, notamment, par l’accumulation au sol d’une importante quantité de bois mort en décomposition. C’est cette couche de débris ligneux, formant un habitat particulier où les espèces de Chionea pourraient survivre et se reproduire, qui expliquerait l’abondance de ces insectes dans les forêts âgées de notre belle province. Dommage que la raréfaction de ces forêts anciennes, aujourd’hui menacées par l’action humaine, affecte du même coup la survie de ces espèces de mouches particulières qui surprennent les randonneurs et fascinent les plus curieux de nature… même en hiver!  

Inscrivez-vous aux communications Espace pour la vie pour recevoir notre infolettre mensuelle, de l'information pertinente sur les évènements de nos cinq musées, ainsi que des conseils provenant directement de nos experts.
Abonnez-vous à l'infolettre Espace pour la vie

Suivez-nous !

Abonnez-vous pour recevoir par courriel :