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L’urgence d’agir face à l’acidification des océans

Soleil sous-marin à travers la surface de l'eau vue depuis un fond rocheux.
Credit: Crédit: Damsea / Shutterstock
Underwater sun through the water surface seen from a rocky bottom.
  • Underwater sun through the water surface seen from a rocky bottom.
  • Our CO2 emissions are acidifying the oceans.
  • CO2 of volcanic origin on the island of Ischia, Italy, an open window on our future?
L’urgence d’agir face à l’acidification des océans

S’il y a bien une chose que la dernière année de pandémie nous aura apprise, c’est que nous sommes capables, tous ensemble, de prendre des mesures énergiques pour nous sortir d’une situation de crise.

On peut faire de même pour contrer la crise environnementale, c’est-à-dire la hausse préoccupante de nos émissions de gaz à effet de serre, qui inclut notamment le CO2. La quantité de CO2 atmosphérique est passée de moins de 310 ppm (parties par million) en 1950 à 405 ppm en 2017. Si rien n’est fait, on pourrait atteindre 900 ppm en 2100.

On pourrait se réjouir que les océans absorbent de 25 à 30% du CO2 émis en surplus par les activités humaines, ce qui représente 25 millions de tonnes de CO2 par jour. Sans cet effet, nous atteindrions un taux de CO2 atmosphérique de 460 ppm (au lieu de 405 ppm) et les conséquences pour le climat planétaire actuel seraient encore plus graves.

Malheureusement, l’augmentation toujours plus grande de la quantité de CO2 dissoute dans les océans représente une menace très grave pour les écosystèmes marins en provoquant leur acidification.

L’acidification des océans, l’autre problème du CO2

L’acidification des océans survient lorsque le CO2 est en contact avec les molécules d’eau. Cette réaction chimique produit entre autres de l’acide carbonique et des ions d’hydrogène H+ modifiant l’acidité de l’eau de mer : celle-ci a augmenté de 30% depuis les 100 dernières années, où le pH est passé de 8,2 à 8,1. Il ne s’agit là que du début d’une courbe qui pourrait nous mener, en 2100, à une hausse d’acidité de 170% (son pH serait alors de 7,8) avec des effets catastrophiques pour les écosystèmes marins.

Conséquences de l’acidification

Avec l’acidification de l’eau de mer, les ions hydrogène H+ sont plus nombreux dans le milieu. Ce surplus de H+ cause la baisse des ions carbonates (CO3-2 ). Or, ceux-ci sont essentiels pour de nombreux organismes marins qui, une fois associés avec les ions Ca2+ (calcium) entrent dans la composition de leur carapace, leur coquille ou leur squelette de « calcaire » (aragonite). Parmi ces animaux, notons presque tous les mollusques (moules, huîtres, palourdes, pétoncles, bigorneaux, etc.), les crustacés (crabes, homards, crevettes, krill, etc.), de nombreux échinodermes (oursins et étoiles de mer) et les coraux. La pénurie d’ions carbonates risque de produire d’abord un amincissement de la coquille ou de la carapace, puis une réduction de celle-ci. L’animal devra dépenser plus d’énergie pour sa fabrication, ce qui signifie une taille plus petite et un taux de reproduction plus faible.

On estime que les récifs de corail forment des écosystèmes qui supportent 25% des espèces marines. Le niveau d’acidité prévu pour 2100 risque de provoquer la dissolution totale des récifs de corail et la disparition des espèces qui en dépendent.

Le plancton est à la base du réseau alimentaire des océans. Cependant, une partie importante de celui-ci est menacée par l’acidification des océans. En effet, plusieurs formes planctoniques fabriquent aussi une coquille ou une carapace « calcaire » très sensible au changement d’acidité. Parmi celles-ci, on retrouve de nombreuses larves d’invertébrés marins qui doivent passer par ce stade libre pour compléter leur cycle de vie.

Quant aux poissons et aux calmars, ils devront dépenser plus d’énergie pour éviter une trop importante concentration de CO2 dans leur sang. Ils disposent donc de moins d'énergie pour leur croissance et pour leur reproduction. De plus, cet état peut mener à un affaiblissement du système immunitaire et altérer leurs sens (ouïe et odorat). Ces animaux ont besoin de carbonate de calcium pour fabriquer leurs statolithes, éléments essentiels pour leur sens de l’équilibre et pour leur orientation.

Agir pour l’avenir

La surconsommation actuelle des énergies fossiles est en train de provoquer une grave crise environnementale, et ce, à une vitesse de loin supérieure aux autres crises majeures que la Terre ait connues. D’un autre côté, nous avons aussi vu ce que la solidarité et la détermination peuvent faire pour surmonter des crises qui nous touchent. La crise environnementale qui nous menace est encore plus importante que la crise sanitaire que nous venons de traverser. Saurons-nous faire preuve de la même énergie et de la même détermination pour agir tous ensemble pour notre avenir?

Pour en savoir plus:

L’acidification des océans par Pêches et Océans Canada

Nos océans deviennent plus acides et c’est un danger. Série Plan B par la revue Le Monde

L’acidification des océans, l’autre problème du CO2. Par Lina Hansson et Sophie Martin. Nov-déc 2015

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