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La marmette et son île (2e partie)

Marmettes, pingouins et macareux aux île Sainte-Marie, Jean-François Rail, SCF
La marmette et son île (2e partie)

Dans mon précédent article, je vous présentais la marmette et son habitat favori au Québec : l’île Bonaventure. Le départ en grand nombre et quasi simultané des marmettes est un phénomène impressionnant aussi soudain que leur arrivée sur l’île. Le départ se fait à peu près au cours de la 3e semaine de juillet.

Pourquoi les marmettes sont-elles si pressées de quitter leur lieu de nidification?

À partir de ce moment, les marmettes ne sont plus visibles dans les parages de l'île Bonaventure. Durant la nuit, elles auront toutes pris la direction de la haute mer où elles sont désormais à l'abri des attaques des goélands qui sont des oiseaux côtiers.  Elles y demeureront pour les 8 à 9 prochains mois.

La haute mer, source de nourriture des poussins marmettes

Même si la marmette choisit de nicher dans les falaises pour obtenir une meilleure protection contre les prédateurs, tant terrestres qu'aviaires, ce choix oblige l'oiseau à investir beaucoup d'énergie pour venir nourrir le poussin.  Il devient ainsi important que ce dernier acquière rapidement une certaine autonomie pour se nourrir. Or, la marmette qui pond un très gros œuf (100g soit 10 % de son poids), aura un poussin déjà assez gros à la naissance.  Celui-ci pourra ainsi partir de la falaise après trois semaines environ alors qu'il ne pèse que 250 g (25 % du poids adulte).  Le poussin quitte alors les côtes pour le large accompagné du mâle et peut même commencer à pêcher par lui-même.  Il complétera sa croissance au cours des deux mois suivants.

D’excellents pêcheurs

La technique de pêche adoptée par la marmette est celle de la poursuite sous-marine.  Le Guillemot marmette est un excellent nageur qui utilise ses ailes pour se propulser sous l'eau (à l'image du manchot qui nage à la poursuite de ses proies).  La direction est assurée par les pattes palmées qu'il porte très loin, vers l'arrière du corps, et qui servent de gouvernail. Il éprouve, d'ailleurs, certaines difficultés à se déplacer au sol, car pour garder l'équilibre sur ses pattes, il doit adopter une posture dressée (encore une fois, on voit ici la ressemblance avec la posture des manchots). Les ailes doivent être assez courtes pour pouvoir être utilisées sous l'eau, mais pas trop non plus, car la marmette (comme les autres pingouins) vole.  Toutefois, le vol, avec des ailes aussi courtes, est très difficile.  Les envols nécessitent de longues courses sur l'eau et les battements d'ailes sont très rapides. Alors, si au cours de l’été, vous allez à l'île Bonaventure et qu'au travers des dizaines de milliers d'oiseaux de mer, vous ne voyez pas cette foule nombreuse d'oiseaux noirs et blancs et que les terrasses des falaises vous semblent étrangement inoccupées, sachez que les marmettes et leurs poussins ont déjà quitté les abords dangereux de la côte pour aller rejoindre la sécurité de la haute mer. 

Dans la collection subarctique du Biodôme (Côte du Labrador), vous pourrez observer le Guillemot marmette (Uria aalge) ainsi que deux autres alcidés : le macareux (Fratercula arctica) et le petit pingouin (Alca torda). Ce dernier est également présent dans l’écosystème du Golfe du Saint-Laurent avec le Guillemot à miroir (Cepphus grille)Pour plus de renseignements sur le sujet.

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1 Commentaire(s)
Portrait de Dolores Gionet
Dolores Gionet

Présentation très intéressnteet instructive, ça donne le goût d'aller visiter l'Ile Bonavanture en cette période de l'année.
Bravo!!!

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