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La règle des 15 pas revisitée

Mégachile commune
Credit: Marcello Consolo
Leafcutter bee
  • Leafcutter bee
  • Hosta adorned with a spider’s web
  • Close-up view of a spider’s web after the rain
  • Rosebush used by leafcutters
  • Yarrow, a natural beauty aid on a lawn
La règle des 15 pas revisitée

La règle des 15 pas a été imaginée en 2018 par Larry Hodgson, le Jardinier paresseux. Cette philosophie de jardinage encourage à intervenir seulement lorsque c’est nécessaire, même en cas d’infestation. Pour cela, il suffit de reculer de 15 pas pour évaluer la situation. Si, à cette distance, vous ne voyez plus les dommages, il est probablement inutile d’intervenir.

J’apporterai quelques nuances à cette règle et j’oserai la bonifier pour aborder la biodiversité en introduisant le concept de taxe nature.

Moins de travail, plus de biodiversité

Pour le Jardinier paresseux, intervenir inutilement était une perte de temps ou du gaspillage de ressources. On comprend que nos interventions dans un jardin (pour protéger une plante) peuvent nuire à la vie qui l’entoure surtout si l’on décide d’appliquer des pesticides ou d’arracher systématiquement. Mais les dégâts que vous avez remarqués sont probablement les traces laissées par une forme de vie qui fait partie de la biodiversité.  

Maintenant, rapprochez-vous de 15 pas

Voici où j’aimerais apporter une nuance. Après avoir reculé de 15 pas et avoir décidé de ne pas intervenir, rapprochez-vous de nouveau et observez attentivement. Menez une petite enquête pour découvrir la cause des dégâts. Une fois que vous aurez trouvé le ou la coupable, votre opinion pourrait changer.

Deux exemples pour illustrer cette idée

Les ronds presque parfaits dans vos feuilles de rosier sont l’œuvre des abeilles du genre Megachile. En effet, la femelle emmaillote son œuf avec une dose de nectar et de pollen en guise de nid pour sa progéniture. De loin, la floraison demeure spectaculaire, mais de près, les cercles découpés témoignent de la présence de cet insecte indigène.

En prenant 15 pas de recul, on ne voit plus les fourmis qui patrouillent sur les boutons floraux des pivoines, qui fleuriront d’ici quelques jours. En s’approchant et en s’intéressant au phénomène, on apprend que les fourmis lèchent le nectar qui s’échappe des boutons floraux et protège la plante en échange.

Il existe de nombreux autres visiteurs utiles qui ne demandent qu’à être connus, tolérés, et appréciés. Pensons à la plupart des guêpes et des araignées qui sont généralement inoffensives et aident à contrôler d’autres insectes ou même aux millipèdes qui recyclent les végétaux.

Le concept de taxe nature

Si nous souhaitons faire une plus grande place à la nature dans nos milieux de vie, nous devrons accepter de les partager. Ce partage implique que certains organismes profitent de nos espaces verts pour y vivre et se nourrir. Parfois, cela peut être bénéfique, parfois non. Si l’on accepte davantage l’imperfection en cultivant la tolérance, la nature en profitera davantage. C’est ce que j’appelle la taxe nature, un prélèvement par les habitants de notre jardin qui leur permet d’assurer leur survie.

Évidemment, certains ravageurs sont plus nuisibles que d’autres et entraînent des dégâts importants. Sans vous suggérer de fermer les yeux sur ces désagréments, je vous invite à diversifier au maximum votre jardin. Ainsi, en ne mettant pas tous vos œufs dans le même panier, le risque de perdre gros est réduit.

Cultivez un milieu diversifié

En offrant un milieu de vie diversifié aux insectes et autres arthropodes, vous augmentez les chances qu’ils vous rendent des services.

Prenez 15 pas de recul, et si le problème ne nécessite pas d’intervention, abstenez-vous. Ensuite, rapprochez-vous et essayez de comprendre les interrelations en jeu. Le coupable n’est peut-être pas nuisible ou mieux, un prédateur est peut-être déjà au travail.

Dans tous les cas, votre jardin contribue à soutenir la biodiversité pour mille et une raisons. Tolérer quelques imperfections peut être plus facile à faire en comprenant que vous avez simplement payé une taxe nature. En apprenant à reconnaître les colocataires de notre jardin, il est possible de les apprécier. Ceci est l’étape cruciale pour les protéger.

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