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La sauvegarde des pollinisateurs : un enjeu nord-américain

Agapostemon virescens
Credit: Insectarium de Montréal (André Sarrazin)
Agapostemon virescens
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La sauvegarde des pollinisateurs : un enjeu nord-américain

En février dernier, à Oaxaca au Mexique, la Commission de coopération environnementale a tenu son premier atelier sur la sauvegarde des pollinisateurs. Cet organisme, créé par l’ALENA, traite d’enjeux environnementaux communs au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Cette rencontre entre des intervenants des trois pays a permis de constater à quel point l’enjeu du déclin des pollinisateurs est omniprésent dans les paysages anthropisés1, et qu’il n’y aura pas de solution facile à ce problème aux multiples facettes.

La surmortalité chez les colonies d’abeilles domestiques et la crise de biodiversité des pollinisateurs indigènes, deux problématiques distinctes

Lorsqu’on entend parler des pollinisateurs dans les médias, c’est la plupart du temps de l’abeille domestique dont il est question. Depuis une quinzaine d’années en Europe, puis aux États-Unis et au Canada, on rapporte des mortalités de masse à des niveaux rarement vus auparavant. Le Québec n’échappe pas à cette réalité, où, bon an mal an, les apiculteurs perdent en moyenne plus de 20% de leurs ruches, principalement au cours de l’hiver. Les causes sont multiples, dont plusieurs sont en lien avec la réalité d’une espèce domestique : gestion des pathogènes, famine, régie apicole, utilisation dans des systèmes où sont appliqués de nombreux pesticides, location et transport des ruches sur de grandes distances…

Les pollinisateurs indigènes, quant à eux, subissent de multiples menaces dans leur milieu naturel, incluant les impacts des changements climatiques, la destruction d’habitat, la dérive de pesticides2 et la transmission de pathogènes. La compétition pour les ressources avec l’abeille domestique peut aussi avoir un impact sur leur communauté. Lorsque la densité de ruches d’abeilles domestiques est élevée par rapport à la disponibilité des ressources, l’efficacité de celle-ci fait en sorte que la ressource devient rapidement limitée pour les espèces indigènes qui peuvent alors disparaître du milieu.

À chacun son rôle

La grande qualité de l’abeille domestique, hormis la production de miel, bien sûr, est sa grande capacité de déplacement. On estime qu’une ouvrière peut exploiter des ressources à une distance de plus de 3 km de la ruche. Cette grande mobilité est cruciale lorsqu’il s’agit d’assurer la pollinisation de grandes monocultures, surtout lorsqu’on sait que la plupart des pollinisateurs indigènes, exception faite des bourdons, se déplacent rarement à des distances de plus de 200 m de leur nid. Les pollinisateurs indigènes, eux, sont reconnus pour leur grande efficacité de pollinisation. Une étude portant sur 41 agrosystèmes à travers le monde a montré que le succès de pollinisation était presque toujours plus élevé avec l’intervention de pollinisateurs indigènes. Cependant, on a aussi démontré que l’action de l’abeille domestique et des pollinisateurs indigènes avaient un impact additif. Leurs actions peuvent donc être complémentaires.

Ainsi, à chacun son rôle. Les abeilles domestiques sont essentielles dans nos paysages agricoles, mais peuvent infliger une pression supplémentaire sur les pollinisateurs indigènes lorsqu’utilisées dans des paysages moins anthropisés, ou aux ressources moins abondantes. Une attention doit toujours être portée à la densité des ruchers, car une densité excessive aura des conséquences négatives tant sur les communautés de pollinisateurs indigènes que sur les ruchers eux-mêmes.

1Paysage anthropisé : paysage qui s’éloigne de sa naturalité suite à l’action de l’homme.
2Dérive des pesticides: ensemble de processus, comme le vent, faisant en sorte qu’une portion d’un pesticide n’atteint pas les plantes et se perd dans l’environnement.

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