- 5 Mai 2016 - Planétarium : Actualités astronomiques
Le 9 mai 2016, la petite planète Mercure passera devant le Soleil. Pendant plus de sept heures, la minuscule silhouette ronde de Mercure se profilera devant notre étoile, provoquant en quelque sorte une « mini-éclipse partielle » du Soleil, imperceptible si on ne l’observe pas au télescope.
Visuellement peu spectaculaire, ce phénomène demeure remarquable lorsqu’on considère que nos connaissances de la mécanique céleste nous permettent de le prédire à la seconde près! L’observation du passage d’une planète nous replonge aussi dans une époque importante de l’histoire des sciences.
Un événement rare
Parce qu’elles circulent plus près du Soleil que la Terre, Mercure et Vénus sont les seules planètes susceptibles de passer devant notre étoile. Mercure, par exemple, ne met que 88 jours à compléter son orbite; à tous les 116 jours en moyenne, elle rattrape la Terre et se retrouve à peu près entre nous et le Soleil – une position appelée conjonction inférieure.
Puisque la Terre et Mercure n’orbitent pas exactement dans le même plan, la conjonction inférieure de Mercure ne se traduit pas automatiquement en passage devant le Soleil. L’alignement n’est favorable que lorsque la conjonction inférieure a lieu autour du 8 mai ou du 10 novembre, ce qui limite considérablement le nombre de passages de Mercure : on en compte seulement 13 ou 14 par siècle. Les passages de Vénus, eux, sont encore plus rares!
Un autre facteur, géographique celui-là, contribue à la rareté des passages observés depuis un endroit donné. En effet, il faut se trouver « du bon côté » de la Terre, celui qui fait face au Soleil, pour voir le phénomène lorsqu’il se produit. Dans bien des cas, notre observation d’un passage en cours devra attendre que le Soleil se lève, ou sera interrompue par son coucher. Le passage de Mercure du 9 mai 2016 sera observable du début à la fin au Québec, une première depuis celui du 7 novembre 1960!
Un rendez-vous avec l’Histoire
Au 17e siècle, les lois de Kepler permettaient d’établir la distance de chacune des planètes du système solaire en proportion de la distance Terre-Soleil, qu’on appelle encore aujourd’hui unité astronomique. Mais quelle était la valeur absolue de cette distance?
Connaissant la taille de notre planète, l’observation d’un passage depuis des endroits géographiquement éloignés devait permettre de transposer les distances mesurées sur Terre en distances réelles dans l’espace. Un simple jeu de trigonométrie, mais qui exigeait des prises de mesures particulièrement minutieuses.
Les passages de Mercure se sont toutefois révélés inutilisables, à cause de la petite taille de la planète. On a donc tout misé sur les rarissimes passages de la planète Vénus, plus proche de la Terre et bien plus grosse que Mercure. Des expéditions épiques ont été envoyées aux quatre coins du globe afin d’observer les passages de Vénus en 1761, 1769, 1874 et 1882.
Ces efforts ont permis de chiffrer la distance Terre-Soleil à environ 150 millions de kilomètres. La base était jetée pour connaître la taille réelle du Soleil et des planètes, et aussi construire peu à peu l’échelle des distances dans l’Univers, en commençant par les étoiles les plus proches.
Pour en savoir plus
- Notre dossier complet sur le passage de Mercure du 9 mai 2016.
- Pas de risque à prendre : observer le Soleil en toute sécurité.
- Une invitation : venez observer le passage de Mercure au Planétarium.