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Le crapaud d’Amérique, un beau résident du Québec

Le crapaud d'Amérique
Credit: Espace pour la vie/Linda Paetow
Le crapaud d'Amérique
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Le crapaud d’Amérique, un beau résident du Québec

La douce mélodie des anoures

Le chant des oiseaux annonce allègrement l’arrivée du printemps, mais ce sont ceux des anoures que je préfère écouter. Au Québec, certaines espèces, telles la grenouille des bois (Lithobates sylvaticus), la rainette crucifère (Pseudacris crucifer) et la rainette faux-grillon (Pseudacris triseriata) débutent leurs chants lorsque les derniers flocons de neige fondent (Desroches et Rodrigue, 2004). Ces espèces robustes tolèrent des températures sous zéro grâce à des mécanismes physiologiques qui évitent la formation de glace dans leurs cellules pendant la saison froide. La chorale effrénée de ces grenouilles dure seulement quelques jours, mais leur progéniture profite d’une longueur d’avance sur la vie.

Quant aux crapauds d’Amérique mâles, ils attendent les jours plus chauds, de fin avril à début mai, avant de remplir les nuits de leurs longs et doux trilles. Ils chantent différentes notes, comme un ensemble bien harmonisé, afin que la voix distincte de chaque individu puisse être repérée par les femelles. D’autres, comme la rainette versicolore (Hyla versicolor), reportent leurs festivals musicaux au mois de mai. Finalement, nous pouvons dire que la grenouille verte (Lithobates clamitans) et le ouaouaron (Lithobates catesbeianus) annoncent l’arrivée de l’été.

En juillet, l’intensité des rituels d’accouplements des derniers anoures diminue, et pour moi, la meilleure partie de l’année est déjà terminée. En septembre, à part le pépiement occasionnel d’une rainette perchée dans un arbre ou le rare croasse d’une grenouille verte qui me semble confuse, les amphibiens deviennent silencieux.

Selon moi, les 11 espèces d’anoures présentes au Québec sont spéciales. Pour les connaître et écouter leurs chants, visitez la page web de l’Atlas des Amphibiens et Reptiles du Québec (AARQ). Étant familière avec leur biologie, j’adore observer leurs habitats naturels et tenter de deviner les espèces qui s’y trouvent. Chacune a son propre chant de sorte que la meilleure façon de réaliser un inventaire des espèces est de les écouter au bon moment. En fait, c’est une stratégie que vous pouvez employer pour aider l’AARQ à évaluer la santé des populations d’amphibiens locales! Vous n'aurez qu’à partager vos observations pour contribuer à cette base de données. C’est une excellente activité à faire en famille ou avec vos amis!

Les crapauds du Biodôme

En prodiguant les soins à deux crapauds d’Amérique résidents du Biodôme de Montréal, j’ai profité d’un moment pour les photographier et j’ai été saisie par leur beauté! Bien que la beauté soit subjective, j’ai ressenti le besoin de partager les photos dans ce blogue afin que vous puissiez en juger par vous-même.

Nos crapauds – un mâle et une femelle – habitent dans un vivarium rempli de mousse de sphaigne, de plantes et de morceaux de bois sous lesquels ils peuvent se cacher ou sur lesquels ils peuvent se prélasser. En été, nous transférons la responsabilité de leurs soins aux enfants qui fréquentent notre camp d’été afin d’expliquer ce que sont les besoins particuliers des amphibiens et leur faire connaître le rôle essentiel qu’ils jouent dans la nature. Nous espérons promouvoir chez eux un désir de les protéger, ainsi que les écosystèmes qu’ils habitent. On rapporte que 48% des espèces animales subissent des déclins de populations, causés entre autres par la destruction de leurs habitats et les changements climatiques. Les amphibiens souffrent également de ces contrecoups (63% de leurs espèces sont en déclin). En protégeant leurs habitats, nous protégeons aussi les autres espèces qui y habitent, de sorte que la cause est importante et noble.

Le bien-être animal est extrêmement important au Biodôme de Montréal. Pour nous assurer que nos crapauds soient stimulés et actifs, nous les changeons occasionnellement de paysage. Nous pouvons, par exemple, les placer dans un bassin d’eau stagnante où ils peuvent relaxer dans l’eau ou se prélasser sous des lampes UV chauffantes. Autrement, nous pouvons les transférer dans un bassin plus profond pour qu’ils puissent nager dans un doux courant produit par une pompe ou se détendre sur une roche. Nous leur offrons des grillons et chenilles saupoudrés de calcium et de vitamines, et occasionnellement des vers de terre. Notre vétérinaire s’assure qu’ils maintiennent un poids santé et qu’ils soient en forme.

Les crapauds d’Amérique, selon Desroches et Rodrigue (2004)

Les crapauds d’Amérique sont communs au Québec et à travers le Canada ainsi qu’à l’est des États-Unis. Une variété d’habitats sert de lieux de reproduction, incluant les étangs peu profonds, les bords de rivières, les baies, les ruisseaux et les fossés. En été et à l’automne, ils sont fréquemment rencontrés en forêt ou dans les friches, tourbières, carrières et jardins urbains. En hiver, ils se cachent dans le sol, assez profondément pour ne pas subir les effets du gel.

À maturité, les femelles sont plus larges que les mâles. Ces derniers développent des excroissances cornées sur les pattes avant pour les aider à s’agripper au dos des femelles. Bien positionné, le mâle attend la ponte des œufs d’une femelle dans l’eau afin qu’il puisse les fertiliser extérieurement. Leurs têtards noir foncé ont de grosses têtes rondes et des queues longues et minces. Environ 50 à 65 jours après l’éclosion, les larves se métamorphosent en de mini crapauds qui font la taille d’un cinq sous.

La peau des crapauds d’Amérique est rugueuse, mais contrairement aux fausses croyances, les bosses ne sont pas des verrues. L'épaisseur de leur peau sert à réduire la perte d’eau corporelle. Cela fait en sorte que ces anoures peuvent habiter dans des endroits plus secs que d’autres amphibiens. Ces crapauds, qui ne sautent ni loin ni vite, possèdent des mécanismes pour éviter la prédation. Premièrement, les tons variés de leur peau offrent un excellent camouflage dans presque n’importe quel environnement. Ils peuvent aussi se gonfler afin de paraître trop gros pour être mangés ou pour affronter un prédateur. Et finalement, deux glandes parotoïdes, situées derrière les yeux, sécrètent une substance toxique qui dissuade les prédateurs qui voudraient les manger. Les humains, eux, sont souvent désenchantés par le « pipi » qu’un crapaud produit dans leur main. Il s’agit en fait de l’eau que l’animal aura absorbée à travers une mince couche de peau entourant le cloaque.

La meilleure stratégie des crapauds pour maintenir des populations stables pourrait être le nombre élevé d'œufs pondus. Chaque femelle en pond entre 2 000 à 20 000 en deux longs chapelets. Avec ce chiffre, assurément, quelques individus atteindront l’âge de reproduction!

Ce qui m'impressionne le plus chez les crapauds, et chez plusieurs autres amphibiens, est la couleur métallique de leurs yeux. Je n’ai pas encore trouvé comment leurs yeux peuvent être ainsi, mais pour moi, ils sont plus magnifiques que l’or!

Références :

  • Desroches, J.-F., Rodrigue, D., 2004. Amphibiens et reptiles du Québec et des Maritimes. Éditions Michel Quintin, Waterloo (Québec), Canada, 288 p.
  • Finn, C., Grattarola, F., Pincheira-Donoso, D. (2023). More losers than winners: investigating Anthropocene defaunation through the diversity of population trends. Biological Reviews. doi.org/10.1111/brv.12974.

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