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Le végétal au cœur de la scénographie

Animateur en action devant le mur végétal de l’exposition Jardin de l’étrange.
Credit: Espace pour la vie/Mathieu Rivard
Animator in action in front of the green wall of the Garden of Oddness exhibition.
  • Animator in action in front of the green wall of the Garden of Oddness exhibition.
  • Assembly of vegetated boxes in a greenhouse.
  • Building the wall.
  • Continuation of the wall construction.
  • Insertion of the vegetated caissons.
  • Scenic painting of the wall and assembly.
  • The green wall is installed and the exhibition is finalized, it only remains to wait for the visitors.
Le végétal au cœur de la scénographie

Interpeller l’œil pour contrer la cécité botanique

Si on pose la question « Que voyez-vous? » à une grande partie de la population face à l’image d’un koala dans un eucalyptus, la réponse de la majorité sera « un koala! » ou à la limite « un koala dans un arbre! »  Peu de gens auront le réflexe de mentionner le végétal. C’est ce que certains botanistes dans les années 90 ont appelé plant blindness ou cécité botanique. Puisqu’ils sont immobiles ou de couleurs similaires, les végétaux interpellent peu le regard humain qui a évolué pour détecter le mouvement, plus menaçant.

Au Jardin botanique, à travers nos expositions et nos interventions scénographiques, nous désirons renverser ou changer ce paradigme en tentant de surprendre, d’émerveiller et de piquer la curiosité pour que cet aveuglement végétal devienne une découverte. Les grands thèmes du beau, du laid, de l’étrange, de l’étonnant, du rarissime, de l’enivrant ou du puant servent de véhicules pour nombre de mises en scène. Lorsqu’il est question de plantes étranges et que l’on met aux premières loges nos vedettes insectivores, nos visiteurs et visiteuses sont à mille lieues de fermer les yeux sur le végétal!

Quel immense privilège que de travailler avec le vivant! Au Jardin, nous bénéficions de la crème des végétaux et travaillons avec le gratin des spécialistes horticoles. Ceci invite à pousser les concepts et la scénographie encore plus loin. Nous avons accès à une certaine diversité, ce qui nous permet d’autant plus d’excentricités.

Une valse avec l’équipe horticole

Il est impossible de modeler, d’assembler ou de mettre en scène le végétal comme on le fait avec d’autres matières, des objets inertes ou des artéfacts. Patience, souplesse, humilité et créativité sont des alliées lorsque le vivant est partie intégrante de l’histoire ou encore qu’il est le sujet principal. Il nous est arrivé de vivre des moments de suspense et de faire quelques prouesses de gymnastique créative menant parfois à des plans de remplacement juste avant une inauguration. Surtout lorsque certains végétaux auxquels nous avions prévu donner une place de choix dans l'exposition, proviennent d'outre-mer et restent coincés au port ou ne survivent pas aux chocs causés lors du transport.

Les expositions impliquant un travail avec le végétal dictent une méthodologie particulière. Nos expositions se construisent petit à petit. Il faut étudier les espaces en échangeant avec les équipes d’horticulture, analyser les listes de plantes vedettes potentielles, visiter les serres de production et marcher sur le terrain pour monter nos expositions. Dès l’aube de nos projets, nous devons sélectionner des végétaux et souvent nous imaginer leurs effets à partir des photographies et figurer leur déploiement au jour 1 de l’exposition. Les idées brutes de thèmes s’affinent par un travail main dans la main avec le personnel horticole du Jardin.

Le végétal en vedette

Parois verticales, structures surdimensionnées, inclinées, courbées, ondulées ou coniques, assises circulaires, demi-sphères, etc. Tout cela a été monté au fil des ans pour nos expositions extérieures et intérieures. J’ai dû créer plusieurs systèmes adaptés au végétal exposé. On ne présente pas de la même façon un ananas géant entouré d’un tapis de mousse ou un mur accueillant des succulentes ! 

Qui dit végétaux, dit aussi présence d’arrosage ou d'irrigation. Tout matériel d’exposition fragile ou sensible à l’humidité est donc à proscrire. Par ailleurs, lorsqu’on travaille avec des plantes en pots, il faut également penser nos installations pour que le pot passe inaperçu, de même que les dispositifs d’irrigation. Nous sommes très loin de la salle d’exposition de type classique et je m’en réjouis!

Une infinité de palettes végétales

Nous œuvrons pour que les plantes soient toujours maîtres des lieux et fassent partie intégrante de l’univers dans lequel le concept s’inscrit. La scénographie met en lumière le vivant; elle est complémentaire et soutient le propos. À titre de conceptrice artistique, je dois déterminer quand, où et comment intervenir pour mettre nos vedettes sous les feux de la rampe. Les végétaux font tantôt partie d’une architecture inusitée, tantôt ils sont le point de départ d’un univers immersif où le sujet est exposé sur un piédestal tel un bijou ou un artéfact de grande valeur.

Le monde végétal est si riche! Il est quasi inépuisable au niveau de la déclinaison de thèmes et d’idées et offre une palette inouïe de textures, de couleurs et de motifs.  D’une exposition à l’autre, les options sont multiples et nous permettent de créer une pléiade d’atmosphères.

La prochaine fois que vous aurez l’occasion d’être au cœur d’une exposition ou d’une mise en scène issue de collections vivantes, je vous invite à porter attention à votre état d’esprit et, au sortir du lieu, à simplement constater la façon dont votre regard se dépose sur la nature qui vous entoure.

Ne manquez pas l'exposition Jardin de l’étrange
qui sera présentée du 22 février au 30 avril au Jardin botanique.

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