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Les champs d’algues : Jardins ou prairies marines ?

Saccharina latissima
Credit: Bjoertvedt
Saccharina latissima
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Les champs d’algues : Jardins ou prairies marines ?

Wakamé, nori, kombu, aramé, hijiki, mots venus du pays du Soleil-Levant où la consommation des algues fait partie du quotidien. Au Japon, mais aussi en Corée et en Chine, les algues sont servies comme légumes d’accompagnement, en salade, comme condiment, dans les soupes  et aussi pour rouler les fameux makis-sushis. C’est d’ailleurs la popularité des restaurants de sushis qui nous a permis de découvrir les nombreuses possibilités alimentaires des algues.

Les habitants des régions celtiques et scandinaves ont aussi inclus certaines algues, comme la dulse (Palmaria palmata) et la mousse d’Irlande (Chondrus crispus) dans leur alimentation, contribuant ainsi à enrichir l’éventail phycogastronomique mondial. Cette tradition a d’ailleurs traversé l’océan avec l’immigration irlandaise et s’est implantée localement dans les provinces de l’Atlantique.

Macroalgues, microalgues et phytoplancton

Qu’est-ce qu’une algue ? Pour la majorité des gens, toute plante aquatique est une « algue ». C’est une erreur ! Plusieurs plantes à fleurs se sont adaptées à la vie aquatique, voire aux habitats marins (comme la zostère et la salicorne). Or les algues ne possèdent ni fleurs, ni racines, ni même de véritables feuilles. De plus, de nombreuses algues sont unicellulaires (microalgues) et plusieurs espèces appartiennent au monde du plancton, base essentielle des écosystèmes océaniques.

Les macroalgues (ou algues en langage courant) quant à elles sont beaucoup plus grandes.  On trouve d’immenses forêts de kelps géants (Macrocystis pyrifera) qui font plus de 60 mètres de long, sur le littoral ouest des Amériques. Les forêts d’algues de la côte atlantique sont plus modestes, les laminaires ne dépassant généralement pas 2 ou 3 mètres de long.

Algues et littoral rocheux

Le littoral rocheux est le royaume des algues. La raison en est bien simple : le littoral est un milieu très riche et le brassage constant de ses eaux par les vagues et les marées permet la circulation abondante d’éléments nutritifs. Par contre, cette agitation oblige tout organisme y vivant à se fixer solidement. Les algues ne possèdent pas de racines qui leur permettraient de se fixer dans les sédiments meubles comme la vase ou le sable. Cependant, elles possèdent des crampons qui collent littéralement aux rochers côtiers.

Les algues sont  des plantes.  Elles ne peuvent donc pas s’installer dans les grandes profondeurs, là où la lumière ne pénètre pas suffisamment pour permettre la photosynthèse. C’est ce qui définit la limite inférieure du littoral. Dans le golfe du Saint-Laurent, les algues ne s’implantent pas à une profondeur de plus de 20 mètres. Au-delà c’est le royaume des anémones et autres animaux filtreurs.

Les champs d’algues : plus qu’un jardin, un écosystème !

Les forêts d’algues forment ainsi de véritables écosystèmes qui jouent un rôle très important dans les océans. De nombreuses espèces y trouvent refuge et nourriture. Certains chercheurs affirment même que les champs d’algues pourraient contribuer à la séquestration du carbone.

Comme tous les végétaux, les algues transforment le CO² en oxygène, en incorporant le carbone à leurs cellules. Ce faisant, elles limitent l’acidification des eaux côtières et participent à leur oxygénation. Il est ainsi très avantageux d’associer la culture d’algues à celle des moules, les algues captant in situ le carbone libéré par les mollusques. En effet, en se dissolvant le CO² rend l'eau plus acide et nuit à la fabrication des coquilles de ces bivalves.

En plus du carbone, les algues peuvent intégrer à leurs protéines les nitrates et les phosphates relâchés par les animaux. C’est ce principe que veut utiliser Nathalie-R. Le François, Ph. D., chercheure au Biodôme afin de nettoyer les bassins du Golfe du Saint-Laurent au Biodôme.

De plus, cet ajout vivant permettrait de souligner le rôle essentiel des algues sur le littoral rocheux et dans l’océan.

Pour en savoir plus

  • Les Algues de A à Z. Carole Dougoud Chavannes. Jouvence éditions 2013
  • Plantes sauvages du bord de mer. Fleurbec 1985
  • Algues et faune du littoral du Saint-Laurent maritime. Robert Rossignol et Anne Rossignol. Institut des sciences de la mer de Rimouski et Pêches et Océans Canada. 2003
  • Algues marines. Propriétés, usages, recettes. Ole G. Mouritsen. Delachaux et Niestlé, Paris, 2015 traduit du danois (2009)
  • http://seaweed.ie
  • Can Seaweed Farming Play a Role in Climate Change Mitigation and Adaptation? (Duarte et al. 2017)
    http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/fmars.2017.00100/full

 

Lire aussi:

Les retombées insoupçonnées de la culture de macroalgues au Biodôme

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