- 25 Août 2021 - Biosphère
Le 10 juin 2021, j’étais muni de petites lunettes en carton pour observer l’éclipse de Soleil. Installé devant la Biosphère, j’ai été doublement ÉBLOUI! C’était pourtant à l’aurore. Tout nouveau dans la famille d’Espace pour la vie, j’ai réalisé qu’en cette fin de printemps, il y avait plus qu’un seul alignement des astres dans le ciel de Montréal. Avant de poursuivre votre lecture, sachez que mes rétines n’ont pas été affectées.
S’émerveiller et se mobiliser
Devant le spectacle astronomique, j’ai constaté que nous étions bien petits sur une planète fragile. Rien de nouveau pour vous, lecteurs de ce blogue, mais ce que j’ai réalisé ce matin d’éclipse, c’est que les lunettes offertes par le Planétarium Rio Tinto Alcan ressemblaient drôlement à celles que la Biosphère fournit aux visiteur.euse.s. Ces lunettes biosphériennes ne protègent pas des rayons infrarouges ou ultraviolets; elles permettent de voir le monde comme un endroit précieux devant lequel il ne faut jamais cesser de s’émerveiller. Cette vision doit accompagner l’humain pour mieux vivre la nature.
10 juin 2021: un petit matin communautaire à Montréal.
Crédit : Nicolas Doucet
C’est sous l’angle des sciences environnementales - un ensemble de disciplines qui regroupent autant les sciences appliquées que les sciences sociales - que la Biosphère approche les défis de l'anthropocène. En parallèle, c’est l’inventivité humaine et la créativité qui sous-tend toutes les activités du musée.
Les lunettes que j’imagine porter à la Biosphère ne sont pas faites de carton. Elles ressemblent à celles de Richard Buckminster Fuller; de petites lunettes sévères (mais funky) des années 1960; des lunettes qui changent notre regard sur les limites planétaires; des lunettes qui permettent une nouvelle alliance avec la nature. Fuller est le concepteur du dôme géodésique qui enveloppe le musée et un précurseur de la pensée environnementale contemporaine.
Richard Buckminster Fuller en tournée, vers 1972.
Crédit : Dan Lindsay
L’esprit du lieu
Le bâtiment est un monument en hommage à la créativité humaine au service d’un avenir meilleur. Heureux hasard, c’est aussi une des icônes architecturales les plus reconnaissables de Montréal.
Si Fuller s’intéressait à la manière de gérer équitablement les ressources limitées de la planète, c’est la société qui était son point de mire. Il considérait que la spécialisation était l’ennemie de la “synergétique” - un système de pensée holistique de son cru. Pour y faire face, il suggérait l’adoption d’un nouveau paradigme culturel basé sur le développement de la curiosité et d’un esprit généraliste.
C’était visionnaire après la Seconde Guerre mondiale, mais on sait aujourd’hui que c’est par une approche multidisciplinaire que l’on peut réfléchir et bâtir le monde de demain. L’inventeur autodidacte disait que la meilleure façon de prédire l'avenir était de le façonner. Moi, j’embarque!
Regarder vers le futur… depuis plus de 25 ans!
La Biosphère est à l’image de Fuller. Un demi-siècle plus tard, ce dôme est encore très moderne. Aucun musée du monde ne lui ressemble et gare aux imitations! Depuis 1995, il démontre à quel point l’humain et la nature font partie d’un même tout. Sa programmation favorise une prise de conscience des défis et des solutions face au changement global.
Dès sa conception, Fuller voyait le lieu comme un endroit où il serait possible de réfléchir à notre avenir dans l’Univers. À l’instar d’un télescope permettant d’observer les corps célestes, il avait imaginé une sorte d’observatoire du Vaisseau spatial Terre qui aurait comme objectif d’améliorer nos connaissances sur les dynamiques sociales et écosystémiques - toutes deux complètement interreliées.
Riche d’un patrimoine immatériel unique - un quart de siècle d’éducation relative à l’environnement - la collection vivante du musée, ce sont les visiteur.euse.s avec qui une solide tradition de dialogue a été établie. Et c’est du dialogue que découlent la réflexion, l’engagement et... l’action!
J’étais bien accompagné en ce matin d'éclipse, mais si j'avais observé le tout avec un enfant, je lui aurais expliqué où l'on était. C’est Fuller qui disait que la chose la plus importante à enseigner à un enfant est que le Soleil ne se lève et ne se couche pas; que c’est la Terre qui tourne autour de lui (...). Que le reste suivra.
Bonjour. Au sujet du soleil qui se couche... la terre tourne autour du soleil mais aussi et surtout elle tourne sur elle-même, n'est-ce pas?