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Terre de Chine : la fabuleuse aventure d’une exposition permanente

Au marché d'Abang
Credit: Gilles Sabrié
Au marché d'Abang
  • Au marché d'Abang
  • Zhou Lifu dans la bananeraie familiale (Abang)
  • Traitement des bananiers (Abang)
  • Rizières en terrasse (Yuanyang)
  • Au mariage d'Abang (Zhou Lifu, Sophie Malouin et Émilie Cadieux)
  • Le patriarche et cultivateur de thé, M. Chen, accompagné de sa femme (Honghe)
  • M. Chen et ses réserves de maïs qui serviront à produire du baijiu
  • Photo de l’exposition au Jardin de Chine
Terre de Chine : la fabuleuse aventure d’une exposition permanente

Montréal à Shanghai, Shanghai à Kunming, Kunming à Abang. En novembre dernier, quand la voiture m’a débarquée le long de la route poussiéreuse du petit village du fleuve Rouge, j’étais à plus d’une trentaine d’heures de voyagement de la maison. Moi qui connais bien la Chine, jamais je ne m’étais aventurée si loin de mes repères habituels, en campagne profonde, chez le paysan, qui cultive la banane de surcroît. M’attendant depuis le petit matin, Zhou Lifu était au rendez-vous, le sourire lui mangeant la moitié du visage. Il m’accueillit comme une vieille amie, alors qu’il ne m’avait jamais vue et m’entraîna d’un pas sûr dans les ruelles menant à sa maison, où un festin m’attendait. Tous les membres de son clan – même le cochon - se levèrent d’un bond en me voyant débarquer avec ma trop grosse valise ! La fabuleuse aventure de ce qui allait devenir la première exposition permanente du Jardin de Chine pouvait commencer.

Le lien à la terre chez le paysan chinois d’aujourd’hui

Dès les balbutiements du premier projet d’exposition permanente du Jardin de Chine, je souhaitais documenter la terre chinoise. Cette terre qui nourrit tant d’individus, qui tisse des liens étroits entre eux, qui porte leur histoire et surtout, qui recèle des trésors insoupçonnés de résilience, de débrouillardise et de persévérance. Cette terre que les Chinois malmènent à ces heures d’industrialisation à marche forcée, mais qui fait également partie de leur identité depuis toujours.

Des contacts intacts gardés par la chercheuse que j’étais jadis m’ont permis de faire la connaissance de trois familles paysannes chinoises et de documenter, à partir de rencontres et de longues conversations autour de bols de thé fumant, le quotidien de ces paysans qui représentent encore presque la moitié de la population active chinoise. Bien accompagnée par une muséologue et un photographe professionnel, j’ai rencontré Zhou Lifu et sa famille, qui cultivent la banane au sud du Yunnan, les Chen, qui cultivent le thé là où les « montagnes touchent le ciel », à Honghe, au sud de la même province et finalement les Li, où j’ai été témoin de l’étape importante de la récolte du riz, cette fois-ci au cœur géographique de la Chine, au Anhui.

Des rencontres coups de cœur avec de généreux agriculteurs… à traduire en exposition

De retour à Montréal, il fallait trouver un moyen de transmettre aux visiteurs du Jardin de Chine la beauté des rencontres qu’il m’avait été possible de faire dans ce fascinant pays. Terre de Chine devait permettre de sentir l’accueil du jovial trentenaire Lifu, qui a dû laisser ses bananiers aux prises avec la fusariose et qui s’est résigné à bosser comme chef cuisinier pour boucler les fins de mois. Dans cette exposition, je devais arriver à me procurer son triporteur électrique, son panier sac à dos et le blouson traditionnel de sa mère. Aussi, je ne pouvais passer sous silence le fait d’avoir été un témoin privilégié d’un mariage dans son village, moment touchant où les quelque 800 habitants mettent tous leurs efforts en commun pour célébrer gaiement l’union de deux des leurs. L’exposition devait également gagner le cœur des visiteurs par le patriarche Chen, à la tête d’un clan cultivant le thé depuis des générations, où le baijiu coule à flots dès le petit matin et où les femmes taillent les buissons de thé en chantant. Je voulais même arriver à transmettre le goût de son thé, qu’il me présentait fièrement au creux de la main. Finalement, le projet devait faire sentir pourquoi, en Chine, les jeunes délaissent de plus en plus la riziculture. Je me souviendrai toujours des mouvements inlassables du vieux Li battant les plants de riz à la main et des yeux lourds de son fils quand il m’a soufflé qu’« un grain de riz nécessite trois gouttes de sueur ».

Quand nous avons porté la touche finale à Terre de Chine au début de l’été dernier, je voyais devant moi l’essentiel capté lors des trois semaines passées à côtoyer ces si attachantes familles : la beauté à couper le souffle de la Chine et de ses habitants, les efforts ininterrompus à cultiver une terre riche et précieuse, des clans unis dans la célébration du vivant comme dans l’adversité et un attachement profond à la nature, que les paysans chinois vivent à leur façon, en s’adaptant du mieux qu’ils peuvent à une Chine qui évolue peut-être trop rapidement pour eux…

Et vous, quel est votre lien à la terre?

Exposition Terre de Chine »

Jusqu'au 31 octobre
Tous les jours, de 10 h à 22 h

Jardin de Chine, au Jardin botanique

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