- 28 Juin 2013 - Biodôme : Recherche scientifique, Expérience
Dans les heures qui ont suivi mon arrivée en Antarctique, j’étais inscrite à « Boating 1 et 2 » afin de pouvoir faire partie d’un équipage et de naviguer sur une embarcation pneumatique selon les règles de sécurité en vigueur.
Une amitié spontanée est née avec Janice O’Reilly , responsable de la logistique des laboratoires qui m’a ainsi permis de faire plusieurs excursions à travers les glaces dérivantes et les nombreuses îles à proximité. Dès que des bras supplémentaires étaient requis pour des opérations de renouvellement de caches ou d’observation d’oiseaux et de manchots, oh joie! ma disposition volontaire était mobilisée.
Un quotidien presque… militaire!
On partagera tout, la chambre aux petits lits superposés et son plafond qui a subi les assauts réguliers de ma tête, la salle de bain, le ménage et les corvées, les repas et les loisirs. Le rythme de vie sur la station est finalement inspiré du secteur militaire. Plusieurs objectifs à atteindre, des impondérables et des ajustements et implacablement la date de retour en filigrane. J’ai adopté un programme flexible et varié afin de pouvoir contribuer à l’atteinte des objectifs de l’équipe ciblant la sécurisation des populations de poissons reproducteurs, la mise en place d’une salle d’incubation et de protocoles d’incubation adaptés.
Le volet recherche pour le Biodôme de Montréal et l’UQAR
Un volet plus en lien avec l’expertise de l’équipe Biodôme de Montréal/Université du Québec à Rimouski (UQAR) a été déployé. Des échantillons de tissu musculaire, hépatique, branchial et cardiaque ont été collectés sur quatre espèces (2 à sang blanc (Hb-) et 2 à sang rouge (Hb+)) à des fins d’études préliminaires ciblant le métabolisme énergétique et mitochondrial. Des spécimens de N. corriceps et C. aceratus destinés à la collection Naturalia sont également conservés et des photos rassemblées pour la collection du Biodôme de Montréal. L’équipe est sur le qui-vive à la recherche des moindres signes de maturation ovarienne chez les femelles, ce qui doit logiquement s’accompagner par la présence de mâles tout autant disposés à la propagation de leurs gènes… pas aussi évident qu’il n’y parait. À suivre...
La vie sociale à la station Palmer
Les journées sont longues malgré la photopériode qui décroît constamment à cette période de l’année (64.77°S, 64.05°O). Les soirées pourtant se prolongent assez aisément au bar de la Station opéré selon une formule « Apportez votre vin ». La communauté est diversifiée : soudeurs, menuisiers, ingénieurs, marins, informaticiens, électriciens, plombiers, étudiants aux cycles supérieurs et au baccalauréat, cuisiniers, opérateurs… mais le dénominateur commun est la soif d’aventure et de dépassement de soi. La station dispose d’un jacuzzi, d’un sauna et d’un gym. La cour arrière est glaciaire et accessible sur un périmètre délimité au gré des fissures répertoriées. Quand on s’y aventure, chemin faisant sur le littoral, on y rencontre des manchots, des phoques léopards, des otaries à fourrure et des éléphants de mer. Au-dessus de son sommet, le glacier nous offre l’immensité. Je pense au retour de moins en moins et pourtant le navire censé me ramener au Chili arrive bientôt...