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Un grand voyageur qui touche les cœurs!

Monarch butterfly (Danaus plexippus) © André Sarrasin
Un grand voyageur qui touche les cœurs!

Pour bien des Québécois, le monarque n’est pas un papillon comme les autres. Ses grandes ailes orangées permettent de le reconnaître entre tous et, en juin, son vol nonchalant nous confirme que l’été tant attendu est enfin là. Toutefois, en septembre, pour des milliers d’éleveurs, le monarque, c’est la petite bête qu’on soigne et chérit jusqu’à ce qu’il devienne adulte et qu’on doive lui redonner sa liberté.

Une question de survie

À l’automne, tous les insectes québécois se préparent à passer la saison froide : ils trouvent un abri, produisent dans leur corps une sorte d’antigel puis tombent en diapause. Tous les insectes agissent ainsi? Non, pas le monarque! Au contraire, le monarque s’active, fait des réserves puis entame un long voyage de plus de 4 000 km, direction le sud.

Parcours migratoire

C’est vers la fin du mois de septembre que nos monarques quittent le Québec. Au fil du trajet, ce sont des milliers d’individus qui se regroupent sur les meilleurs sites pour la pause nocturne.

Le repos au bout du chemin

Au rythme d’une centaine de kilomètres parcourus chaque jour à une vitesse moyenne de 32 km/h, nos monarques atteignent au terme d’un voyage d’environ 3 mois les montagnes du centre du Mexique. Là, au cœur des forêts de sapins oyamel (Abies religiosa), les températures sont fraîches; les monarques sont protégés des intempéries; il y a de l’eau à proximité, etc. Bref, les monarques trouvent tout ce dont ils ont besoin! C’est pourquoi on les retrouve par millions, agglutinés aux branches, couvrant le paysage d’orangé.

Une découverte récente

Il n’y a pas si longtemps, les biologistes se questionnaient encore sur ce qui advenait des monarques durant l’hiver. Ce n’est qu’en 1975 qu’un chercheur canadien, Fred Urquhart, réussit à réunir toutes les informations permettant de conclure que ce petit insecte d’à peine 0,5 g réalisait une des plus impressionnantes migrations du monde animal. Pendant ce temps, dès la fin du mois d’octobre, les paysans mexicains attendaient dans une atmosphère de fête l’arrivée des âmes des défunts, venus leur rendre visite sous la forme de beaux papillons aux ailes chaudement colorées.

Suivre les traces des chercheurs

Le professeur Urquhart avait mis en place une méthode astucieuse pour arriver à cette découverte : avec l’aide de bénévoles, et pendant plus de trente ans, il a apposé une minuscule étiquette sur l’aile postérieure de centaines de monarques, ensuite relâchés dans la nature. Ces monarques retrouvés plus au sud ont orienté la suite des recherches. Ce travail monumental n’aurait pas été possible sans la contribution des nombreux bénévoles qui ont accompagné Urquhart. Et encore aujourd’hui, la participation des citoyens est essentielle pour mieux comprendre le monarque.

Un phénomène menacé

La perte d’habitat menace actuellement la population de monarques migrateurs de l’est de l’Amérique du Nord. Que ce soit sur les sites d’hivernage mexicains, où on abat les arbres, ou dans les zones de reproduction, qui se font de plus en plus rares au profit de l’humain, le monarque perd du terrain et la population se fragilise. Pour prendre les mesures nécessaires à sa sauvegarde, les chercheurs ont encore besoin d’informations sur l’insecte et sa migration.

Le moyen d’agir

Le programme Monarque sans frontière de l’Insectarium de Montréal permet de vivre un moment inoubliable de contact avec la nature tout en participant à la recherche sur le monarque. Les éleveurs rapportent à la maison, ou en classe, des chenilles et des chrysalides de monarques et en suivant les conseils des experts, veillent à leur bien-être jusqu'à l’émergence de l’adulte. Comme Fred Urquhart, les participants étiquettent leurs protégés devenus adultes avant de les relâcher. En transmettant par la suite les données d’étiquetage à l’Insectarium (qui les transfère à Monarch Watch de l’Université du Kansas), les éleveurs participent à leur façon à la sauvegarde d’un phénomène naturel grandiose et unique : la migration du magnifique papillon monarque.  

Pour en découvrir plus sur le rôle essentiel des insectes et arthropodes
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