- 20 Septembre 2016 - Jardin botanique : Actualités horticoles
Des Encyrtus aurantii au Jardin botanique? Comment ces insectes se sont-ils retrouvés dans la serre des Bégoniacées et Gesnériacées en juillet dernier? Pour l’instant, le mystère persiste, mais ce qui est certain, c’est qu’il s’agit de la première observation de l’espèce au Québec, un évènement très spécial pour le Jardin botanique, l’hôte de cette étonnante migration!
Sur les traces de l’Encyrtus
Les Encyrtus aurantii – aussi connus sous le nom d’Encyrtus lecaniorum – sont des insectes très utiles. Ce sont des parasitoïdes habituellement vendus commercialement pour le contrôle des cochenilles à carapace, qui infestent diverses plantes et notamment les plantes tropicales. Mesurant environ 2 mm, les Encyrtus aurantii sont de couleur brun orangé et, à première vue, peuvent avoir une apparence de fourmi. Ces guêpes passent souvent inaperçues. Leur présence a été révélée par la coloration inhabituelle des cochenilles qui avaient commencé à infester un bégonia luxuriant, et dont la teinte sombre indiquait qu’elles avaient été parasitées. Qu’est-ce qu’un insecte parasité? C’est un insecte nuisible dans lequel un insecte utile (un parasitoïde) a pondu un œuf. L’insecte utile s’y développe, entraînant la mort de l’hôte.
Une première!
Alertés, les horticulteurs du Jardin botanique ont repéré les parasitoïdes sous les feuilles de bégonias à la fin juillet et capturé quelques spécimens, qu’ils ont envoyés au laboratoire de diagnostic en phytoprotection d’Agriculture, Pêcheries et Alimentation Québec pour identification. L’échantillon présente un grand intérêt, car ses Encyrtus aurantii deviennent les spécimens de référence de la Collection d’insectes du Québec (CIQ)!
La lutte intégrée : une voie d’avenir
Débarrasser une plante de ses insectes nuisibles n’est pas une mince affaire si on veut éviter l’utilisation de pesticides. L’utilisation d’insectes utiles est une avenue intéressante, qui permet de régler le problème efficacement et sans effets secondaires, ni pour les humains ni pour les plantes. Grâce aux Encyrtus aurantii, le bégonia parasité du Jardin botanique a été entièrement nettoyé de ses cochenilles en moins d’un mois! Pourquoi ces parasitoïdes n’avaient-ils pas été utilisés auparavant? La demande étant moins importante ici que dans d’autres pays comme la France, l’Allemagne, la Belgique ou l’Espagne, ils ne sont pas certifiés au Québec et donc, non disponibles commercialement.
Nos Encyrtus n’ont pas fini leur boulot : trois ou quatre d’entre eux ont été transportés dans la serre des fougères afin de régler un problème localisé de cochenilles. S’en sortiront-ils gagnants? Tous les yeux sont tournés vers eux dans l’espoir qu’ils réussiront, encore une fois, leur remarquable travail de nettoyage... À suivre!