- 6 Août 2011 - Biodôme : Portrait d'animal
Les oiseaux tropicaux sont flamboyants. Ils portent des couleurs vives et des plumes dignes des ornements les plus spectaculaires. Les perroquets et les toucans sont superbes et que dire des callistes et colibris qui brillent comme des pierres précieuses au soleil. Au Biodôme, il y a une espèce qui génère des WOW à coup sûr, c’est le Cotinga de Cayenne.
Une espèce remarquable…
Originaire d’Amérique du Sud, cette espèce se retrouve dans tout le bassin amazonien à des altitudes variant de 600 à 1300 mètres. Le Cotinga de Cayenne habite la canopée des forêts humides et s’alimente presque exclusivement de fruits. La couleur bleu turquoise de son plumage est amplifiée par un phénomène de réfraction de la lumière provenant de la structure même de la plume. Ce phénomène lui donne cet aspect métallique, brillant. On dit de cette espèce qu’elle est commune en milieu naturel, mais sachez que n’importe quel ornithologue (même expert) se considère toujours chanceux de voir un cotinga lors d’une excursion en Amazonie. La description de cet oiseau spectaculaire ne tient que pour le mâle de l’espèce. C’est que la femelle a un plumage brun-gris avec quelques marques chamois. Lorsque perchée dans un arbre, cette petite merveille de 20 centimètres est tout ce qu’il y a de plus discret.
Les jeux de la séduction
Le mâle facile à détecter est l’objet de la séduction. En nature, il se perche à découvert, fait des parades sous la forme de « pirouettes » en vol, en espérant se faire remarquer par une femelle. C’est un jeu dangereux qui peut attirer l’attention d’un prédateur. Toutefois, la pirouette vaut la peine puisque ce comportement lui assure une descendance. La femelle qui aura remarqué les efforts de monsieur, s’approchera de lui en signifiant son consentement à l’accouplement. Le rôle du mâle dans la reproduction est alors pratiquement terminé.
Des naissances extraordinaires
En captivité, on compte seulement 19 institutions zoologiques dans le monde qui possèdent au sein de leur collection le Cotinga de Cayenne. Le Biodôme fait partie des rares à l’avoir reproduit… à deux reprises. L’entreprise est risquée, car la femelle cotinga ne construit pas vraiment un nid. Elle se contente de déposer l’œuf unique sur une plate-forme constituée d’un amas de végétation au niveau de la canopée. En 2009, c’est l’observation soutenue des animaliers qui a permis de découvrir le lieu choisi par une de nos femelles. L’éclosion qui s’en suivit fut une première au Biodôme et une première au Canada !
Puis l’amas de végétation s’est affaissé, une plante grimpante qui poussait sur un palmier épineux a complètement changé la configuration du lieu. Puisque la femelle était fidèle au site pour les pontes subséquentes, l’œuf ne tenait pas en place et tombait dans un lieu inaccessible. À l’aide d’une nacelle hydraulique, les animaliers ont réussi à placer un nid artificiel dans la canopée de l'écosystème tropical qui fut adopté par la femelle. Un œuf a été pondu en juin 2011, mais la plante grimpante continua sa croissance jusqu’à renverser le nid que l’on croyait bien en place. Suite à cet évènement, l’oisillon est sorti prématurément du nid. Heureusement, sa mère continue de le nourrir et lui, reste perché près du sol dans la végétation. La couleur brune de la femelle est un avantage en nature. Ceci lui permet de se camoufler parfaitement dans la végétation. Elle est à l’abri des prédateurs et peut couver son œuf sans se faire voir. C’est la même chose pour l’oisillon qui mettra jusqu’à un an avant d’avoir un plumage bleu s’il s’agit d’un mâle. Malheureusement pour nous, il est presque impossible à un visiteur de découvrir cet oiseau… à moins d’intercepter le déplacement de la femelle qui va nourrir l’oisillon. Un événement extraordinaire qui passe malheureusement inaperçu!