Le bouturage consiste à prélever une partie d'une plante afin d'en obtenir une nouvelle. Il faut d'abord s'assurer que la plante mère soit saine, c'est-à-dire exempte de maladie ou de ravageur (insecte). Une fois enracinée, la bouture aura toute la beauté et toute la vigueur d'une jeune plante. Cette technique offre aussi l'avantage de conserver certains caractères qui se perdent par le semis, comme la coloration florale d'un hybride. La réussite du bouturage dépend autant de la qualité de la bouture que des soins prodigués par la suite.
Deux techniques de bouturage servent à multiplier la plupart des plantes d'intérieur : le bouturage de tige et le bouturage de feuilles. Comme son nom l'indique, le bouturage de tige consiste à utiliser une jeune pousse ou un segment de tige comportant au moins un nœud (point d'insertion d'une feuille sur la tige). Par ailleurs, les violettes africaines, les bégonias rex et de nombreuses plantes grasses peuvent être bouturés à partir d'une feuille seulement.
Pour les deux techniques de boutures, la période idéale pour pratiquer cette opération à la maison est de mars à août.
Bouturage de tiges
La longueur d'une bouture de tige varie selon la plante. En général, on calcule de 2 à 4 nœuds ou une longueur de 5 à 15 cm. L'usage d'un couteau bien tranchant et désinfecté est recommandé pour ne pas écraser la base de la bouture et pour diminuer les risques de contamination. On prélève les boutures en coupant sous un nœud ou sous une cicatrice foliaire. Il n'y a aucun avantage à couper en biseau puisqu'il en résulte souvent un risque de pourriture plus grand, la plaie étant plus étendue. Par la suite, on enlève les feuilles de la base afin de dégager cette portion de la tige complètement, sur une longueur d'environ 2 à 6 cm. L'utilisation d'une poudre d'enracinement contenant des hormones de croissance augmente les chances de reprise.
Lors du bouturage, l'évaporation par les feuilles se poursuit, alors que l'absence de racines réduit la capacité d'absorption de l'eau. L'équilibre hydrique est rompu et la bouture peut se dessécher rapidement. La taille d'une partie des feuilles est un des moyens permettant de diminuer le flétrissement des boutures. Une autre méthode consiste à couvrir le contenant et les boutures d'un sac de plastique transparent, formant ainsi un genre de petite serre. En perforant ou en laissant quelques ouvertures dans le plastique, on contrôle l'excès d'humidité qui se manifeste par la condensation de la vapeur d'eau sur les parois intérieures du sac.
Toutes ces étapes s'appliquent à la majorité des plantes. Cependant, les cactus, sauf les espèces tropicales, et les plantes grasses sont les exceptions à la règle. Pour ces plantes, on doit laisser sécher la bouture avant de la mettre en terre afin de permettre une cicatrisation complète de la plaie. Cette étape cruciale permet d'éviter les problèmes de pourriture. La cicatrisation peut prendre de quelques jours à quelques semaines selon la taille de la bouture. De la poudre de charbon de bois saupoudrée sur la plaie diminuera aussi les risques de développement de maladies fongiques. Enfin, ce de bouture ne doit pas être recouvert d'une pellicule de plastique.
Technique
- Couper sous un nœud.
- Enlever la feuille du nœud inférieur.
- Plonger la base dans une poudre d'hormones d'enracinement.
- Emplir un pot d'un mélange d'enracinement. Faire des trous avec un crayon et insérer les boutures.
- Pour éviter le flétrissement de la bouture, recouvrir d'une pellicule de plastique transparent.
Milieu de bouturage
Pour les plantes qui s'enracinent facilement, un simple verre d'eau peut servir de milieu de bouturage. Cette méthode n'est toutefois pas la plus sûre puisque les racines ainsi produites sont fragiles et non adaptées à la croissance dans le sol. Le choc de transplantation est donc plus important. Le bouturage dans l'eau convient bien aux plantes cultivées par la suite en hydroponie. Si vous tentez l'expérience, veillez à ce qu'aucune feuille ne soit submergée, ce qui la ferait pourrir.
Les mélanges à enracinement déjà préparés ou les terreaux à base de mousse de tourbe en vente dans le commerce conviennent à la plupart des boutures. Si vous préférez faire votre propre mélange, utilisez de la perlite, de la vermiculite, du sable grossier ou de la mousse de tourbe. L'utilisation d'un seul ou le mélange de deux ou de plusieurs de ces éléments donne habituellement de bons résultats. On remplit le contenant jusqu'à quelques centimètres du bord, puis on nivelle et on tasse légèrement. L'arrosage est plus difficile si le contenant est comble. Insérez les boutures et tassez légèrement le mélange autour de celles-ci. Le premier arrosage peut se faire par immersion de la base du contenant dans l'eau durant quelques minutes.
La lumière est indispensable à la reprise des boutures. Il faut les exposer à une lumière vive, mais sans les rayons directs du soleil qui causent une trop forte évaporation et un flétrissement des boutures. Le temps requis pour l'enracinement des boutures dépend de plusieurs facteurs, notamment l'espèce végétale bouturée et la température du sol. Lors de l'enracinement, la température idéale devrait se situer entre 25 et 27 °C. Ainsi, l'enracinement des plantes produisant facilement des racines est généralement de trois à quatre semaines. Les boutures ligneuses, comme celles des abutilons ou des citrus, nécessitent souvent plus d'un mois pour bien s'enraciner. Une fois bien enracinées, les boutures sont empotées dans de petits contenants de 8 à 12 cm de diamètre. Les boutures peuvent également être regroupées dans une jardinière. Lors de l'empotage, afin de réduire le choc de transplantation, on conservera la motte formée par le mélange d'enracinement (mousse de tourbe, vermiculite, etc.) autour des racines des jeunes plants.
Bouturage de feuilles
Le bouturage à partir d'une feuille offre tous les avantages énumérés pour le bouturage de tige. Les plantes grasses se multiplient facilement de cette façon. Il s'agit de détacher de la plante mère une feuille saine et bien développée puis de la laisser sécher durant 24 à 48 heures afin de permettre à la blessure de cicatriser. Cette feuille est par la suite légèrement enfoncée dans un milieu se drainant facilement, comme un terreau à base de sable ou de perlite.
D'autres plantes comme le saintpaulia et le peperomia peuvent être bouturées en utilisant une feuille avec son pétiole. L'enracinement se fait dans la vermiculite, la perlite ou un mélange à parts égales de ces deux éléments.
Les plantules qui apparaissent après un certain temps sont divisées et transplantées dans un mélange à base de tourbe maintenu humide.
Pour sa part, le bégonia rex-cultorum peut être multiplié à partir de deux techniques.
L'une d'elles consiste à inciser les nervures de la feuille que l'on place ensuite à plat sur de la mousse de tourbe humide. La feuille est fixée au substrat par des attaches en « U ».
L'autre méthode consiste à découper des sections de feuilles pour former des morceaux avec une base angulaire (en forme de « V »). La partie basale devrait comporter une coupure dans une ou deux nervures principales.
Ces sections de feuilles sont ensuite plantées verticalement dans un substrat à base de mousse de tourbe de façon à ce que la blessure des nervures soit en contact avec le milieu d'enracinement. Le terreau doit être maintenu humide jusqu'à l'enracinement des boutures. Des plantules apparaîtront après quelques semaines.
Quelle que soit la méthode utilisée, lorsque la bouture est bien enracinée, il faut la mettre en pot et lui donner les mêmes soins que ceux requis par une plante adulte de la même espèce.
Exemples de plantes d'intérieur qui se prêtent au bouturage :
Bouturage de tige
- Aeschynanthus (Aeschynanthus)
- Aglaonema (Aglaonéma)
- Begonia (Bégonia)
- Cissus (Vigne d'appartement)
- Coleus (Coléus)
- Columnea (Columnéa)
- Cordyline
- Crassula (Crassula)
- Dieffenbachia
- Dracaena (Dragonnier)
- Euphorbia (Euphorbe)
- Fittonia (Fittonia)
- Fuchsia
- Gynura
- Hedera (Lierre commun)
- Hibiscus (Rose de Chine)
- Hoya (Hoya)
- Kalanchoe (Kalanchoe)
- Maranta (Maranta, plante prieuse)
- Monstera (Monstéra)
- Pelargonium (Géranium)
- Peperomia
- Philodendron
- Pilea (Plante aluminum)
- Plectranthus
- Schlumbergera (Cactus de Noël)
- Scindapsus (Pothos)
- Sedum (Orpin)
- Senecio rowleyanus
- Setcreasea
- Solenostemon (Coléus)
- Syngonium
- Tradescantia (Glace, Misère, Éphémère)
Bouturage de feuilles
- Begonia Rex-cultorum (Bégonia rex)
- Crassula (Crassula)
- Kalanchoe (Kalanchoe)
- Peperomia
- Sansevieria trifasciata (Langue-de-belle-mère)
- Sedum (Orpin)
Bouturage ligneuse (hormones)
- Abutilon (Abutilon)
- Citrus (Agrumes)
- Codiaeum (Crotons)
- Dracaena (Dragonnier)
- Ficus (Figuier)
- Fuchsia
- Hibiscus (Rose de Chine)
- Hoya (Hoya)
- Maranta (Maranta, plante prieuse)
- Nerium oleander (Laurier-rose)
- Pelargonium (Géranium)
- Rhododendron (Rhododendron, azalée)
- Schefflera
Plante grasse
- Crassula (Crassula)
- Euphorbia (Euphorbe)
- Kalanchoe (Kalanchoe)
- Sansevieria trifasciata (Langue-de-belle-mère)
- Schlumbergera (Cactus de Noël)
- Sedum (Orpin)
- Senecio rowleyanus
Bouturage dans l'eau sous réserve
- Aglaonema (Aglaonéma)
- Cissus (Vigne d'appartement)
- Coleus (Coléus)
- Dieffenbachia
- Hedera (Lierre commun)
- Philodendron
- Pilea (Plante aluminum)
- Plectranthus
- Scindapsus (Pothos)
- Setcreasea
- Solenostemon (Coléus)
- Syngonium
- Tradescantia (Glace, Misère, Éphémère)
Illustrations : Espace pour la vie/Audrey Desaulniers