Encore bien ancré dans l’hiver, février amène avec lui une promesse de lumière.
Dès le début du mois, nous retrouvons pour Montréal un coucher de Soleil après 17 heures, une première depuis le 5 novembre dernier. À la fin du mois, c’est 1h20 de clarté supplémentaire que nous aurons gagnée, répartie entre le matin et le soir.
Accompagnant le retour de crépuscules de plus en plus tardifs, la flamboyante Vénus entre véritablement en scène, reprenant son rôle d’Étoile du soir pour notre plus grand plaisir. Ayant récemment doublé Saturne en janvier, Vénus continue à s’écarter du Soleil, en route vers une rencontre avec Jupiter au tournant du mois de mars. À mi-parcours, Vénus croise la distante et timide Neptune : ce sera un bon moment pour essayer d’apercevoir au télescope la lointaine géante de glace. Tentez l’observation tout juste après que la nuit soit bien installée le soir des 14 et 15 février. Vers 18h45, pointez votre instrument en direction de l’éclatante Vénus : le 14 février, le petit point bleuté de magnitude +8 qu’est Neptune se trouve juste ½ degré au-dessus, en position « 11 heures ». Le lendemain soir, les deux planètes auront ont échangé leur position.
Vénus se rapproche de Jupiter
Trônant à la frontière des constellations des Poissons et de la Baleine, sous le prolongement du côté droit du carré de Pégase, Jupiter perd rapidement de la hauteur ce mois-ci. Alors qu’elle brille à un majestueux 39 degrés d’élévation à la fin du crépuscule civil le 1er février, la planète géante se retrouve à seulement 22 degrés au-dessus de l’horizon, tout près de Vénus, le dernier soir du mois.
La rapprochement graduel entre les deux étincelantes planètes capte notre attention à compter du 21 février, alors qu’un très fin croissant de Lune montre aussi le bout de son nez à l’horizon ouest après le coucher du Soleil. Pour vous aider à le retrouver dans la lumière du crépuscule, notez que Vénus se trouve environ à mi-chemin d’un bel alignement entre Jupiter au-dessus d’elle et la Lune en dessous.
Le lendemain, 22 février, la Lune aura progressé jusqu’à se trouver à environ 1 degré seulement de Jupiter et de ses propres satellites naturels. Une magnifique observation à tenter aux jumelles.
Un jour plus tard, le 23 février, nous retrouvons un joli alignement des trois astres, avec cette fois un croissant de Lune plus affirmé surplombant Jupiter et Vénus qui ne sont plus qu’à 6 degrés l’une de l’autre. Dans les jours qui suivent, la Lune prend de la distance vers l’est, laissant toute la place aux deux brillantes planètes qui se rapprochent de plus en plus : le soir du 1er mars, Vénus et Jupiter sont en conjonction, séparées de seulement ½ degré.
Même si elle s’éloigne de la Terre et que son éclat a beaucoup diminué depuis décembre dernier, la planète Mars demeure bien placée à la tombée de la nuit, très haut vers le sud parmi les étoiles brillantes des constellations d’hiver. Si vous ne reconnaissez pas bien les constellations du Taureau et d’Orion, sachez que l’éclat de la planète rouge ressemblera à s’y méprendre aux deux brillantes étoiles rougeâtres de cette même région du ciel : Aldébaran et Bételgeuse. En cas de doute, souvenez-vous que notre atmosphère fait scintiller davantage les étoiles que les planètes, et que Mars est le plus haut des trois astres rouges vers le sud en soirée.
Le soir du 27 février, et jusqu’à leur coucher vers 1h30 du matin, la Lune gibbeuse croissante s’approche à moins de ⅓ de degré de la planète rouge. Mais c’est la rencontre entre Mars et une visiteuse beaucoup plus rare qui risque de retenir l’attention des observateurs du ciel ce mois-ci.
Visiteuse chevelue
Découverte l’an dernier depuis l’observatoire du mont Palomar alors qu’elle se trouvait encore à la distance de Jupiter, la comète à longue période C/2022 E3 (ZTF) effectue un passage dans le ciel de février. Après avoir contourné le Soleil le 12 janvier 2023, s’en approchant à seulement 1,1 unité astronomique (~165 millions de km), la comète passera entre la Terre et Mars les 10 et 11 février. Dans le ciel, la comète se trouvera donc dans notre ligne de visée vers Mars, à moins de 1 ½ degré de la planète rouge. On espère que la sublimation des glaces de la comète demeure assez importante et qu’elle ne perde pas trop rapidement en magnitude pour permettre aux observateurs de capter la scène. Prédire la brillance des comètes est un exercice difficile, mais on estime qu’elle pourrait tout juste franchir le seuil de visibilité à l’œil nu (dans un ciel sans pollution lumineuse) autour du 1er février, alors qu’elle sera à son plus proche de la Terre (0,28 UA ou ~42 millions de km). Gageons que quelques amoureux du ciel garderont un œil là-dessus !
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Bonnes observations !