En mai, au chant des rainettes qui accompagne la tombée de la nuit, deux très brillantes planètes attirent notre regard dans des directions opposées et rivalisent pour capter notre attention.
Vénus, l’éclatante Étoile du Soir, est la première à manifester sa présence. Dans les minutes qui suivent le coucher du Soleil, on la distingue sans peine plus d’une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest. Vénus est l’astre le plus brillant après le Soleil et la Lune, et sa grande luminosité perce sans problème la clarté du crépuscule. Et lorsque le ciel s’assombrit davantage, Vénus est franchement incontournable. Ajoutez un croissant lunaire, et la scène devient sublime : ce sera le cas le 17 mai au crépuscule lorsque la Lune, mince croissant de moins de 3 jours, reposera 6 degrés à gauche de l’Étoile du Soir. Une heure après le coucher du Soleil, vous pourrez admirer sur un fond de ciel bleu profond la lumière cendrée qui baigne d’une douce lueur la partie du disque lunaire complémentaire au croissant : superbe à l’œil nu, et tout simplement splendide aux jumelles!
En principe, Vénus s’écarte du Soleil pour quelques mois encore, mais dès juin la ligne imaginaire qui relie la planète au Soleil va commencer à s’incliner davantage sur l’horizon. Au lieu de continuer à prendre de la hauteur dans le ciel au crépuscule, Vénus atteint donc une sorte de plateau avant de décliner graduellement. Résultat : Vénus nous apparaîtra à son plus haut dans le ciel après le coucher du Soleil au cours des derniers jours de mai et des premiers jours de juin. L’Étoile du Soir se couche alors plus de 2 heures et demie après le Soleil. Au télescope, son disque de 12 secondes d’arc de diamètre ressemble à une lune gibbeuse éclairée à environ 85 pour cent.
Jupiter à l’opposition
Vers 21 heures, alors que Vénus descend lentement vers l’horizon ouest-nord-ouest, tournez-vous dans la direction presque diamétralement opposée. Votre regard sera immédiatement attiré vers un autre astre remarquablement brillant : c’est la planète Jupiter qui s’élève au sud-est. Elle nous apparaît un peu moins lumineuse que Vénus en raison de sa distance : Jupiter est plus de sept fois plus éloignée du Soleil que Vénus, et presque trois fois et demie plus éloignée de nous que Vénus à l’heure actuelle. Mais grâce à son diamètre impressionnant, presque douze fois plus grand que celui de la belle Étoile du Soir, Jupiter réfléchit davantage de lumière du Soleil et parvient ainsi à compenser en bonne partie l’effet de son éloignement. Jupiter est vraiment la géante du système solaire !
Jupiter, qui brille actuellement dans la constellation de la Balance, sera à l’opposition le 8 mai en soirée : la planète se trouve alors directement à l’opposé du Soleil dans le ciel. Elle se lève au coucher du Soleil, se couche au lever du jour, et culmine en milieu de nuit (c’est à dire vers une heure du matin à l’heure avancée), quelque 28 degrés au-dessus de l’horizon sud. Mais son lever, sa culmination et son coucher surviennent de plus en plus tôt à mesure que passent les semaines : à la fin de mai, Jupiter atteint sa position optimale pour l’observation peu après 23 heures. Le 27 mai au soir, la Lune gibbeuse croissante repose à moins de 5 degrés de Jupiter.
L’opposition d’une planète, c’est donc le moment où la distance qui nous en sépare est la plus courte et que son diamètre apparent est maximal; voilà pourquoi cette période revêt tant d’importance pour les observateurs. Dans un petit télescope, Jupiter se présente alors sous la forme d’un disque d’un diamètre de 45 secondes d’arc. Vous y distinguerez assez aisément ses principales bandes nuageuses claires et sombres. Regardez attentivement, et vous remarquerez aussi que le disque de Jupiter n’est pas parfaitement circulaire : la planète est une sphère aplatie aux pôles, conséquence de la rotation rapide de cette géante gazeuse sur elle-même. Ses quatre principales lunes changent de configuration en l’espace de quelques heures et sont aussi captivantes à observer.
Un autre duo de planètes à l’aube
Après le coucher de Vénus, Jupiter ne reste pas seule bien longtemps. Deux autres planètes se montrent au sud-sud-est : Saturne, dont ce sera l’opposition le mois prochain, apparaît d’abord. Mars, dont l’opposition fort attendue aura lieu en juillet, émerge à son tour environ une heure plus tard au début de mai (cet intervalle s’allonge quelque peu au courant du mois). Vers 3h30 du matin, juste avant les premières lueurs de l’aube, on retrouve les deux planètes une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon sud : celle de droite est Saturne, qui brille dans la constellation du Sagittaire, au-dessus de l’astérisme de la Théière; Mars, reconnaissable à sa teinte orangée, se trouve plusieurs degrés à gauche de Saturne et s’en éloigne en direction de la constellation du Capricorne.
Le matin du 4 mai, la Lune gibbeuse décroissante repose quelques degrés à droite de Saturne; le lendemain, 5 mai, notre voisine céleste se trouve entre Saturne et Mars; le matin du 6 mai, la Lune gibbeuse brille à moins de 2 degrés de la planète rouge. Presque un mois lunaire plus tard, la Lune a fait le tour du ciel : le soir du 31 mai et dans la nuit du 1er juin, la Lune gibbeuse décroissante repose à seulement 2 degrés à gauche de Saturne.
Bonnes observations !