En cette période de l’année où les nuits sont les plus courtes, ce sont deux planètes brillantes qui attirent notre attention à la tombée du jour.
Avec juin nous arrive enfin le solstice : le 21 à minuit 24, l’été astronomique débute dans l’hémisphère Nord. Après la noirceur et le froid des mois d’hiver, on profite à plein des longues heures d’ensoleillement qui accompagnent le solstice. Mais pour les amoureux du ciel étoilé, cela signifie en contrepartie que l’obscurité s’installe tardivement et que la nuit vraiment noire ne dure que quelques heures.
Peu importe. Dans les minutes qui suivent le coucher du Soleil, lorsque le ciel commence à s’assombrir, une brillante « étoile » s’allume au-dessus de l’horizon sud-sud-ouest. Il s’agit en fait d’une planète : deux mois après son opposition, la géante Jupiter attire invariablement le regard et domine nos soirées de juin.
Au télescope, Jupiter a tant à offrir! Bandes nuageuses turbulentes et colorées, cyclones et festons, passages d’ombres des quatre lunes joviennes : peu importe votre équipement d’observation astronomique ou votre niveau d’expérience en la matière, le spectacle vous enchantera. Observez Jupiter à chaque occasion qui se présente, pendant que la planète est encore assez haute dans le ciel : tout en exerçant votre œil à détecter les subtilités dans les bandes nuageuses claires et sombres de la planète, vous finirez par tomber sur une de ces trop rares soirées où notre propre atmosphère est extrêmement stable. Comme si on retirait enfin une lentille déformante, les détails visibles dans l’atmosphère de Jupiter, 750 millions de kilomètres plus loin, vous apparaîtront alors bien plus nets et incroyablement plus nombreux. Le genre d’observation dont on conserve un souvenir impérissable!
Le soir du 3 juin, la Lune gibbeuse repose à moins d’un degré et demi au-dessus de Jupiter. Le premier quartier de la Lune sera également voisin de la planète dans la nuit du 30 juin au 1er juillet.
Faites connaissance avec Spica
Jupiter brille présentement dans la Vierge. Notez la présence de Spica, l’étoile Alpha de cette vaste constellation, quelques degrés plus bas et sur la gauche de la planète : son nom d’origine latine désigne l’épi de blé que la Vierge tient à la main. L’éclat blanc-bleuté de Spica contraste bien avec le blanc crème de Jupiter. Spica vous servira également de repère pour suivre le mouvement de Jupiter sur la voûte céleste : au cours des prochaines semaines, la planète géante s’approche peu à peu de l’étoile.
Située à 250 années-lumière de la Terre, Spica est en fait un système binaire, un couple de deux étoiles tournant l’une autour de l’autre en un peu plus de quatre jours. Sa teinte bleutée trahit la température élevée de ses deux composantes : l’une d’elles, dix fois plus massive que le Soleil, possède une température de surface de 22 000 degrés (celle du Soleil n’est « que » de 5700 degrés); sa compagne est presque sept fois plus massive que notre Soleil, et sa température dépasse les 18 000 degrés. Ensemble, les deux étoiles émettent plus de 13 000 fois l’énergie du Soleil, mais en majeure partie sous forme de rayons ultraviolets.
Saturne et la Voie lactée
Au moment où Jupiter attire notre attention, un autre astre brillant fait son apparition au sud-est au crépuscule : Saturne. La planète aux anneaux est à l’opposition le 15 juin. Ces jours-ci, elle est donc visible toute la nuit, culminant au sud vers le milieu de la nuit, et disparaissant à l’horizon sud-ouest à l’aube. Cette année encore, on retrouve la géante gazeuse dans le Serpentaire, juste au-dessus du Scorpion et du Sagittaire. Il s’agit malheureusement de la partie la plus méridionale de l’écliptique, cette bande de ciel où circulent le Soleil, la Lune et les planètes. Cela signifie que, sous nos latitudes, Saturne peine à s’élever à plus d’une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon. La vue de ses fameux anneaux, pourtant inclinés à leur maximum en 2017, en souffre beaucoup — mais ne vous privez pas d’y jeter un coup d’œil au télescope! Le soir du 9 juin, à peine 2 ½ degrés séparent la pleine Lune de Saturne lorsque les deux astres se lèvent ensemble; ils demeurent voisins pour le reste de la nuit.
Saturne repose actuellement dans un écrin d’étoiles : la région du Sagittaire et du Scorpion coïncide en effet avec le centre de la Voie lactée, qui repose sur l’horizon sud au milieu de la nuit en juin. Loin des villes et de la pollution lumineuse, on aperçoit cette arche diffuse qui monte vers le nord-est et traverse le Triangle d’été : dessiné par les étoiles Véga, Altaïr et Déneb, on l’appelle aussi le « V » des vacances, et il se montre juste à temps pour souligner la fin des classes!
À l’autre bout de la nuit, Vénus
Les nuits entourant le solstice sont courtes, disions-nous. À peine plus de quatre heures après la fin du crépuscule, les premières lueurs de l’aube se font déjà sentir. Il est alors trois heures du matin. Une trentaine de minutes plus tard, lorsque les étoiles commencent à s’effacer derrière le bleu du ciel pâlissant, l’éclatante Vénus se montre à son tour au-dessus de l’horizon est-nord-est. La brillante planète est à sa plus grande élongation le 3 juin, 46 degrés à l’ouest (la droite) du Soleil : dans un petit télescope, son disque nous apparaît comme une demie-Vénus au début du mois, et se transforme peu à peu en une Vénus gibbeuse plus tard en juin. Le croissant lunaire sera voisin de l’Étoile du Matin les 20 et 21 juin.
Bonnes observations!