Ciel de transition entre l’hiver et l’été, le ciel d’avril nous offre cette année deux planètes en soirée et les derniers soubresauts de deux comètes qui complètent leur tour de piste et s’apprêtent à retourner dans la périphérie glacée de notre système solaire.
On vous en parle depuis quelques mois déjà, la comète PanSTARRS (C/2011 L4) est passée à moins de 45 millions de kilomètres du Soleil le 10 mars dernier, plus près de notre étoile que la planète Mercure. À cette époque, la comète était malheureusement invisible depuis l’hémisphère Nord. Mais la situation est maintenant plus favorable pour les astronomes amateurs du Québec, quoiqu’en s’éloignant du Soleil, la comète a perdu en brillance ce qu’elle a gagné en hauteur au-dessus de l’horizon. Cherchez-la tout de même au nord-ouest environ trente minutes après le coucher du Soleil. Inutile de dire que votre horizon dans cette direction doit être parfaitement dégagé et que des jumelles ou un petit télescope risquent d’être indispensables pour bien apercevoir la chevelure de la comète et sa queue. Il reste peu de temps pour l’observer, donc profitez bien des premières soirées d’avril; après, il risque d’être trop tard!
Si vous ne parvenez pas à apercevoir PanSTARRS, une autre comète, celle-là baptisée C/2012 F6 Lemmon, pourrait bien servir de prix de consolation. La comète Lemmon, découverte en mars 2012 par Alex Gibbs à l’Observatoire du Mont Lemmon, en Arizona, est passée à un peu moins de 110 millions de kilomètres du Soleil fin mars. Elle a alors atteint sa brillance maximum, mais elle n’était visible que depuis l’hémisphère Sud. Ce n’est qu’au cours de la troisième semaine d’avril qu’elle sera enfin visible depuis nos latitudes nordiques, mais bien malin qui peut prédire quelle sera sa brillance à ce moment. La comète se sera déjà passablement éloignée du Soleil et sera sans doute moins facilement visible qu’au début du mois. Qui vivra verra! Contrairement à PanSTARRS, la comète Lemmon sera un objet du matin, apparaissant au-dessus de l’horizon est peu de temps avant le lever du Soleil. Là aussi, des jumelles ou un télescope seront de mise.
Du côté des planètes
Les deux plus grosses planètes du système solaire seront visibles en soirée tout au long du mois. Jupiter, d’abord, demeure dans la constellation du Taureau et est déjà bien visible au sud-ouest au coucher du Soleil, début avril. La planète se couche vers 0 h 30 au début du mois, deux heures plus tôt à la fin avril. Il est toujours intéressant de pointer des jumelles ou un petit télescope vers la planète : aux jumelles, le ballet des quatre satellites galiléens peut être suivi d’une nuit à l’autre; au télescope, le disque de la planète révèle des bandes sombres dans l’atmosphère et, avec un instrument un peu plus puissant, la célèbre Grande tache rouge. Rappelons que cette tache est un cyclone qui fait rage dans l’atmosphère de la planète depuis plus de 400 ans!
L’autre planète visible en soirée est bien sûr Saturne, dans la constellation de la Balance. Saturne sera en opposition le 28 avril. L’opposition d’une planète constitue toujours la meilleure occasion pour l’observer : c’est à ce moment que la distance qui nous en sépare est minimum et que sa brillance est maximum. Saturne ne fait pas exception et l’intérêt pour la planète est rehaussé par la présence des magnifiques anneaux qui la ceinturent. Ces anneaux sont présentement inclinés de 18 degrés par rapport à notre ligne de visée (nous voyons le dessus des anneaux), ce qui est très favorable pour l’observation au télescope. Rappelons que les anneaux mesurent près de 300 000 kilomètres de diamètre, mais que leur épaisseur ne dépasse pas un kilomètre! Lorsque la géométrie des orbites de la Terre et de Saturne nous les fait voir par la tranche, ils disparaissent presque complètement…
Les constellations du printemps
Ailleurs dans le ciel, avril nous offre l’occasion d’un dernier coup d’œil aux constellations d’hiver, qui cèderont bientôt leur place à celles de l’été. Entre les deux, les constellations du printemps occupent le centre de la scène…
Autour de la constellation hivernale d’Orion gravitent cinq autres constellations que le chasseur céleste permet de repérer facilement. De la ceinture d’Orion, une ligne tirée vers la droite mène aux Hyades et à l’étoile rouge Aldébaran, dans le Taureau. Les Pléiades, groupe compact d’étoiles facilement reconnaissable, sont un peu plus loin vers la droite. À partir des trois mêmes étoiles de la ceinture d’Orion, une ligne tirée vers la gauche mène à Sirius, dans le Grand Chien, l’étoile la plus brillante du ciel après le Soleil. Au-dessus du Grand Chien, l’étoile Procyon indique la position de son compagnon, le Petit Chien. De retour à Orion et en regardant au-dessus des épaules du chasseur, deux étoiles jumelles, Castor et Pollux, marquent la position des Gémeaux, à gauche, tandis qu’à droite, Capella brille de mille feux dans le Cocher.
Les constellations du printemps s’organisent autour du Lion, que la Grande Ourse aide à repérer dans le ciel. Imaginez le bol du chaudron rempli d’eau; un trou percé au fond de la casserole laisse couler l’eau jusque sur le dos du Lion, qui ne doit pas beaucoup apprécier la douche! La tête du Lion est dessinée par un point d’interrogation inversé – ou une faucille ouverte vers la droite – dont l’étoile principale, Régulus, marque la base. L’arrière de l’animal a la forme d’un triangle. Devant le Lion, le Cancer abrite l’amas d’étoiles de la Ruche, très joli aux jumelles. Du manche incurvé du chaudron de la Grande Ourse, on trace un arc de cercle qui mène à Arcturus, l’étoile du Bouvier, puis on pique vers l’Épi, l’étoile principale de la Vierge. « Arque vers Arcturus et pique vers l’Épi », voilà le truc pour retrouver facilement ces deux étoiles et leurs constellations. Le Bouvier est facilement identifiable par sa forme qui rappelle un cerf-volant, un cornet de crème glacée ou une cravate, selon les goûts! Quant à la Vierge, les étoiles qui la dessinent sont moins remarquables, mais la constellation abrite de nombreuses galaxies lointaines que révèlera un télescope d’amateur de taille moyenne.
Bonnes observations !