(Mise à jour du 3 décembre 2013 : la comète ISON n'est plus! Ce que certains specialistes redoutaient s'est finalement produit : son noyau s'est complètement désintégré à l'approche du Soleil, le 28 novembre. Un amas de débris est ressorti de la rencontre rapprochée avec le Soleil, mais il s'est rapidement dispersé au fil des heures et des jours suivants. En conséquence, la comète ISON ne sera pas visible dans le ciel du matin en décembre, comme nous l'espérions. Le spectacle d'une comète grandiose sera pour une prochaine fois!)
Hyakutake est la première comète brillante que j’ai observée. C’était il y a dix-sept ans et je m’en souviens encore. En mars 1996, on pouvait voir à l’horizon la majestueuse comète avec sa chevelure diffuse et son immense queue droite et bleutée.
C’est le genre d’observation céleste qui marque et redéfinit notre relation avec la nature. Tout à coup, il y a un objet brillant supplémentaire dans le ciel, un objet que l’on peut appréhender, non seulement avec notre intellect, mais aussi avec nos sens. La comète est là, elle existe dans nos vies, c’est comme si on venait d’ajouter une deuxième Lune…
Je vous raconte cette histoire, car il y a actuellement à proximité du Soleil une autre comète qui a le potentiel de nous émerveiller. C’est la comète ISON. Issue des confins du système solaire, elle en est à son premier passage près du Soleil.
Que nous réserve-t-elle pour le mois de décembre ? Le 28 novembre dernier, ISON devait passer à seulement 1,2 million de kilomètres de la surface du Soleil, où elle serait chauffée à plus de 2 800 °C. Au moment d’écrire ces lignes, nul ne sait si le noyau de la comète d’environ cinq kilomètres et composé essentiellement de glace a survécu. Il s’est peut-être disloqué ou vaporisé complètement.
Mais si le noyau d’ISON a résisté à son passage dans l’enfer du Soleil, il pourrait nous offrir tout un spectacle pour la fin de l’automne.
C’est très tôt le matin qu’on pourra espérer voir la comète. Vers 7 heures le premier décembre, juste avant le lever du Soleil, ISON sera basse à l’horizon est-sud-est. Une fine Lune décroissante sera visible sur sa droite avec, en boni, les planètes Mercure et Saturne.
Tout au long du mois de décembre, ISON va s’éloigner du Soleil et devenir de moins en moins brillante. Mais en contrepartie, elle apparaîtra de plus en plus tôt avant le lever du jour, dans un ciel encore noir. Et en même temps, elle va se rapprocher de la Terre et nous apparaître de plus en plus grande. Difficile donc de prévoir le meilleur moment pour l’observer. Si les prédictions les plus optimistes se réalisent, ISON sera visible à travers les lueurs matinales avec sa chevelure bleu-vert et une queue diffuse qui pourrait s’étendre sur plus de 35°, soit 70 diamètres lunaires !
Vers la mi-décembre, si sa luminosité tient le coup jusque là, ISON pourrait même être visible dans le ciel du soir tout juste après le coucher du Soleil, très basse à l’horizon ouest. C’est le 26 décembre que la comète passera au plus près de la Terre, à une distance de 64 millions de kilomètre.
La période autour de la nouvelle Lune du 2 décembre offrira de belles opportunités pour observer la comète et les étoiles. Plus tard dans le mois, la luminosité de la pleine Lune du 17 décembre pourrait toutefois nuire aux observations d’ISON.
Du côté des planètes
Il n’y a pas que la comète qui offrira un beau spectacle ce mois-ci. Les nuits de décembre sont longues et propices aux belles observations astronomiques. Cette année, on pourra observer plusieurs planètes à l’œil nu. Si vous avez un télescope, profitez-en pour explorer ces mondes lointains…
La brillante Vénus est visible à l’ouest après le coucher du Soleil. Comme elle se rapproche lentement du Soleil durant le mois, le début de décembre offrira un meilleur spectacle. Le 5, un mince croissant de Lune accompagnera Vénus, 7° plus haut et sur sa droite.
Pendant que Vénus se couche à l’ouest, la majestueuse Jupiter se lève à l’est dans la constellation des Gémeaux. Elle sera visible tout l’hiver. En décembre, elle culmine très haut au sud vers 1 h 30 du matin. Le 18 décembre, la Lune presque pleine sera à seulement 5° de Jupiter, légèrement en bas sur sa droite. Les deux astres, alors les plus brillants du ciel, se feront compétition pour nous éblouir.
Au début du mois, Mercure est encore visible vers le sud-est juste avant l’aube, mais la petite planète se rapproche rapidement du Soleil et devient de plus en plus difficile à observer.
En décembre, Mars se lève pile à l’est vers minuit et demi et s’élève dans le ciel durant tout le reste de la nuit. Vers 4 h 30 du matin, c’est Saturne qui se lève à son tour, et s’ajoute à Mars et Jupiter, déjà hautes à cette heure tardive. Le 22 décembre, la Lune gibbeuse décroissante viendra s’intercaler entre Mars et Jupiter. On aura alors Saturne, Mars, la Lune et Jupiter, répartis d’est en ouest quasi uniformément le long de l’écliptique. L’écliptique est notre trajectoire autour du Soleil. Comme toutes les planètes et la Lune évoluent sensiblement dans le même plan que la Terre, leur position dans le ciel est toujours très proche de l’écliptique.
Une pluie d’étoiles filantes
La pluie d’étoiles filantes des Géminides est une des plus spectaculaires de l’année. Mais contrairement aux Perséides, qui ont lieu à la mi-août alors que les nuits sont encore relativement chaudes, les nuits durant les Géminides, du 12 au 14 décembre, sont froides, très froides ! Si vous êtes courageux, le spectacle en vaut la peine : on peut s’attendre à plus de 60 étoiles filantes à l’heure et les Géminides sont généralement très brillantes.
Cette année, la Lune sera dans le décor, mais sa luminosité s’estompera en fin de nuit. Il faudra donc miser sur des observations tardives. Les météores — c’est le nom savant pour les étoiles filantes — émaneront de la constellation des Gémeaux, d’où le nom de la pluie. Mais toutes les directions du ciel sont bonnes : près des Gémeaux et des étoiles brillantes Castor et Pollux, les météores sont fréquents, mais leurs traînées sont courtes; ailleurs, ils sont plus épars, mais beaucoup plus longs…
N’oubliez pas de vous habiller très chaudement, de vous apporter de la nourriture et un bon matelas de sol si vous tentez votre chance !
Rappelons en terminant que le solstice d’hiver, qui marque le moment où la position apparente du Soleil atteint son point le plus bas (pour nous dans l’hémisphère Nord) se produira à 12 h 11 le 21 décembre. Dès 12 h 12, les journées vont recommencer à allonger !
Bonne comète et bonnes observations !