Après un mois d’avril marqué par l’évènement astronomique du siècle à Montréal, le ciel de mai nous convie à plus de calme… bien qu’un feu d’artifice pourrait nous réserver une belle surprise.
Les planètes jouent à la cachette
Avec Jupiter qui vient se perdre dans l’éclat du Soleil couchant au début du mois de mai et qui se retrouve en conjonction solaire le 18, c’est une traversée du désert qui s’entame pour l’observation des planètes en soirée. Il faudra attendre au moins jusqu’en août avant que Saturne ne puisse s’observer avant minuit.
En mai, ce n’est donc qu’au petit matin qu’il nous est possible d’apercevoir de timides planètes. À commencer par Saturne (magnitude +1,2), qui se lève de plus en plus tôt (3h45 le 1er mai, 2 heures le 31), lui permettant atteindre une altitude de 24 degrés au-dessus de l’horizon sud-est moment où commence l’aube civile en fin de mois.
Saturne se laisse graduellement distancer par Mars (magnitude +1,1). La planète rouge côtoie la planète aux anneaux au début de mai, 14 degrés sur sa gauche et légèrement plus basse, mais l’écart se creuse rapidement et atteint 34 degrés en fin de mois. L’observation de la planète rouge sera aussi facilitée vers la fin de mai : elle se lève alors à 3 heures du matin et atteint 15 degrés de hauteur sur l’horizon est au début de l’aube civile.
La Lune se joindra aux deux planètes au début et à la fin du mois. Le matin du 3 mai, on retrouve le dernier croissant 8 degrés à droite de Saturne. Le lendemain matin, 4 mai, le croissant lunaire encore plus fin repose entre Mars et Saturne. Puis le matin du 5 mai, le très fin croissant se retrouve 5 degrés à la gauche de la planète rouge. Un cycle lunaire plus tard, le matin du 31 mai, notre satellite naturel repasse près de Saturne, tout juste un degré sous la planète aux anneaux !
Lune rencontre étoiles
Dans la nuit du 17 au 18 mai, la Lune gibbeuse croissante occulte Bêta Virginis, une étoile de brillance moyenne (magnitude +3,6) dans la constellation de la Vierge. À Montréal, l’étoile disparaît à 1h 23min 47s (heure avancée de l’Est) derrière le bord sombre de la Lune : l’action se passe à 18 degrés de hauteur en direction ouest-sud-ouest. La réapparition se produit à 2h 28min 03s HAE au bord éclairé de notre satellite, mais elle est plus difficile à observer car elle a lieu très bas vers l’ouest, à seulement 7 degrés de hauteur.
Fait remarquable entourant la pleine lune du 23 mai : au moment où elle émerge au-dessus de l’horizon sud-est, vers 21 h 30, la Lune se trouve à moins de 1/10e de degré de la brillante étoile Antarès, une supergéante rouge dans la constellation du Scorpion. Cette proximité permettra de facilement visualiser le mouvement propre de la Lune relativement aux étoiles, elle qui se trouve d’abord à droite puis, à peine une heure plus tard, sous l’étoile rougeâtre. Notons que pour les observateurs des Caraïbes, de l’est de l’Amérique du Sud ou de l’ouest de l’Afrique centrale, ce rapprochement ne sera pas une simple conjonction mais bien une occultation d’Antarès par notre humble Lune.
Êta Aquarides, une année exceptionnelle qui confirme la règle ?
Comme à toutes les années, la pluie d’étoiles filantes des Êta Aquarides culmine aux environs du 5 mai. Cette pluie, plutôt méconnue dans l’hémisphère Nord, est pourtant la troisième en importance dans l’année, après les Géminides et les Perséides. L’angle avec lequel se croisent l’orbite de la Terre et l’essaim de météoroïdes favorise toutefois les observateurs de l’hémisphère Sud, qui peuvent habituellement espérer observer jusqu’à 60 ou 70 météores à l’heure dans des conditions parfaites, contre à peine 15 à 20 sous nos latitudes nordiques.
Mais il pourrait en être autrement cette année. Si se confirme l’hypothèse d’Auriane Egal, conseillère scientifique au Planétarium et spécialiste de l’observation et de la modélisation des pluies de météores, le niveau d’activité des Êta Aquarides en 2024 pourrait être trois fois plus élevé que la moyenne et, surtout, plus riche en météores très brillants appelés « bolides ».
Dans une publication scientifique portant sur l’analyse de l’activité des Êta Aquarides au cours des dernières décennies, Auriane présente des données récentes qui suggèrent des sursauts périodiques dans le nombre de météores observés au maximum de cette pluie. Remarqués en 2004 puis en 2013, de tels sursauts s’expliqueraient par l’influence gravitationnelle de Jupiter sur la densité des météoroïdes le long de leur trajectoire. Mais comme le précise Auriane, plus d’observations sont nécessaires afin de confirmer cette périodicité : cette année revêtira donc une importance particulière !
Les pluies d’étoiles filantes se produisent lorsque la Terre parcourt une section de son orbite qui croise un flux de débris, des poussières et des petits cailloux nommé météoroïdes, laissés par une comète ou un astéroïde. Dans le cas des Êta Aquarides, c’est la fameuse comète de Halley qui en est le corps parent.
Pour admirer ces parcelles de la comète de Halley qui se désintègrent en plongeant dans notre atmosphère, les observateurs et observatrices devront favoriser les heures juste avant le lever du Soleil entre le 4 et le 8 mai. Le radiant de cette pluie de météores se trouve dans la constellation du Verseau, très bas au sud-est et non loin de Saturne, Mars et la Lune en ces matins de mai. Mais pour observer les étoiles filantes, mieux vaut simplement couvrir le plus grand champ de vision possible en regardant vers le zénith.
Les réseaux de détection de météores et une certaine observatrice particulièrement intéressée seront assurément au rendez-vous pour vérifier si le feu d’artifice espéré se matérialise.
Bonnes observations !