Parmi les 88 constellations, le Cancer est certainement l’une des plus discrètes.
Son nom nous est pourtant familier, puisque le Cancer fait partie du zodiaque, la bande du ciel où se déplacent le Soleil, la Lune et les planètes. Mais cette constellation est difficile à repérer, car les étoiles qui la composent sont plutôt faibles; une seule dépasse à peine la quatrième magnitude. En ville, avec la pollution lumineuse, le Cancer passe carrément inaperçu : on dirait qu’il y a un trou dans le ciel entre Régulus, dans la constellation du Lion, et Castor et Pollux, dans les Gémeaux. En avril, à la tombée de la nuit, ces étoiles très faciles à repérer brillent en direction sud-ouest, une cinquantaine de degrés au-dessus de l’horizon. Sous le Cancer, on remarque aussi Procyon, l’étoile principale de la constellation du Petit Chien.
Il est souvent difficile de reconnaître dans les étoiles les animaux, objets ou personnages que les constellations sont censées représenter. Le Cancer en est un bel exemple : ses étoiles principales dessinent une sorte de « Y » inversé dans le ciel. Voir là un crabe ou une écrevisse demande beaucoup d’imagination ! L’étoile du haut de notre Y inversé et celle de la branche de gauche situent les pinces de l’animal. La portion centrale dessine les yeux du crabe.
Cette constellation est connue depuis l’Antiquité. À cet endroit, les Babyloniens voyaient une tortue et les anciens Égyptiens, un scarabée. C’est dans la Grèce antique que la constellation sera dorénavant associée à une créature à pinces. Selon la légende, il s’agit du crabe que la déesse Héra aurait envoyé pour tourmenter Hercule pendant son combat contre l’Hydre. Après qu’il ait été écrasé par le demi-dieu, la déesse aurait transformé l’animal en constellation et placé au firmament.
Autre fait intéressant, entre 900 et 500 av. J.C., le Soleil atteignait son point le plus au nord dans cette constellation lors du solstice d’été. C’est pour cette raison que le tropique se trouvant dans l’hémisphère Nord se nomme « tropique du Cancer ». (En raison de la précession des équinoxes, ce point culminant se situe actuellement dans la constellation des Gémeaux.)
Même si la constellation du Cancer semble peu spectaculaire, elle recèle en son centre le magnifique amas d’étoiles M44, le 44e objet céleste recensé par l’astronome du 18e siècle Charles Messier. Cet amas est surnommé la Ruche, car ses étoiles font penser à un essaim d’abeilles bourdonnant d’activité. Dans un ciel très noir, on distingue M44 à l’œil nu sous forme d’une faible tache floue, mais c’est avec des jumelles ou dans un petit télescope que l’amas révèle toute sa beauté. Situé à 600 années-lumière de nous, il est composé de près de 1000 étoiles qui seraient nées il y a 750 millions d’années.
Le soir du 13 avril, la Lune gibbeuse sera située juste à la gauche de M44. Ce sera une belle occasion de repérer plus facilement cet amas dans le ciel : il faudra cependant utiliser des jumelles pour le distinguer malgré l’éblouissante lumière que jette notre satellite.
À l’aide d’un petit télescope, on peut aussi apercevoir un autre amas d’étoiles : M67 est situé tout près de la pointe gauche du Y inversé. Âgé de plus de 4 milliards d’années, il s’agit d’un des plus vieux amas ouverts connus.
Les planètes en avril
Mars demeure la seule planète visible en première portion de nuit. Vous pourrez la repérer au-dessus de l’horizon ouest dès que le ciel s’assombrit, environ 45 minutes après le coucher du Soleil. Sa teinte orangée vous aidera à la reconnaître. Attention toutefois de ne pas confondre Mars avec un autre astre un peu plus brillant situé tout près : Aldébaran, l’étoile principale de la constellation du Taureau, présente une coloration semblable à celle de la planète rouge.
Le soir du 8 avril, vers 20h30, Mars sera à 30 degrés au-dessus de l’horizon ouest, avec Aldébaran à sa gauche et le croissant de Lune en dessous. Le lendemain, le croissant lunaire reposera quelques degrés au-dessus d’Aldébaran. Au fil des soirs, vous constaterez que Mars aussi se déplace; sa trajectoire l’entraîne graduellement une douzaine de degrés au-dessus de l’étoile vedette du Taureau.
En seconde moitié de nuit, c’est Jupiter qui vole la vedette. La brillante géante gazeuse se lève au-dessus de l’horizon sud-est vers 1h30 au début d’avril et vers 23h30 à la fin du mois. Saturne se lève dans la même direction que Jupiter, mais environ deux heures plus tard. La fameuse planète aux anneaux est cependant nettement moins brillante que Jupiter. La Lune accompagnera le duo de planètes en fin de nuit du 23 au 25 avril. Le 23, vers 4h30 du matin, la Lune gibbeuse sera à seulement 2 degrés à droite de Jupiter en direction sud, alors que Saturne brillera à gauche du duo. Le matin du 24, la Lune se trouvera entre les deux planètes. Enfin, le 25 avril, la Lune sera positionnée à moins de 4 degrés à droite de la planète aux anneaux.
Finalement, les lève-tôt auront encore une chance d’entrevoir Vénus. En avril, la brillante Étoile du Matin se lève à l’est à peine une heure avant le Soleil et n’est visible que dans les lueurs de l’aube, très bas à l’horizon. Le 1er avril, le mince croissant de Lune reposera à la droite de Vénus.
Bonnes observations !