Le mois de novembre n’offre pas cette année un éventail de phénomènes astronomiques ou de rapprochements planétaires spectaculaires, mais il permet en revanche aux astronomes d’utiliser les principales constellations de l’automne pour raconter une histoire haute en couleur.
Andromède et Persée
Notre récit débute dans l’Antiquité, à la cour du royaume d’Éthiopie. C’est là qu’on retrouve trois des protagonistes de cette histoire : le roi Céphée, la reine Cassiopée et leur fille Andromède. Un jour, la vaniteuse Cassiopée ne cesse de souligner qu’Andromède est plus jolie que toutes les Néréides, nymphes des mers réputées pour leur incroyable beauté. Outrées par une telle insolence, celles-ci demandent à Poséidon, dieu des mers et des océans, de punir Cassiopée pour ses propos. Il décide alors de lancer un monstre marin contre les remparts de la capitale du royaume pour détruire la ville.
Des sages informent cependant le roi Céphée qu’il peut sauver son royaume : pour cela, il devra toutefois offrir sa fille Andromède en sacrifice. Celle-ci se retrouve donc enchaînée à un rocher aux portes de la ville et attend stoïquement d’être dévorée par le monstre marin. C’est à ce moment de l’histoire que notre héros, Persée, sur son cheval ailé Pégase, apprend la terrible nouvelle et vole à la rescousse d’Andromède. Persée possède une arme redoutable, la tête de Méduse, la Gorgone : quiconque croise son regard maléfique se transforme en pierre! On comprendra que le monstre marin n’a eu aucune chance. Andromède est sauvée, de même que le royaume de Céphée et de Cassiopée. Fin. Générique.
Vous aurez peut-être reconnu la trame principale d’un film à grand déploiement vu au cinéma. Mais bien avant qu’Hollywood s’en empare, tous les personnages de ce récit mythologique ont été immortalisés par les astronomes grecs sous forme de constellations. Elles sont toutes regroupées les unes près des autres et sont très bien visibles au début de la nuit pendant l’automne. Céphée, Cassiopée, Persée, Andromède et Pégase sont faciles à repérer dans le ciel étoilé, près du zénith. Quant au monstre marin, il est représenté par la vaste constellation de la Baleine, qui se trouve un peu à l’écart et sous le groupe précédent.
Pour les astronomes, ces constellations recèlent quantité d’objets astronomiques fascinants. Parmi les plus importants, la fameuse galaxie d’Andromède (M31 sur la carte) est un incontournable. En milieu urbain, la galaxie est difficile à repérer, mais sous un ciel noir, elle se détache comme un petit nuage de forme ovale bien distinct, visible à l’œil nu juste au-dessus de l’étoile Bêta d’Andromède. Entre Cassiopée et Persée, on retrouve également deux amas d’étoiles voisins qui offrent aux jumelles ou dans un petit télescope une vision extraordinaire : on discerne nettement les étoiles individuelles dans ce double amas de Persée. Et toujours dans la constellation de Persée, une étoile se distingue des autres : il s’agit d’Algol, dont la luminosité varie selon un cycle de 2,87 jours. Cette fluctuation, qui peut être observée à l’œil nu, s’explique par la présence d’une étoile compagne qui éclipse régulièrement l’étoile principale. Algol est en fait un système binaire.
Du côté des planètes
Trois planètes seront bien visibles dans le ciel étoilé en novembre. Peu brillante à l’heure actuelle, Mars se distingue du fond étoilé par sa couleur orangée. Dans la constellation du Sagittaire jusqu’au début de décembre, Mars sera facile à repérer le soir du 25 novembre, alors que le croissant de Lune reposera 8 degrés à droite de la planète rouge.
Pour les couche-tard, ou pour les astronomes patients, Jupiter se lève au-dessus de l’horizon est au milieu de la nuit. Sa brillance est telle qu’elle ne sera pas difficile à identifier parmi les étoiles de la constellation du Lion. Mais au cas un doute subsisterait, sachez que la Lune gibbeuse sera tout près de la planète géante au cours de la nuit du 13 au 14 novembre.
Enfin, Mercure sera également visible au début du mois, très basse à l’horizon est-sud-est une heure avant le lever du Soleil. La planète est présentement beaucoup plus brillante que l’étoile Spica qui se trouve tout près au cours de la première semaine de novembre.
En terminant, soulignons que le Soleil passe de la constellation de la Balance à celle du Scorpion le 23 novembre puis dans le Serpentaire, le 30. De plus, c’est au cours de la nuit du samedi 1er au dimanche 2 novembre que nous revenons à l’heure normale de l’Est. Il faut donc « reculer » nos horloges!
Bonnes observations !