En mai, alors que les nuits se réchauffent peu à peu, les deux planètes internes partagent la vedette au crépuscule, les deux géantes du Système solaire se tiennent par la main, et un petit point rouge prend petit à petit de l’importance au cœur de la nuit.
L’Étoile du Berger partage le crépuscule avec Mercure
Depuis le mois de décembre, les observateurs avaient pris l’habitude de voir leurs soirées ponctuées d’un puissant phare au-dessus de l’horizon ouest. La planète Vénus, poétiquement mais trompeusement baptisée l’Étoile du Berger, trône pour un dernier mois comme Étoile du soir. Alors qu’elle est encore proche de son maximum de luminosité en début de mois, elle perd graduellement en éclat mais surtout en hauteur au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest au crépuscule avant de disparaître dans les lueurs du Soleil fin mai. À partir du début de l’été, les bergers utiliseront Vénus comme repère pour sortir les moutons, le matin.
L’autre planète interne de notre Système solaire, Mercure, vient elle-aussi agrémenter le crépuscule ce mois-ci, mais son repérage constitue un défi bien plus ardu puisqu’elle ne s’élève jamais plus que de quelques degrés au-dessus de l’horizon. Une très belle fenêtre d’observation s’ouvre à partir du 10 mai, alors qu’elle chemine vers sa plus grande élongation est le 4 juin. On guette ce petit point rose cuivré au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest, 30 à 45 minutes après le coucher du Soleil. Son éclat est plus brillant au début de la fenêtre d’observation, et les conditions sont optimales à partir du 15, alors que Mercure se hisse un peu plus haut au-dessus de l’horizon.
Pour faciliter son repérage, rien de tel que d’utiliser des balises évidentes. Bas à l’horizon, le 21 et le 22, Vénus frôle Mercure — en apparence bien sûr — à environ 1 ½ degré d’écart. Le 23 et le 24, alors que les deux planètes internes sont encore assez proches l’une de l’autre, un fin croissant de Lune les accompagne. La conjonction du 23 représente un défi d’observation puisqu’il vous faudra un horizon parfaitement dégagé pour apercevoir le très fin croissant 5 degrés sous le duo planétaire. Privilégiez la rencontre du 24, alors que la Lune vient se placer 5 ½ degrés à gauche de Mercure et légèrement plus haut au-dessus de l’horizon.
Un duo de géantes
Une fois que Vénus et Mercure sont couchées, le reste de la soirée est plutôt tranquille côté planètes. Mais vers 2 heures du matin en début de mois, et de plus en plus tôt jusque vers minuit et demi en fin de mois, un duo singulier apparaît au sud-est. Ces deux points se distinguent des étoiles environnantes par un éclat fixe, intense et blanchâtre pour l’un et plus discret et jaunâtre pour l’autre. Il s’agit des deux planètes géantes, Jupiter et Saturne ! Elles défileront ainsi par paire tout le reste de la nuit, culminant presque au sud au point du jour. Le matin du 12 mai, la Lune gibbeuse décroissante vient se placer tout juste 3 degrés sous Jupiter et complète alors un triangle que l’on distingue facilement au sud-sud-est en fin de nuit et à l’aube. Le matin du 13, la Lune glisse 7 degrés à gauche de Saturne et forme encore une conjonction satisfaisante.
Le vagabond rouge
En dernière partie de nuit, un point orangé apparaît à son tour au-dessus de l’horizon est-sud-est. Il faut attendre 3 heures du matin en début de mois pour le voir, et de plus en plus tôt nuit après nuit. Il ne s’agit que d’une bille encore discrète, mais qui tire aisément son épingle du jeu parmi les faibles étoiles environnantes. Cet astre, qui erre dans le Capricorne la première semaine du mois, avant de courir très rapidement parmi les étoiles du Verseau, c’est la planète Mars. Bien que son opposition ne soit que le 13 octobre, on peut d’ores et déjà la repérer facilement. Dès ce printemps, elle se rapproche graduellement de la Terre, nous offrant un éclat toujours plus franc, qui dépasse d’ailleurs le seuil de la magnitude 0 le 30 mai. Le 14 mai, en fin de nuit et à l’aube, le dernier quartier de Lune s’intercale entre Mars et le duo Saturne-Jupiter. Le lendemain matin, 15 mai, le croissant lunaire se retrouve tout juste 4 degrés en bas et à gauche de Mars. Le moment le plus propice pour observer ce rapprochement est vers 4 heures du matin, alors que le duo s’est extirpé assez haut au-dessus de l’horizon sud-est (une quinzaine de degrés) mais que les premières lueurs de l’aube n’ont pas encore délavé l’éclat encore timide de la planète rouge.
Bonnes observations !
Loïc Quesnel est communicateur scientifique au Planétarium Rio Tinto Alcan.