Voyons d'abord ce qui se passe en début de soirée. Plus de six mois se sont écoulés depuis la dernière opposition de Mars, et la planète rouge est maintenant bien loin de la Terre : au télescope, elle est minuscule; dans le ciel, son éclat s'est considérablement affaibli. Elle se déplace rapidement vers l'est par rapport aux étoiles, mais sa position actuelle fait en sorte qu''elle semble faire du sur-place dans le ciel, tel un coureur sur un tapis roulant. Tout l'automne, Mars nous apparaît donc sensiblement au même endroit, bas à l'horizon sud-ouest pendant le crépuscule. À l'arrière-plan, toutefois, les constellations continuent de défiler : en octobre, Mars passe ainsi de la Balance au Scorpion, et s'approche de plus en plus de sa grande rivale, l'étoile Antarès.
Rivale ? En effet, l'étoile Antarès est de couleur et d'éclat semblable à la planète Mars, qui représentait le dieu de la guerre dans le Panthéon romain et que les Grecs de l'Antiquité nommaient Arès. Antarès était donc l'« Anti-Arès », la rivale du terrible dieu grec. Du 18 au 22 octobre, l'écart entre la planète Mars et l'étoile Antarès sera inférieur à quatre degrés : ce sera l'occasion idéale de comparer la couleur des deux astres. Mais cette coloration, bien que similaire, n'a pas du tout la même origine. Le sol martien est couvert d'une fine poussière riche en oxyde de fer : de la rouille, en somme. Antarès, quant à elle, est une étoile supergéante rouge située à 600 années-lumière de la Terre : la température de son atmosphère dilatée est telle qu'Antarès émet sa lumière principalement dans la partie rouge orangé du spectre visible, comme un rond de cuisinière bien chaud.
Notons au passage la présence du croissant lunaire au-dessus de Mars et d'Antarès, le 18 octobre, 45 minutes après le coucher du Soleil : une autre jolie scène rehaussée par les couleurs du crépuscule.
Au milieu de la nuit
Quelques heures après que la planète Mars se soit couchée au sud-ouest, la brillante planète Jupiter émerge enfin au-dessus de l'horizon est-nord-est. Au début du mois, on l''aperçoit vers 22 heures, puis de plus en plus tôt au fil des semaines; à la fin d'octobre, Jupiter se lève vers 20 heures. Plus tard en soirée et vers le milieu de la nuit, la planète géante gagne de la hauteur et devient une cible intéressante au télescope : ses bandes nuageuses parallèles se dévoilent, tandis que ses quatre principales lunes changent de position en quelques heures seulement. Jupiter culmine très haut au sud avant l''aube.
À l'œil nu et aux jumelles, remarquez combien Jupiter se rapproche de semaine en semaine des Hyades et des Pléiades, deux amas d'étoiles situés à sa droite, dans la constellation du Taureau : en janvier prochain, la planète se trouvera entre les deux amas. La Lune gibbeuse sera voisine de Jupiter dans la nuit du 4 au 5 et du 5 au 6 octobre.
Dans le ciel du matin
Tôt le matin, trois heures avant le lever du Soleil, l'éclatante Vénus apparaît à son tour au-dessus de l'horizon est. Le matin du 3 octobre, la brillante planète passe à moins de 10 minutes d''arc (un tiers du diamètre apparent de la Lune) sous Régulus, l'étoile principale du Lion. Observez également à quelle vitesse Vénus s'en éloigne au cours des matins suivants. Le 12 octobre, c'est au tour de Vénus de recevoir la visite du croissant lunaire.
La pluie d'étoiles filantes des Orionides atteint son maximum dans la nuit du 20 au 21 octobre. Avec un maximum de 10 météores à l'heure dans un ciel sans pollution lumineuse, cette pluie est moins connue, et surtout beaucoup moins riche, que les fameuses Perséides du mois d'août. L'intérêt des Orionides tient surtout au fait que les particules interplanétaires qui en sont la source proviennent du sillage de la célèbre comète de Halley. Le radiant de cette pluie (situé dans la constellation d'Orion) n'atteint sa position idéale qu'en seconde moitié de nuit, peu avant l'aube. Cela tombe bien puisque, cette année, lors du maximum de la pluie, le croissant de Lune se couchera vers 22h30, laissant ainsi un ciel bien noir pour l'observation des étoiles filantes.
Bonnes observations!