Ce mois-ci, Mercure, Vénus et Jupiter prennent part à une spectaculaire conjonction au crépuscule, la meilleure de l’année. Puis, tandis que Jupiter quitte définitivement le ciel du soir, Saturne prend la place d’honneur et agrémente nos nuits. Mars, pour sa part, se trouve actuellement trop près du Soleil et n’est pas visible.
Tout sur les conjonctions
Nos chroniques mensuelles parlent souvent de conjonctions. Mais que sont-elles au juste? Le mois de mai nous fournit une excellente occasion de découvrir ce dont il s’agit. Techniquement, une conjonction entre deux objets astronomiques survient lorsque ceux-ci se croisent à la même longitude céleste. Les astres en question peuvent très bien passer loin au-dessus ou en dessous l’un de l’autre, un rapprochement peu susceptible d’attirer l’attention. Toutefois, on parlera de conjonction vraiment spectaculaire lorsque deux astres ou plus s’inscrivent dans un cercle de moins de cinq degrés de diamètre dans le ciel. Le Soleil, la Lune, les planètes ou même certaines étoiles brillantes peuvent être en cause. En fait, on distingue plusieurs types de conjonctions, dont certaines ne sont pas observables à l’œil nu. Commençons par ces dernières :
Les conjonctions inférieures ont lieu lorsque les planètes internes (Mercure ou Vénus) se faufilent entre la Terre et le Soleil. La plupart du temps, la planète en question passe au-dessus ou en dessous du Soleil, mais il arrive en de rares occasions que la planète se profile directement devant le disque du Soleil : ce phénomène porte le nom de transit, et c’est ce qui est arrivé à Vénus le 5 juin 2012. Quoi qu’il en soit, une planète en conjonction inférieure est complètement noyée par l’éclat du Soleil.
Une conjonction supérieure se produit chaque fois qu’une planète (interne ou externe) se retrouve du côté opposé du Soleil par rapport à la Terre. Dans ce cas, la planète sera également perdue dans l’éclat du Soleil, et pourrait même être « cachée » directement par notre étoile.
Comme nous l’avons mentionné, une conjonction se produit lorsque deux astres ou plus paraissent à proximité l’un de l’autre dans le ciel — le mot-clé étant « paraissent ». En réalité, ces objets ne sont pas du tout rapprochés dans l’espace. Prenons par exemple la conjonction planétaire qui aura lieu à la fin du mois. Le 26 mai, les planètes Mercure et Jupiter seront chacune à moins de deux degrés de Vénus : vu depuis la Terre, ce trio dessinera un triangle compact, presque équilatéral, au-dessus de l’horizon ouest-nord-ouest. Mais si on pouvait observer ces trois planètes depuis un point situé dans l’espace, très loin au-dessus du plan de leurs orbites, on constaterait que Mercure se trouvera à ce moment légèrement plus loin que le Soleil, un peu sur sa gauche, à 1,2 unité astronomique de la Terre; que Vénus se trouvera à 0,5 UA plus loin que Mercure, un peu à sa droite; et que Jupiter sera à 4,5 UA au-delà de Vénus, et légèrement sur la gauche. En astronomie, les apparences sont souvent trompeuses, et cette situation en est une magnifique illustration…
Les conjonctions observables entre trois planètes sont relativement rares. Entre 1980 et 2050, il ne s’en sera produit en moyenne qu’à tous les quatre ans et demi. Ne manquez donc pas celle-ci, d’autant plus qu’elle met en jeu les deux planètes les plus brillantes et qu’elle sera visible tout de suite après le coucher du Soleil.
La conjonction de mai 2013, étape par étape
À compter du 20 mai, scrutez l’horizon ouest-nord-ouest, environ 30 minutes après le coucher du Soleil : vous y verrez Mercure, Vénus et Jupiter, dans l’ordre à partir de l’horizon, qui dessinent une courte ligne inclinée vers la gauche. Les trois planètes ressembleront à des étoiles qui brillent dans le crépuscule. Un horizon sans nuage ni obstruction est bien sûr nécessaire, et une paire de jumelles vous aidera à les retrouver.
Au cours des soirs suivants, remarquez comment Mercure (dont l’orbite plus rapprochée du Soleil est plus rapide) rattrape puis dépasse Vénus : le 23 mai, Mercure reposera à moins de deux degrés à la droite de la brillante Étoile du soir. Pendant ce temps, Jupiter demeure au-dessus et à gauche des deux autres planètes.
Mais un examen attentif de la situation montre en fait que la planète géante descend de plus en plus vers l’horizon, tandis que Vénus et Mercure montent à sa rencontre. Le 26 mai, les trois planètes se trouvent à environ deux degrés l’une de l’autre, dessinant un triangle étincelant dans les lueurs du crépuscule qui s’éteint : une scène splendide aux jumelles!
Ce triangle commence à se défaire dès les soirs suivants. Le 28 mai, Vénus repose à seulement un degré en haut et à droite de Jupiter. Le 31, le trio forme à nouveau une ligne droite, mais cette fois, Jupiter et Mercure ont échangé leur place : Vénus se trouve à égale distance entre la planète géante, maintenant la plus proche de l’horizon, et le petite Mercure, au-dessus.
Saturne règne sur la nuit
Saturne était à l’opposition le 28 avril, et la planète aux anneaux est bien située toute la nuit pour l’observation. En raison de son mouvement rétrograde (vers l’ouest par rapport aux étoiles) qu’elle a entrepris le 17 février dernier, elle quittera la constellation de la Balance pour revenir dans la Vierge le 14 mai. Saturne y demeurera jusqu’à la fin août. Ses anneaux nous apparaissent présentement inclinés d’environ 18 degrés, ce qui en fait une cible de choix pour les petits télescopes d’amateurs. La Lune gibbeuse croissante passera à quelques degrés sous Saturne dans la nuit du 22 au 23 mai, ce qui vous aidera à identifier correctement la planète.
Bonnes observations !