Ça y est : l’événement astronomique le plus attendu des dernières décennies au Québec est à nos portes. En milieu d’après-midi le 8 avril, le sud de la province connaîtra quelques minutes d’une étrange nuit en plein jour.
L’éclipse totale de Soleil qui se produira ce jour-là sera la première du genre au Québec depuis 1972. Sur l’île de Montréal, il faut remonter à 1932 pour la dernière occurrence d’un phénomène semblable, et la prochaine n’aura lieu qu’en l’an 2205 ! C’est dire à quel point les éclipses totales de Soleil sont rares. Il s’en produit à tous les ans ou tous les deux ans quelque part dans le monde, mais la zone de visibilité de cette « totalité » est géographiquement limitée : un long et étroit ruban à la surface du globe. Dans le cas de l’éclipse du 8 avril, la « bande de totalité », comme on l’appelle, ne fait que 180 kilomètres de largeur, mais s’étire du Pacifique à l’Atlantique sur plus de 14 700 km. La majeure partie de sa trajectoire se déroule sur l’eau; elle ne traverse que quelques États du Mexique et des États-Unis et les provinces de l’est du Canada. Toutefois, de part et d’autre de l’étroite bande de totalité s’étend une vaste zone où l’éclipse est partielle.
Pourquoi tant insister sur l’endroit où l’éclipse est totale ? Parce qu’une éclipse partielle, même à 99,9 %, est loin, très loin, de procurer 99,9 % de l’expérience d’une éclipse totale. Il manquera toujours ce quelque-chose de plus ou moins tangible qui fait toute la spécificité d’une éclipse totale : cette nuit qui tombe soudainement sur nous en plein jour, les planètes et étoiles qui s’allument au-dessus de nos têtes, ces couleurs de coucher de Soleil sur 360 degrés, et, au cœur de ce tableau spectaculaire, le disque noir de la Lune entouré de la magnifique et diaphane couronne solaire qui déploie sa couleur de nacre diaphane. Il manquera surtout l’émotion viscérale que provoque la totalité. Au fond, la différence entre une éclipse partielle et une éclipse totale est comme… le jour et la nuit ! Une éclipse solaire totale ne s’observe pas, elle se vit intensément.
L’éclipse du 8 avril représente une occasion unique dans une vie d’assister à l’un des plus émouvants spectacles naturels qui soient, sans avoir à parcourir des milliers de kilomètres ni dépenser une fortune. Or, dans la grande région de Montréal, près de la moitié de la population (45%) se trouve hors de la zone d’éclipse totale : c’est le cas par exemple de Laval et de la couronne Nord, mais aussi de la pointe Est de l’île de Montréal. Consultez les cartes disponibles sur notre site web pour savoir où vous vous situez par rapport à la bande de totalité : si vous ne vous y trouvez pas déjà, et si vous en avez la possibilité, nous vous encourageons à faire l’effort de vous déplacer pour vivre à plein l’éclipse totale. Prévoyez à l’avance vos activités du 8 avril et, surtout, n’hésitez pas à impliquer toute la famille pour en faire une journée inoubliable. L’équipe du Planétarium sera déployée au parc Jean-Drapeau, près de la Biosphère, où nous attendons le public avec une foule d’activités et une programmation artistique festive, à la hauteur de cet événement unique.
Et vous ? Où serez-vous le 8 avril ?
Après l’éclipse
Lorsque l’éclipse sera passée, la poussière retombera sur la journée du 8 avril; la Terre continuera de tourner sur son axe, et la Lune et les planètes d’avancer sur leur orbite. Le lendemain soir, 9 avril, dans la demi-heure qui suit le coucher du Soleil, essayez de repérer le très fin croissant de Lune, bas à l’horizon ouest. En contemplant la lumière cendrée qui baigne le disque lunaire entre les cornes du croissant, prenez un moment pour considérer qu’il s’agit de la même Lune qui nous masquait le Soleil à peine 28 heures auparavant, et remerciez-la pour le beau spectacle qu’elle nous a offert… Au même moment, une douzaine de degrés plus haut et sur sa gauche, la très brillante Jupiter nous fait de l’œil. L’écart entre la planète géante et le Soleil s’amenuise de jour en jour, et Jupiter nous apparaît plus bas dans le ciel à chaque soir qui passe. Dans quelques semaines, Jupiter disparaîtra à son tour dans les lueurs du couchant. Le soir du 10 avril, le croissant lunaire repose à 4 degrés en haut et à droite de la planète géante; admirez ce splendide duo à la tombée de la nuit, au-dessus de l’horizon ouest.
Bonne éclipse et bonnes observations !