Sous un beau ciel nocturne, il n’est pas rare de capter du coin de l’œil le filet de lumière d’une étoile filante. Un petit caillou voguant dans le système solaire croise l’orbite de la Terre, au mauvais endroit, au mauvais moment. Pouf! Il se vaporise en plongeant dans la haute atmosphère. Ainsi s’éteint le caillou. Mais les gaz atmosphériques, le long de sa trajectoire, produiront un ultime éclat lumineux, réémettant l’énergie cinétique de la collision cosmique sous forme de lumière et de chaleur. Vite, faites un vœu!
À tout moment de l’année, dans des conditions parfaites, l’éclat d’une dizaine de ces collisions imprévisibles peut être observé chaque heure; c’est ce qu’on appelle des étoiles filantes (ou météores) sporadiques.
Mais de la fin du mois de juillet à la troisième semaine d’août, la Terre parcourt une portion de son orbite jonchée de nombreux débris dus aux passages répétés de la comète 109P/Swift-Tuttle. Le nombre de météores augmente de manière importante : on assiste à une pluie d’étoiles filantes. Le mouvement de la Terre, combiné à la trajectoire commune des particules, crée l’illusion que ces étoiles filantes proviennent toutes d’une même région dans le ciel, à l’image des flocons de neige qui semblent venir du devant de la voiture lorsqu’on file dans une tempête. Dans le cas de la célèbre pluie d’étoiles filantes du mois d’août, ce point d’origine est situé dans la constellation de Persée : c’est pourquoi on parle des Perséides.
Cette année, la récolte s’annonce faste pour les chasseurs de Perséides, particulièrement en Amérique du Nord. Bien que l’activité des Perséides s’étende sur quelques semaines, c’est le moment du pic qui donne son sens à l’expression « pluie » d’étoiles filantes. Cette année, ce maximum est attendu dans la soirée et la nuit du 12 au 13 août, entre 16 heures et 4 heures (heure avancée de l’Est). Dans un ciel parfaitement dégagé et sans pollution lumineuse, on pourrait compter jusqu’à 90 étoiles filantes par heure. Avec une pollution lumineuse modérée, on verra la moitié moins de météores, ce qui n’est quand même pas mal!
Mais l’activité ne se limite pas à cette seule nuit, et grâce à la nouvelle lune qui survient le 11 août, la semaine précédant le maximum et les quelques jours suivants offrent aussi de très bonnes conditions. Le nombre de météores visibles diminue toutefois à mesure qu’on s’éloigne du maximum.
Pour toutes ces nuits, l’activité débute généralement tranquillement avec l’arrivée de l’obscurité, mais s’accélère de la fin du crépuscule jusqu’à l’aube. Pour mieux comprendre pourquoi, reprenons l’analogie de la voiture qui avance dans une tempête de neige. Si vous regardez derrière vous, moins de flocons percutent la lunette arrière de la voiture que le pare-brise avant. La rotation de la Terre sur elle-même au cours de la nuit nous amène graduellement à faire face à la direction du mouvement orbital de la Terre — à se tourner vers le pare-brise, en somme. Terminons ce parallèle entre mécanique céleste et automobile en rappelant que dans le cas de l’observation du ciel, il est préférable d’éteindre les phares et laisser notre vision nocturne nous conduire dans l’obscurité la plus totale. Mais n’essayez pas ceci sur la route!
Les planètes
Un joli cortège de planètes agrémente les soirées d’août : Vénus, Jupiter, Saturne et Mars, de même que Neptune et Uranus pour les observateurs plus aguerris, se partagent l’écliptique presque également. Malheureusement, la géométrie entre l’inclinaison de la Terre et celle de l’écliptique fait en sorte que cette dernière demeure à très basse altitude dans le ciel en soirée à la fin de l’été. Assurez-vous donc d’avoir un horizon sud bien dégagé pour pouvoir mettre l’œil sur ces astres vagabonds.
Vénus domine encore en brillance dans le ciel du crépuscule, mais elle perd graduellement en altitude et se couche de plus en plus tôt. Malgré qu’elle atteigne le 17 août son élongation maximale par rapport au Soleil, la planète glisse tout au long du mois sous l’écliptique. C’est donc relativement bas en direction ouest-sud-ouest, une dizaine de degrés seulement au-dessus de l’horizon, qu’on retrouve l’éclatante planète avant qu’elle ne se couche quelques 75 minutes après le Soleil. Notez aussi le beau rapprochement (6 degrés) entre le croissant de Lune et une demie-Vénus le 14 août.
Jupiter est l’astre le plus brillant en direction sud-ouest, symétriquement disposé entre les étoiles de première magnitude Antarès et Spica. On pourra observer au télescope de nombreux doubles passages d’ombre de lunes joviennes sur la surface nuageuse de la planète géante : parmi ceux-ci, celui du 16 août entre 20 heures et 22 h 15 sera le plus facile à voir depuis le Québec. La proximité de notre Lune (7 degrés) le 16 et le 17 ajoutera une perspective intéressante à ce ballet céleste.
Encore plus au sud, Saturne termine son mouvement rétrograde au cœur de la Voie lactée et de la constellation du Sagittaire. À la fin du mois, la géante aux anneaux se trouve à moins de 2 degrés des nébuleuses de la Lagune et Trifide. Le rapprochement de la Lune (moins de 4 degrés) le soir du 20 août sera aussi une belle occasion d’y jeter un œil.
Enfin, telle une lanterne rougeâtre, Mars brille bas à l’horizon sud-est dès le coucher de Soleil. Forte d’une opposition qui l’a amenée à moins de 58 millions de kilomètres de nous le 28 juillet, la planète rouge se fait tranquillement distancer par la Terre et perd légèrement de son lustre et de son altitude au cours du mois. Vous retrouverez néanmoins facilement la planète rouge à la frontière des constellations du Capricorne et du Sagittaire, dominant en magnitude toutes les planètes et étoiles — même Jupiter — en direction du sud.
Bonnes observations !