Elle arrive des confins glacés du système solaire et frôlera le Soleil le 28 novembre : la comète ISON suscite l’espoir d’un grand spectacle visuel chez les astronomes du monde entier. Mais on ignore encore à quel point elle sera brillante et spectaculaire…
Un noyau de comète, c’est une boule de neige très sale de la taille d’une montagne : à l’échelle du système solaire, c’est petit et sombre. Pour qu’une comète devienne visible, il faut qu’elle soit exposée à la chaleur du Soleil afin que l’eau et les gaz surgelés se subliment et libèrent les poussières qu’ils emprisonnent. C’est ainsi que se forme la chevelure de la comète, une immense enveloppe gazeuse qui entoure le noyau et brille au Soleil. La queue de gaz et de poussière peut s’étirer quant à elle sur des centaines de milliers, voire des millions de kilomètres dans l’espace.
Au moment de sa découverte il y a un peu plus d’un an, la comète C/2012 S1 (ISON) était étonnamment brillante compte tenu de la grande distance à laquelle elle se trouvait alors du Soleil. De plus, sa trajectoire est exceptionnelle : ISON passera à seulement 1,2 million de kilomètres de la surface brûlante du Soleil, soit un peu moins que le diamètre de notre étoile. On croyait même qu’elle deviendrait alors aussi brillante que la Lune ! Il n’en fallait pas plus pour qu’ISON soit qualifiée de « comète du siècle ». Mais, depuis cette déclaration pour le moins prématurée, la comète s’est calmée : sa brillance accuse maintenant du retard par rapport aux prévisions un peu trop optimistes du début.
Les astronomes ne s’étonnent pas de ce comportement : ISON nous arrive tout droit du lointain nuage d’Oort, la région la plus éloignée du système solaire, peuplée de milliards de noyaux de comètes surgelés. Or, ces comètes « nouvelles », qui n’ont jamais été soumises à la chaleur du Soleil, ont souvent tendance à perdre précocement les gaz les plus volatiles qui recouvrent leur noyau, alors qu’elles sont encore loin du Soleil; mais après ce réveil prometteur, leur activité est beaucoup plus modérée.
Certains astronomes estiment que le noyau de la comète ISON mesure entre un et quatre kilomètres de diamètre — trop gros pour s’évaporer complètement lors de son passage à proximité du Soleil malgré des températures dépassant les 2500 degrés. Mais ce noyau n’est pas très solide, et d’autres spécialistes croient qu’en passant si près du Soleil, les forces de marée pourraient provoquer sa dislocation. S’il se fragmentait, le noyau libèrerait subitement beaucoup de poussière, ce qui pourrait produire une queue spectaculaire mais éphémère, comme la comète Lovejoy, visible depuis l’hémisphère Sud en décembre 2011, et dont la photographie illustre cet article.
La comète ISON : plan de match
Jusqu’à son passage au périhélie, la comète ISON sera exclusivement visible en dernière partie de nuit; le meilleur moment pour l’observer étant juste avant le début de l’aube, lorsque le ciel est encore noir mais que la comète gagne de la hauteur au-dessus de l’horizon sud-est.
ISON pourrait devenir visible à l’œil nu vers la mi-novembre, mais uniquement dans un ciel dépourvu de pollution lumineuse. Sinon, c’est aux jumelles qu’il faudra l’observer. Au cours des jours qui précèdent son passage au ras du Soleil, la comète devrait encore gagner en brillance; sa queue, qui se déploie grosso modo en direction opposée à notre étoile, émergera peut-être au-dessus de l’horizon sud-est, avant l’aube. ISON sera alors voisine de Mercure dans le ciel du matin.
ISON passera au plus près du Soleil le 28 novembre vers 13 heures, heure de l’Est; à ce moment, son éclat pourrait dépasser celui de Vénus. Malheureusement, la comète se trouvera alors trop près du Soleil pour qu’on puisse l’observer adéquatement. Par contre, ce soir-là, après le coucher du Soleil et à la tombée de la nuit, on aura peut-être la chance d’apercevoir sa queue qui s’élève presque à la verticale au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest.
Après avoir contourné le Soleil, la comète repartira presque dans la même direction d’où elle est arrivée. Si elle a survécu à son plongeon de la mort, ISON s’écartera rapidement du Soleil et sera bien placée au-dessus de l’horizon est-sud-est, avant l’aube, tout au long du mois de décembre. Après la mi-décembre, ISON sera également visible en début de soirée, au-dessus de l’horizon nord-ouest.
Mais la comète faiblira rapidement, à mesure qu’elle s’éloigne du Soleil. Elle se rapproche toutefois de la Terre : le 26 décembre, elle passera à 63 millions de kilomètres de nous. On pourra l’observer toute la nuit au-dessus de l’horizon nord, parmi les étoiles de la constellation du Dragon, près de la Grande Ourse et de l’étoile Polaire.
Alors, spectaculaire ou pas, la comète ISON ? L’avenir nous le dira. Mais les comètes ont un comportement parfois imprévisible : avec elles, on ne sait jamais avec certitude ce qui peut arriver ! À surveiller de près…
Les planètes en novembre
Vénus atteint sa plus grande élongation, 47 degrés à l’est (la gauche) du Soleil, le premier novembre. Mais la géométrie de son apparition présentement en cours n’est pas favorable, et l’Étoile du Soir demeure plutôt basse à l’horizon sud-ouest au crépuscule et en début de soirée. Heureusement, grâce à sa grande brillance, l’éclatante planète perce aisément les lueurs du Soleil couchant, ce qui en fait une cible facile à repérer. Malgré tout, sa visibilité s’améliore légèrement en novembre : à la fin du mois, Vénus se couche près de trois heures après le Soleil. Le 6 novembre, le mince croissant lunaire se retrouve à 7 degrés de Vénus, plus haut et sur sa droite.
Un petit télescope montrera bien les phases de la planète, qui rappellent celles de la Lune : au début de novembre, elle nous apparaît comme une demie-Vénus et se transforme en un croissant de plus en plus mince à mesure que le mois progresse. Ces changements spectaculaires se poursuivront de plus belle tout au long du mois de décembre.
Moins de deux heures après le coucher de Vénus, une autre planète très brillante fait son apparition dans le ciel : c’est Jupiter, qui se lève au nord-est au courant de la soirée. La planète géante culmine vers 4 heures du matin, très haut en direction sud, sous les étoiles de la constellation des Gémeaux. La Lune gibbeuse décroissante passe sous Jupiter dans la nuit du 21 au 22 novembre.
Mars se lève à son tour vers une heure du matin au-dessus de l’horizon est, et est bien visible en seconde moitié de nuit. La planète rouge se trouve présentement entre Régulus, l’étoile principale du Lion, et la brillante Spica, dans la Vierge. Le croissant lunaire reposera à la droite de Mars le matin du 27 novembre.
Après la mi-novembre, une troisième planète se joint à Jupiter et Mars : il s’agit de Mercure, qui se lève à l’aube au sud-est, environ une heure et demie avant le Soleil. Cette apparition favorable de Mercure se prolonge jusqu’à la mi-décembre, et devrait vous fournir l’occasion de repérer aisément la petite planète.
Rappelons en terminant que le retour à l’heure normale aura lieu tôt dans la nuit du dimanche 3 novembre. Montres et horloges reculent alors d’une heure : un peu moins de clarté en fin d’après-midi, mais plus de lumière pour démarrer la journée!
Bonnes observations !