Septembre est un mois que nous abordons souvent à reculons, que ce soit à cause de la fin des vacances, le retour à l’école ou le rangement des sandales au profit des chaussures. Mais cette année, même les planètes ne sauront sur quel pied danser !
Expérience de rétrogradation
Comme pour les étoiles, la Lune et le Soleil, nous observons les planètes dériver quotidiennement d’est en ouest dans notre ciel. En fait, c’est nous qui dérivons, emportés par la rotation de la Terre sur elle-même. Si nous pouvions stopper la rotation de notre planète, la lente course des planètes autour du Soleil, mise en évidence par les étoiles fixes en arrière-plan, serait alors le seul mouvement perceptible.
La trajectoire des planètes parmi les étoiles se produit de façon générale vers l’est, c’est-à-dire vers la gauche pour les observateurs de l’hémisphère Nord, mais périodiquement cette direction s’inverse et les planètes semblent reculer vers l’ouest. Pour les planètes extérieures, ce mouvement rétrograde a été, jusqu’à la Renaissance, une pierre d’achoppement dans nos modèles d’Univers; ceux qui défendaient les théories géocentriques et qui croyaient que les planètes se déplaçaient sur des sphères parfaites avaient bien du mal à expliquer ces étonnantes figures ! Tentons une expérience afin de comprendre ce qui se passe…
Levez le bras droit vers la droite, parallèlement au sol, et pointez le pouce vers le haut; il représentera une planète supérieure, disons Jupiter. Sans bouger le reste de votre corps, tournez la tête pour faire face à votre pouce levé et fermez un œil; votre œil ouvert représentera alors la Terre. Nous voilà prêts à commencer.
Sans tourner votre tête, simulez la révolution de Jupiter en tournant votre bras jusqu’à ce que votre pouce soit devant vous. Remarquez qu’il se déplace de droite à gauche et notez devant quel élément d’arrière-plan il s’arrête : un cadre sur le mur, une fenêtre ou un arbre – le plus loin possible.
Maintenant, sans bouger votre bras, simulez la révolution de la Terre en tournant la tête de 180° pour faire face à la gauche et portez attention au mouvement apparent de votre pouce par rapport aux éléments d’arrière-plan : il semble reculer et bouger vers la droite ! Cette perception de recul est le mouvement rétrograde.
Puis reprenez le mouvement de votre bras pour voir votre pouce se déplacer vers la gauche de nouveau.
En réalité, le mouvement des planètes est continu et simultané. Si vous avez une bonne coordination et un sens aiguisé de l’observation, vous pouvez tenter les deux mouvements (le pouce et la tête) en même temps, mais il faut alors bouger le bras très lentement. Vous pouvez aussi expérimenter en approchant le pouce du visage, simulant alors une planète plus proche, telle Mars, et en notant que le mouvement rétrograde semblera encore plus important. Mais dans tous les cas, si la Terre ne se déplaçait pas autour du Soleil (qu’on imagine situé au centre de rotation de votre nuque), ce mouvement rétrograde n’existerait pas.
1-0 héliocentrisme !
Va-et-vient planétaire dans le ciel de septembre
La brillante Jupiter domine le ciel à la brunante. Culminant un peu plus de 20 degrés au-dessus de l’horizon sud entre 21 heures au début de septembre et 19 heures à la fin du mois, elle est très facile à repérer grâce à son éclat franc. Légèrement moins brillante, Saturne suit Jupiter de près et se trouve quelque 8 degrés à sa gauche, soit à un peu moins que la largeur du poing tendu à bout de bras. Alors que leur mouvement rétrograde tire à sa fin, les deux planètes sembleront quasi stationnaires par rapport aux étoiles du Sagittaire avant de reprendre leur lente migration vers l’est, le 13 septembre pour Jupiter puis le 29 pour Saturne. Le soir des 24 et 25 septembre, le passage du premier quartier de Lune dans cette région du ciel saura sans doute y attirer votre regard.
Le rapprochement entre Mars et la Terre atteindra son point culminant le 6 octobre. Tout au long du mois de septembre, la planète rouge gagnera non seulement en éclat (elle passe de magnitude –1,8 à –2,3) mais aussi en taille apparente (passant de 18,9 à 21,6 secondes d’arc); en même temps, elle se lève à une heure de plus en plus commode, de 22 heures au début du mois, à 20 heures à la fin. Guettez l’apparition d’un très brillant point de lumière orangé à l’horizon est, parmi les étoiles de la constellation des Poissons. D’abord près de la branche gauche du grand « V » dessiné par les Poissons, Mars entreprend sa boucle rétrograde le 9 septembre pour revenir vers la branche de droite à la fin du mois. Mais nul besoin de vous fier là-dessus pour trouver la planète rouge : elle est de loin l’astre le plus étincelant dans cette région du ciel cette année, hormis la nuit du 5 au 6 septembre, alors que la Lune gibbeuse croissante s’approche à moins d’un demi-degré sous Mars. Une conjonction à ne pas manquer ! Une bonne partie de l’hémisphère Sud aura même la chance d’assister à une occultation de Mars par notre satellite naturel.
Au long de la course de la Lune
Parlant de notre acolyte, la Lune gibbeuse décroissante ira se loger entre les amas des Pléiades et des Hyades, un très bel agencement qui se lève aux environs de 23 heures le soir du 8 septembre.
Quelque jour plus tard, le matin du 14 septembre, la Lune en fin croissant retrouvera Vénus et l’amas de la Ruche (M44), qui se lèvent à l’horizon est-nord-est après 3 heures. Les membres de ce trio seront assez rapprochés les uns des autres (moins de 4 degrés) pour entrer dans le même champ de vision de la majorité des jumelles. Vénus, dans son rôle d’Étoile du matin, sera d’ailleurs très bien placée tout le mois durant pour les observateurs matinaux, bien haut au-dessus de l’horizon est à l’aube et extrêmement brillante (magnitude –4,2).
Finalement, la nouvelle lune du 17 septembre sera l’occasion de renouer avec le ciel profond, et particulièrement avec la galaxie d’Andromède qui revient en position idéale d’observation, bien haute et visible toute la nuit à cette période de l’année.
Bonnes observations !