Il est de mise, pour cette première chronique de la nouvelle année, de jeter un coup d’œil sur les principaux phénomènes astronomiques qui attendent les amoureux du ciel au cours des douze prochains mois.
Éclipses
Quatre éclipses, solaires ou lunaires, se produiront quelque part sur Terre en 2014; et pas moins de trois d’entre elles seront visibles en entier ou en partie du Québec!
La première, une éclipse totale de Lune, aura lieu aux petites heures du matin le 15 avril; au Québec, la totalité se terminera juste avant l’aube, tandis que les phases partielles finales se dérouleront dans la clarté grandissante du jour qui approche. Spica, l’étoile principale de la constellation de la Vierge, brillera tout près de la Lune éclipsée.
Six mois plus tard, il faudra encore se lever tôt pour assister à la seconde éclipse totale de Lune de l’année, aux petites heures du matin le 8 octobre. Cette fois, au Québec, l’aube commencera juste après le début de la totalité; en fait, la Lune éclipsée se couchera à l’ouest pendant que le jour se lève à l’est!
En octobre toujours, une éclipse partielle de Soleil aura lieu en fin de journée le 23; elle sera visible à divers degrés depuis une bonne partie de l’Amérique du Nord et maximale dans la partie ouest de la baie d’Hudson, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut. Dans l’ouest du Québec, l’éclipse ne fera toutefois que commencer lorsque le Soleil se couchera. À Montréal, par exemple, l’éclipse débutera seulement une quinzaine de minutes avant le coucher du Soleil : lorsque l’astre du jour sera à l’horizon, à peine 9 pour cent de sa surface sera masquée par la Lune. À Québec, c’est un minuscule 2 pour cent de la surface du Soleil qui sera caché à son coucher. À défaut d’être réellement spectaculaire, on pourra certainement qualifier cette éclipse de curiosité.
Pluies d’étoiles filantes
Les pluies d’étoiles filantes sont un autre phénomène récurrent pour lequel il est possible de prévoir, dans une certaine mesure, la qualité du spectacle potentiel. Dans cette perspective, autant le dire d’entrée de jeu : ce sera une mauvaise année pour les fameuse Perséides du mois d’août, puisque le maximum de cette pluie coïncidera avec la pleine lune. Par contre, d’autres pluies, moins connues du public mais tout aussi intéressantes, bénéficieront en 2014 de conditions favorables.
Par exemple, le maximum des Quadrantides est attendu le 3 janvier, moins de trois jours après la nouvelle lune. Les conditions seront donc excellentes pour cette pluie peu connue, mais qui est pourtant l’une des deux plus fortes de l’année. Un bémol toutefois : l’heure prévue du maximum favorise les observateurs situés en Asie. Étant donné que le maximum d’activité des Quadrantides est de relativement courte durée, il pourrait ne rester que des miettes lorsque la nuit tombera au Québec et ailleurs en Amérique du Nord. Le radiant de cette pluie est situé dans la partie nord du Bouvier, là où se trouvait la constellation aujourd’hui désuète du Quadrant Mural, un instrument utilisé autrefois pour mesurer la hauteur des astres par rapport à l’horizon.
Les Êta Aquarides en mai, les Orionides en octobre, et les Géminides en décembre sont d’autres pluies de météores d’intensité moyenne à forte qui se dérouleront dans des conditions favorables en 2014.
La pluie la plus intense de l’année pourrait toutefois se produire tôt le matin du 24 mai, lorsque la Terre traversera une traînée de débris provenant de la comète 209P/LINEAR. Vers 3 heures heure de l’Est, juste avant l’aube, on pourrait assister pendant une heure ou deux à un important sursaut d’activité, dépassant probablement la centaine de météores à l’heure. La Lune sera à son dernier croissant, quatre jours avant la nouvelle lune, et ne gênera pas les observations de manière significative. Le radiant de cette nouvelle pluie sera situé dans la constellation de la Girafe, près de l’étoile Polaire, entre Cassiopée et la Grande Ourse. À surveiller!
Du côté des planètes
Au cours des premiers jours de janvier, Vénus est encore visible très bas au sud-ouest au crépuscule. Mais la brillante planète disparaît bientôt dans les lueurs du couchant : elle passe entre la Terre et le Soleil le 11 janvier, pour réapparaître quelques jours plus tard dans le ciel du matin. C’est là qu’elle séjournera pendant la majeure partie de l’année, s’offrant au regard des lève-tôt jusqu’en octobre, avant de repasser dans le ciel du soir à temps pour clore l’année.
Jupiter commence l’année en force, puisque la planète géante est à l’opposition le 5 janvier. C’est la période la plus favorable pour observer une planète : non seulement est-elle au plus près de la Terre et à son éclat maximum, mais elle se trouve à l’opposé du Soleil dans le ciel : elle se lève donc au crépuscule et se couche à l’aube. Au milieu des nuits de janvier, Jupiter passe très haut dans le ciel, une position idéale pour l’examiner au télescope. Au cours des prochains mois, Jupiter culmine de plus en plus tôt en soirée. On perdra la planète de vue en juin, pour la retrouver à l’aube vers la fin de l’été.
En avril, ce sera au tour de Mars d’arriver à l’opposition. L’opposition martienne revêt une importance particulière : en effet, la planète est si petite que la fenêtre favorable pour l’observer au télescope ne dure qu’une douzaine de semaines, et ne se répète qu’à tous les 26 mois. Malheureusement pour nous, Mars se trouve actuellement dans la constellation de la Vierge, une région du ciel qui ne monte pas très haut dans le ciel du Québec. Qu’à cela ne tienne : en 2014, du début mars au début juin, tous les télescopes seront pointés vers la planète rouge. Mars continuera de briller en soirée jusqu’au début de 2015.
Après Mars, Saturne sera à l’opposition en mai. Présentement dans la Balance, la planète aux anneaux est également basse sur l’horizon, ce qui dégrade la qualité des images que nous en donnent les télescopes. Malgré tout, la vue de ses magnifiques anneaux, présentement inclinés d’environ 22 degrés vers la Terre et bien ouverts, vous fascinera.
Mercure effectue une excellente apparition dans le ciel du soir, du 20 janvier au 5 février. Vous repèrerez la petite planète en direction ouest-sud-ouest, au crépuscule; ne manquez pas le croissant lunaire qui lui rendra visite le soir du 31 janvier! Un autre très bon passage de Mercure dans le ciel du soir aura lieu en mai, tandis qu’une excellente fenêtre de visibilité dans le ciel du matin se produira de la dernière semaine d’octobre à la mi-novembre.
La conjonction planétaire la plus spectaculaire de l’année aura lieu le matin du 18 août, au début de l’aube : les deux planètes les plus brillantes, Vénus et Jupiter, se lèveront en tandem au-dessus de l’horizon est-nord-est, séparées d’un quart de degré à peine. Le 23 août, le mince croissant lunaire rejoint Vénus et Jupiter à l’aube, et forme un triangle remarquable avec les deux brillantes planètes.
Bonne année 2014, et bonnes observations !