Chaque nouvelle année apporte la promesse d’observations enrichissantes. Qu’il s’agisse d’éclipses, d’étoiles filantes ou de planètes brillantes, voici un aperçu des phénomènes astronomiques à surveiller en janvier et au cours de l’année qui s’amorce.
Pluies de météores
Le début de l’année ramène les Quadrantides, une pluie en principe forte, mais difficile à observer et à apprécier à sa pleine valeur. Non seulement se produit-elle en tout début d’année, avec le froid et les nuages qu’imposent les conditions hivernales, mais son maximum ne dure que quelques heures. Cette année, on prévoit qu’il se produira vers 15h40 le 3 janvier, en plein jour chez nous : le niveau d’activité sera probablement bas au cours de la nuit qui précède (du 2 au 3 janvier) et de celle qui suit (du 3 au 4). Dommage, puisque ce sera la nouvelle lune; même avec la promesse d’une nuit bien noire et dégagée, il serait étonnant de compter plus de cinq Quadrantides à l’heure.
La présence de la Lune est toujours le facteur limitant pour l’observation des pluies d’étoiles filantes, et 2022 ne fait pas exception. À cet égard, outre les Quadrantides, les Êta Aquarides d’avril profiteront de conditions assez favorables en 2022. Pour les autre pluies annuelles principales, dont les bien aimées Perséides, mais aussi les Orionides, les Léonides et les Géminides, il faudra malheureusement composer avec la présence gênante de la Lune. À surveiller cependant, des sursauts possibles des Tau Herculides, dans la nuit du 30 au 31 mai, et des Léonides à la mi-novembre.
Deux éclipses lunaires à voir
Tous types confondus, il y aura quatre éclipses au courant de l’année. Les deux éclipses solaires seront partielles, et ni l’une ni l’autre ne sera visible depuis l’Amérique du Nord. En revanche, au Québec, nous pourrons assister aux deux éclipses totales de la Lune qui se produiront en 2022. La première aura lieu dans la nuit du 15 au 16 mai, et puisque son maximum surviendra peu après minuit (heure de l’Est), elle sera visible du début à la fin dans notre coin du monde. Une autre éclipse lunaire totale aura lieu tôt le 8 novembre, en fin de nuit et à l’aube : l’éclipse totale atteindra son maximum vers 5h59 et la totalité prendra fin à 6h41, juste au moment où la Lune se couche au nord-ouest à Montréal… et que le Soleil se lève en direction opposée ! Cette fois, ce sont les régions bordant le Pacifique qui verront le phénomène au complet.
Du côté des planètes
Lorsque débute l’année 2022, on peut encore apercevoir Saturne très près de l’horizon sud-ouest au crépuscule; le 4 janvier en fin de journée, 45 minutes après le coucher du Soleil, remarquez le mince croissant lunaire qui repose 5 degrés en bas et à gauche de la planète aux anneaux. Mais ce sera bientôt la fin de cette période de visibilité de Saturne, qui disparaît peu à peu dans l’éclat du Soleil couchant après le 20 janvier. La conjonction solaire a lieu le 4 février, et Saturne réapparaîtra dans le ciel du matin vers la fin du même mois, très bas à l’est-sud-est 30 minutes avant le lever du Soleil. Saturne s’écarte graduellement du Soleil au fil des semaines, mais c’est l’été prochain qu’elle sera à son meilleur, au cours des semaines entourant son opposition du 14 août.
Une vingtaine de degrés à l’est (à gauche) de Saturne, et considérablement plus brillante, la planète Jupiter domine le ciel en début de nuit au cours des premières semaines de l’hiver. Le 5 janvier au crépuscule, le mince croissant lunaire repose 5 degrés sous la planète géante; admirez ce duo bas à l’horizon sud-ouest, 45 minutes après le coucher du Soleil et en début de soirée. Comme sa voisine Saturne, Jupiter est aussi sur le point de disparaître dans les lueurs du Soleil couchant : on pourra l’apercevoir assez facilement jusqu’à la mi-février, très bas à l’horizon sud-ouest, 30 à 45 minutes après le coucher du Soleil, puis on la perdra de vue au cours de la troisième semaine de février. La planète géante passe en conjonction solaire le 5 mars. On la retrouvera en avril, vers l’est à l’aube, mais jusqu’en juin, elle ne sera visible qu’en seconde moitié de nuit. Jupiter sera à son tour à l’opposition le 26 septembre.
En 2022, ce sont surtout les lève-tôt qui profiteront d’une apparition (très) matinale de Vénus qui durera presque toute l’année. Dès les derniers soirs de 2021, on perd de vue la brillante Étoile du Soir dans les lueurs du Soleil couchant; elle se retrouve en conjonction inférieure (entre la Terre et le Soleil) le 8 janvier et passe officiellement dans le ciel du matin. Rapidement, Vénus s’écarte à nouveau du Soleil et quelques jours plus tard, on commence à apercevoir la nouvelle Étoile du Matin au-dessus de l’horizon est-sud-est, une trentaine de minutes avant le lever du jour. En seulement quelques semaines, vers la mi-février, Vénus se hisse jusqu’à 18 degrés au-dessus de l’horizon sud-est au moment où l’aube civile commence; cela coïncide avec la période où la planète atteint son éclat maximal (mag –4,8), autour du 9 février. C’est cependant la hauteur maximale qu’atteindra Vénus au cours de cette appariton dans le ciel du matin, car même si la planète s’écarte encore du Soleil, l’inclinaison défavorable de l’écliptique par rapport à l’horizon entre en jeu : après la mi-février, Vénus apparaît graduellement plus basse, tandis qu’elle glisse lentement le long de l’horizon au fil des semaines, du sud-est jusqu’à l’est-nord-est. Vénus atteint sa plus grande élongation le 20 mars, 46,6 degrés à l’ouest du Soleil, mais elle a déjà perdu un bon 5 degrés de hauteur à l’aube.
Une belle apparition de Mercure
Mercure entreprend 2022 avec une très bonne apparition dans le ciel du soir. La petite planète est visible jusqu’au 16 janvier au-dessus de l’horizon sud-ouest, une trentaine de minutes après le coucher du Soleil. Mais attention, sa luminosité décroît de soir en soir : Mercure est donc plus facile à voir au cours des tout premiers soirs de l’année. Le 3 janvier au crépuscule, essayez de trouver le très mince croissant lunaire, 5 degrés sous Mercure et 11 degrés à gauche de Vénus : il sera cependant très difficile à repérer, presque au ras de l’horizon sud-ouest seulement 20 minutes après le coucher du Soleil.
Planète la plus rapprochée du Soleil dont elle ne s’écarte jamais beaucoup, Mercure connaît ses meilleures périodes de visibilité en soirée au cours de l’hiver et du printemps, comme celle qui aura lieu entre le 13 avril et le 10 mai prochain. Mercure est aussi visible périodiquement dans le ciel du matin : dans ce cas, ce sont ses apparitions durant l’été et l’automne qui sont les plus favorables, par exemple tout au long du mois d’octobre 2022.
Opposition martienne en décembre
La grande attraction du côté planétaire reste cependant l’opposition de Mars, qui aura lieu au cours des derniers mois de 2022. Mais il faudra faire preuve de patience car la planète rouge se fera plutôt discrète pendant la première moitié de l’année : encore éloignée de la Terre, petite et relativement faible, elle n’est visible qu’en toute fin de nuit et aux premières lueurs de l’aube, très bas au sud-est. En janvier, on peut l’apercevoir non loin d’Antarès, la belle étoile principale du Scorpion dont la teinte et l’éclat évoquent ceux de Mars. Le matin du 29 janvier, bas au sud-est une heure avant le lever du Soleil, cherchez la mince Lune décroissante qui repose seulement 3 ½ degrés en bas et à droite de la planète rouge et 14 degrés de l’intincelanteVénus.
Ce n’est qu’à partir de l’été que Mars gagnera enfin de la hauteur et deviendra plus brillante. À compter du début d’août, on commencera même à l’apercevoir avant minuit au-dessus de l’horizon est-nord-est, mais c’est surtout la période entre la fin d’octobre et la fin de décembre qui sera la plus favorable pour l’observation de la planète rouge. Même si elle se trouvera sensiblement plus éloignée de nous et plus petite qu’en 2020, Mars passera beaucoup plus haut dans le ciel, culminant à environ 69 degrés au-dessus de l’horizon sud, et brillant parmi les étoiles du Taureau, près des magnifiques amas d’étoiles des Hyades et des Pléiades. L’opposition proprement dite surviendra le 7 décembre et en prime ce soir-là, la pleine Lune passera directement devant Mars, nous cachant la planète pendant plus d’une heure — un phénomène tout simplement exceptionnel !
Bonne année astronomique 2022, et bonnes observations !