Comète C/2022 E3 (ZTF)
Découverte au début de mars 2022 grâce au télescope Zwicky Transient Facility de l'Observatoire du mont Palomar, la comète C/2022 E3 (ZTF) est présentement observable pratiquement toute la nuit depuis les latitudes moyennes de l'hémisphère Nord. Dans un ciel bien noir, sous d'excellentes conditions, elle pourrait devenir tout juste visible à l'œil nu, mais elle sera plus facile à détecter aux jumelles. On la trouve en direction nord, bas à l'horizon en début de soirée, mais elle gagne de la hauteur tard dans la nuit. En seconde moitié de janvier, elle passera entre l'étoile Polaire et la fameuse «grande casserole», ce groupe d'étoiles bien connu dans la constellation de la Grande Ourse. Par contre, la présence de la Lune de plus en plus pleine va compliquer les choses en raison de sa luminosité gênante.
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Entre pluies de météores et éclipses de Soleil ou de Lune, découvrez les principaux phénomènes astronomiques à admirer cette année.
Pluies de météores
Presque à chaque année, la pluie des Quadrantides est le premier phénomène astronomique digne de mention qu’on remarque au calendrier. Bien qu’il s’agisse d’une des pluies les plus fortes de l’année, elle demeure méconnue du grand public en raison de sa très courte durée et des conditions d’observation difficiles au cœur de l’hiver. Au moment où son maximum est attendu, vers 22h40 le soir du 3 janvier, le radiant des Quandrantides est encore très bas à l’horizon nord-nord-est et la Lune gibbeuse croissante fait lourdement sentir sa présence lumineuse. Il existera toutefois un courte fenêtre favorable, quelques heures plus tard : après 5 heures le matin du 4 janvier, la Lune sera sur le point de se coucher, et le radiant sera à près de 60 degrés d’élévation vers l’est. Sous un ciel bien dégagé à la campagne, loin de toute pollution lumineuse, il pourrait être possible de compter une trentaine de Quadrantides à l’heure, jusqu’à ce que l’aube mette fin au spectacle.
Plusieurs des autres pluies récurrentes sur une base annuelle bénéficieront en 2023 de conditions intéressantes, voire très favorables. Ainsi, les Lyrides en avril, les bien-aimées Perséides en août, ainsi que les Orionides, les Léonides et les Géminides l’automne prochain, seront à surveiller.
Éclipse partielle de Soleil en octobre
Il y aura quatre éclipses en 2023, deux lunaires et deux solaires. Les deux premières éclipses de l’année ne seront pas du tout observables depuis l’Amérique du Nord. Seules les deux éclipses d’octobre, une solaire et une lunaire, seront visibles en partie depuis le Québec.
L’éclipse solaire du 14 octobre se produira à un moment où la Lune est trop éloignée de la Terre pour cacher complètement le Soleil : dans un corridor bien précis à la surface du globe, on pourra assister à une éclipse annulaire, où la surface du Soleil demeure toujours visible et dessine un anneau de lumière autour de la silhouette de la Lune au plus fort du phénomène. Cette bande d’annularité traverse notamment l’Ouest et le Sud-Ouest des États-Unis, de l’Oregon au Texas, puis le Yucatán, le Belize, le Honduras, le Nicaragua, le Panama, la Colombie et le Brésil. Ailleurs en Amérique, et notamment au Québec, on aura droit à une éclipse partielle à divers degrés. À Montréal, en début d’après-midi, jusqu’à 17 pour cent de la surface du Soleil sera masquée par la Lune. Ce sera une répétition pour l’éclipse totale du 8 avril 2024.
C’est uniquement depuis depuis l’Arctique, l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Australie qu’on pourra voir du début à la fin l’éclipse lunaire du 28 octobre. Il s’agit par ailleurs d’une éclipse partielle, très peu profonde; seule une petite section du disque lunaire, dans sa partie sud, trempera dans l’ombre de la Terre. Dans les provinces Atlantiques, sur la basse Côte-Nord et dans l’extrême nord du Québec, l’éclipse partielle sera sur le point de se terminer et il manquera un tout petit bout de Lune lorsqu’elle se lèvera en fin d’après-midi. Dans le sud de la province, il n’y aura malheureusement plus rien à voir puisque la Lune sera déjà sortie du cône d’ombre de la Terre et se trouvera seulement dans la subtile pénombre lorsqu’elle émergera au-dessus de l’horizon. La prochaine éclipse totale de Lune visible en entier du Québec n’aura lieu qu’en 2025, dans la nuit du 13 au 14 mai.
Du côté des planètes
En ce début d’année, tournez votre regard vers l’horizon sud-ouest dans l’heure qui suit le coucher du Soleil, et vous y apercevrez l’éclatante Vénus qui brille de mille feux dans les lueurs du crépuscule, à une dizaine de degrés de hauteur. La belle Étoile du soir accompagnera ainsi nos soirées jusqu’à l’été prochain. De semaine en semaine, jusqu’en avril, Vénus gagne de la hauteur, tandis qu’elle glisse graduellement vers l’ouest, c’est-à-dire vers la droite le long de l’horizon. En mai, elle dominera nos débuts de soirée à plus de trente degrés de hauteur vers l’ouest, demeurant alors visible plus de trois heures et demie après le coucher du Soleil. Mais toute bonne chose ayant une fin, l’écart entre Vénus et le Soleil diminue ensuite graduellement et la belle planète se rapproche peu à peu de l’horizon. Vénus disparaît dans l’éclat du Soleil vers la fin de juillet, avant de passer entre la Terre et le Soleil en août. Elle émergera ensuite à l’est pendant l’aube, où elle effectuera une excellente apparition matinale jusqu’au printemps 2024.
Le 22 janvier, Vénus et Saturne, beaucoup moins brillante, se croisent dans le ciel; à peine un tiers de degré sépare les deux planètes au crépuscule, avec Saturne un peu plus haut et sur la droite de Vénus. Le lendemain soir, 23 janvier, le mince croissant lunaire repose 7 degrés sur la gauche du duo planétaire, et légèrement plus haut par rapport à l’horizon.
Contrairement à Vénus, Saturne achève ce mois-ci sa présence dans le ciel du soir. Plus tôt en janvier, avant sa rencontre avec Vénus, on peut apercevoir la planète aux anneaux au-dessus de l’horizon sud-ouest à la tombée de la nuit. Mais Saturne se fait rattraper par le Soleil et nous apparaît plus basse dans le ciel à chaque soir qui passe; nous la perdrons de vue dans les couleurs du Soleil couchant au cours des premiers jours de février. Saturne sera en conjonction solaire le 16 février puis réapparaîtra dans le ciel du matin en mars. Les meilleures conditions d’observation de la planète ne surviendront toutefois qu’en seconde moitié d’été, alors que Saturne sera à l’opposition le 27 août : on la retrouvera alors dans la constellation du Verseau, et elle brillera un peu plus haut dans le ciel qu’au cours des dernières années — une amélioration pour l’observation au télescope.
Très haut vers le sud au crépuscule, un autre astre très brillant capte notre attention en ce mois de janvier : il s’agit de la planète Jupiter, qu’on peut admirer dans d’excellentes conditions dès la tombée de la nuit. Le soir du 25 janvier, contemplez le croissant lunaire qui repose à seulement 3 degrés sous la planète géante. Jupiter aussi se fait lentement rattraper par le Soleil, et la planète géante rencontrera Vénus le soir du 1er mars : une conjonction qui promet d’être spectaculaire, alors que l’écart entre les deux planètes les plus brillantes sera de seulement un demi-degré. Jupiter demeurera visible en début de soirée jusqu’à la fin de mars, avant de passer à son tour derrière le Soleil le 11 avril. La planète émergera à nouveau dans le ciel du matin en mai, mais l’opposition n’aura lieu le 2 novembre, ce qui place les meilleures conditions d’observation à l’automne.
Un mois après être passée à l’opposition, le 8 décembre, Mars est encore assez proche de la Terre pour dévoiler quelques détails de sa surface dans un télescope d’amateur. En janvier, la planète rouge culmine très haut au sud en milieu de soirée, et brille comme une étoile orangée supplémentaire dans la constellation du Taureau. La Lune gibbeuse croissante s’en approche à seulement 1 ½ degré le soir du 3 janvier, et encore plus près dans la nuit du 30 au 31 janvier. Cependant, Mars s’éloigne rapidement de la Terre au cours des premières semaines de 2023; la planète rouge faiblit dans le ciel et devient de plus en plus petite dans nos télescopes. Mais comme elle se déplace plutôt vite sur son orbite, le Soleil met plus de temps à la rattraper : on continuera donc à la voir en soirée jusqu’au milieu de l’été, avant qu’elle ne disparaisse dans les lueurs du crépuscule. Mars sera en conjonction avec le Soleil le 18 novembre. D’ici là, la planète rouge aura parcouru le tiers du ciel, traversant plusieurs constellations familières : du Taureau, elle passe dans les Gémeaux à la fin de mars, dans le Cancer le 16 mai, dans le Lion le 20 juin, puis dans la Vierge le 17 août. La prochaine opposition martienne n’aura lieu qu’au début de 2025.
Un mot sur la planète la plus difficile à voir car toujours très proche du Soleil : Mercure amorce l’année en conjonction inférieure le 7 janvier, entre la Terre et le Soleil, puis elle passe aussitôt dans le ciel du matin où elle effectue une apparition du 15 janvier au 12 février. Cherchez un petit point de lumière une dizaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-est, 45 minutes avant le lever du Soleil; vous profiterez des meilleures conditions pour voir la petite planète entre le 20 janvier et le 2 février. Mercure se montrera à quelques autres reprises au courant de l’année, alternant ses périodes de visibilité entre le crépuscule et l’aube. Son apparition du 25 mars au 22 avril dans le ciel du soir, ainsi que celle du 14 septembre au 10 octobre dans le ciel du matin, seront les meilleures en 2023.
Bonne année astronomique 2023, et bonnes observations !