Outre les habituelles pluies de météores et observations planétaires, l’année 2024 sera incontestablement marquée par l’événement astronomique le plus important de ce début du 21e siècle au Québec : une éclipse totale de Soleil, la première du genre à se produire en un demi-siècle dans notre coin de planète.
Il faut en effet remonter très loin, jusqu’au 10 juillet 1972, pour retrouver la dernière éclipse totale de Soleil qui soit passée sur le Québec, plus précisément sur la Côte-Nord et en Gaspésie. Cap-Chat se trouvait d’ailleurs pratiquement sur la ligne centrale de l’éclipse, et bon nombre d’astronomes amateurs et de curieux s’y étaient donné rendez-vous à l’époque. À l’échelle du Canada, la dernière éclipse solaire totale remonte au 1er août 2008, mais elle n’était visible que dans l’archipel arctique canadien, au Nunavut.
L’éclipse de Soleil du 8 avril 2024 sera totale à l’intérieur d’un couloir large de seulement 200 kilomètres environ, mais qui s’étire du Pacifique à l’Atlantique sur plus de 14 700 kilomètres. Cette « bande de totalité », comme on l’appelle, passe par le Mexique, traverse les États-Unis du Texas au Maine, longe le sud et l’est de l’Ontario, survole le sud du Québec ainsi que le Nouveau-Brunswick, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve. Ailleurs en Amérique du Nord, en Amérique centrale et dans les Caraïbes, on pourra voir une éclipse de Soleil partielle à divers degrés.
Au Québec, le phénomène atteint son maximum en milieu d’après-midi, aux alentours de 15h27. L’île de Montréal chevauche la limite nord de la bande de totalité et la durée prévue de l’éclipse totale y varie de zéro à une minute et demie environ, selon le quartier où on se trouve ! Sur la Rive-Sud, il sera possible de se rapprocher davantage de la ligne centrale de l’éclipse, là où le phénomène offre la plus longue durée : à certains endroits en Estrie, l’éclipse totale durera plus de trois minutes et demie !
Il faut voir une éclipse totale de Soleil au moins une fois dans sa vie ! Il s’agit d’une expérience unique qu’une éclipse partielle de Soleil, même à 99,9% dans les secteurs limitrophes, n’arrivera jamais à égaler ! Si vous en avez la possibilité, et si vous n’y êtes pas déjà, faites l’effort requis pour vous retrouver dans la bande de totalité le 8 avril prochain. Vous ne le regretterez pas.
Cela dit, comme le ciel est souvent nuageux dans le sud du Québec au début d’avril, la mobilité sera la clé du succès : en fonction des prévisions météo, et à quelques heures d’avis, vous pourrez ajuster votre lieu d’observation le long de la bande de totalité afin de maximiser vos chances d’admirer, dans les meilleures conditions possibles, ce phénomène aussi rare que grandiose.
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D’autres éclipses en 2024
L’éclipse du 8 avril ne sera pas la seule à se produire en 2024. Il y en aura en fait quatre en tout, deux lunaires et deux solaires, mais seules les deux éclipses lunaires seront aussi visibles depuis l’Amérique du Nord. La seconde éclipse solaire cette année, annulaire celle-là, aura lieu le 2 octobre, mais il faudra se trouver dans le Pacifique ou en Amérique du Sud pour l’observer.
L’éclipse de Lune par la pénombre du 25 mars sera peu remarquable, sauf pour un léger assombrissement de la partie sud de la Lune perceptible autour du maximum du phénomène, vers 3h12 HAE. L’éclipse partielle de Lune du 17 septembre aura un peu plus d’impact visuel, même si elle sera très peu profonde; seule une petite portion du disque lunaire, dans sa partie nord, touchera à l’ombre de la Terre pendant 62 minutes, de 22h13 à 23h15 HAE. La prochaine éclipse totale de Lune visible en entier du Québec se déroulera quant à elle dans la nuit du 13 au 14 mai 2025.
Pluies de météores
Les amoureux et amoureuses du ciel nocturne ont une affection particulière pour les étoiles filantes. Pour des raisons climatiques évidentes, les fameuses Perséides du mois d’août sont davantage connues du public, mais ce n’est pas la seule pluie de météores qui se déroule durant l’année. En fait, les premiers météores se manifestent dès le début de janvier avec les Quadrantides, une pluie très intense mais de courte durée et difficile à observer. Dans les dernières heures de la nuit du 3 au 4 janvier, si le ciel est limpide et dégagé, on pourrait compter une vingtaine de Quadrantides à l’heure en prenant bien soin de dissimuler le dernier quartier de Lune derrière un obstacle pour ne pas qu’il nous éblouisse. Parmi les autres pluies annuelles majeures, on notera que les Êta Aquarides (début mai) et les Perséides (mi-août) se dérouleront dans des conditions plutôt favorables en 2024.
Du côté des planètes
Deux planètes brillantes attirent notre attention à la tombée de la nuit en janvier. On reconnaît aisément Jupiter, qui brille de mille feux très haut vers le sud en début de soirée, déclassant tous les autres astres nocturnes hormis la Lune gibbeuse qui lui rend visite le 18 janvier. La planète géante accompagnera nos soirées jusqu’en mars prochain, puis disparaîtra quelques semaines, noyée par l’éclat du Soleil; elle reviendra dans le ciel du matin en juin et sera à son meilleur plus tard à l’automne, atteignant l’opposition le 7 décembre.
Saturne est également présente en début de soirée en janvier. La planète aux anneaux est toutefois bien plus discrète que Jupiter, et il faut mettre davantage d’effort pour l’identifier : c’est l’astre le plus brillant qu’on aperçoit une vingtaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest vers 18 heures. Le croissant lunaire repose 7 degrés plus haut et sur sa gauche le soir du 14 janvier. La planète aux anneaux s’enfonce toutefois de plus en plus à l’horizon et disparaît dans les lueurs du couchant dès le mois de février. Après son passage derrière le Soleil, Saturne réapparaît progressivement à l’aube en avril; elle et la planète Mars se croiseront à seulement ½ degré d’écart le matin du 10 avril. Les meilleures conditions d’observation de Saturne surviendront au cours de l’été et au début de l’automne, puisque la planète sera à l’opposition dans la nuit du 7 au 8 septembre.
Malgré sa grande brillance, Vénus connaîtra une année 2024 difficile en termes de visibilité. En ce mois de janvier, la belle Étoile du matin resplendit encore à l’aube, 30 à 45 minutes avant le lever du Soleil; le matin du 8 janvier, admirez le croissant lunaire qui repose à 7 degrés de la planète. Vous remarquerez toutefois au cours des prochaines semaines que Vénus perd peu à peu de la hauteur dans le ciel; elle finira par disparaître dans les lueurs de l’aube au courant du mois de mars. Après être passée derrière le Soleil le 4 juin, Vénus réapparaîtra graduellement dans le ciel du soir à compter de juillet, mais demeurera très basse à l’horizon ouest au crépuscule au cours de mois suivants. Ce n’est qu’au cours des dernières semaines de l’année que la belle Étoile du soir gagnera enfin de la hauteur en début de soirée, améliorant du même coup sa visibilité.
Comme elle est toujours proche du Soleil, Mercure demeure la planète la plus discrète et la plus difficile à repérer, que ce soit à l’aube ou au crépuscule. Au cours des premiers matins de 2024, on la retrouve 8 degrés au-dessus de l’horizon sud-est, une demi-heure avant le lever du Soleil; cherchez un petit point de lumière, une douzaine de degrés en bas et à gauche de l’incontournable Vénus. Les conditions de visibilité de Mercure seront les meilleures pendant quelques jours autour du 7 janvier, après quoi la planète se rapproche graduellement du Soleil et perd de la hauteur; elle reste toutefois observable à l’aube jusqu’à la fin du mois de janvier. Les apparitions de Mercure les plus favorables en 2024 seront celles du 8 mars au 1er avril dans le ciel du soir, et du 28 août au 19 septembre dans le ciel du matin.
Mars se fait quant à elle discrète pendant la majeure partie de l’année. La planète rouge est passée derrière le Soleil le 18 novembre dernier et réapparaît très graduellement dans le ciel du matin; comme elle est relativement faible et qu’elle demeure très basse à l’horizon au cours des premières semaines de 2024, ce n’est qu’en mars qu’on commencera à bien la distinguer dans les lueurs de l’aube, très bas à l’horizon est-sud-est. La situation s’améliorera toutefois peu à peu, et vers la fin de l’année, Mars deviendra nettement plus brillante et se fera plus présente; elle ne sera alors qu’à quelques semaines de son opposition prévue le 15 janvier 2025.
Bonne année astronomique 2024, et bonnes observations !