Les nuits de juin sont courtes! Heureusement, trois planètes brillent en soirée et se disputent nos précieuses minutes d’observation.
À tout seigneur tout honneur : c’est encore la brillante Jupiter qui capte la première notre regard au crépuscule, et c’est sur elle qu’il faut porter notre attention à la tombée de la nuit, pendant qu’elle est encore assez haute dans le ciel. Mais le temps presse! Au début du mois, Jupiter s’allume au crépuscule à 45 degrés de hauteur au sud-ouest; à la fin de juin, la planète n’est plus qu’à une trentaine de degrés de l’horizon lorsque la nuit commence à s’installer, et la situation se détériore davantage en juillet. À l’oculaire, Jupiter offre une foule de caractéristiques accessibles dans des télescopes de toute taille : des lunes galiléennes aux bandes nuageuses de son atmosphère, c’est un vrai régal pour les yeux!
Jupiter brille actuellement sous le ventre du Lion, à la gauche de la faucille qui dessine la tête de la bête céleste. En observant attentivement pendant quelques soirs, on parvient à détecter à l’œil nu que la planète géante se déplace vers la gauche par rapport aux étoiles d’arrière plan : l’année prochaine, c’est dans la constellation zodiacale suivante, la Vierge, qu’on retrouvera Jupiter. Le soir du 11 juin, le premier quartier de la Lune reposera à 4 degrés à la gauche de Jupiter.
Mars brille dans la nuit
À mesure que la soirée avance et que Jupiter descend vers l’horizon ouest, les planètes Mars et Saturne, pas très loin l’une de l’autre, gagnent de la hauteur au sud-est. Mars était à l’opposition en seconde moitié de mai et se trouve en ce moment au plus près de la Terre pour cette année. Elle brille présentement presque autant que Jupiter, mais de cet éclat orangé caractéristique qui lui vaut le surnom bien mérité de « planète rouge ». Le 30 juin, Mars arrive à l’extrémité ouest de sa boucle rétrograde, dans la Balance; dès le lendemain, la planète repart vers l’est et on pourra suivre au cours des prochains mois sa course folle parmi les constellations. La Lune gibbeuse dessine un grand triangle aplati avec Mars et Saturne le soir du 17 juin.
La planète rouge est vingt fois plus petite que Jupiter, mais elle est par contre beaucoup plus proche de la Terre. Au télescope, le globe de Mars atteint actuellement la moitié de la taille apparente de Jupiter. Les détails subtils de sa surface sont plus difficiles à discerner et exigent beaucoup d’efforts de la part de l’observateur. Mars sait se faire mériter, mais la récompense est grande pour qui veut y consacrer les énergies nécessaires.
Saturne à l’opposition
Saturne est l’autre vedette de la soirée. Elle arrive à l’opposition le 3 juin dans la constellation du Serpentaire. Un peu plus petite que Jupiter, cette autre géante gazeuse est presque deux fois plus éloignée de la Terre : dans un télescope, son globe nous apparaît donc deux fois plus petit que celui de Jupiter, mais ses spectaculaires anneaux compensent largement. Présentement située quelques degrés à la gauche de la planète rouge dans le ciel, Saturne culmine au sud un peu plus d’une heure après Mars. Dans la nuit du 18 au 19 juin, la Lune gibbeuse repose à seulement 3 degrés au-dessus de la planète aux anneaux.
Les courtes nuits du solstice
Le solstice a lieu le 20 juin à 18 h 34, heure avancée de l’Est. Dans l’hémisphère Nord, on le sait, on aura droit à la journée la plus longue de l’année, mais aussi la nuit la plus courte. Depuis plusieurs semaines déjà, on observe non seulement que le Soleil se couche tard (et se lève tôt), mais que même le crépuscule semble s’éterniser : jusqu’à très tard en soirée, on perçoit encore des couleurs le long de l’horizon nord, et elles réapparaissent plusieurs heures avant le lever du Soleil. Par temps clair, les astronomes considèrent que la nuit n’est complètement installée que lorsque le Soleil est descendu à 18 degrés sous l’horizon : c’est le crépuscule astronomique, qu’on peut calculer de la même manière que l’heure du lever ou du coucher du Soleil.
On trouve ainsi qu’à la latitude de Montréal (45,5° N), la nuit vraiment noire ne dure que trois heures le jour du solstice. À la latitude de Québec (46,8° N), cette durée est réduite à 2 heures 20. À la hauteur de Saguenay (48,4° N), c’est à peine 40 minutes! Et à Sept-Îles (50,2° N), le crépuscule astronomique n’est tout simplement jamais atteint à cette période de l’année. Les contrées plus nordiques, voisines du cercle Arctique (66,5° N), sont alors sous l’emprise du fameux soleil de minuit, ou à tout le moins d’une clarté qui dure toute la nuit.
Bonnes observations !