Alors que l’hiver s’installe peu à peu, les planètes visibles à l’œil nu, de Mercure à Jupiter, nous offrent un véritable banquet pour les yeux. Et à l’approche du temps des Fêtes, la Lune occulte l’étoile Aldébaran, tandis que les météores de la pluie des Géminides illuminent le ciel au milieu du mois.
Mercure, Vénus et Mars au crépuscule
L’insaisissable Mercure, la planète la plus rapprochée du Soleil, est relativement facile à repérer au cours de la première moitié de décembre. Alors qu’elle est généralement noyée dans l’éclat du Soleil, l’écart entre les deux astres est maximal le 11 décembre (plus grande élongation) et entraine une apparition assez favorable dans le ciel du soir.
La meilleure période pour observer Mercure a lieu entre le 5 et le 15 décembre. À l’aide de jumelles, balayez le ciel 5 degrés au-dessus de l’horizon sud-ouest, une trentaine de minutes après le coucher du Soleil. La planète apparaîtra comme un petit point de lumière qui brille dans la lueur faiblissante du crépuscule. Il est bien entendu essentiel que l’horizon soit parfaitement dégagé. Le 7 décembre, Mercure passera à environ ⅛e de degré sous Lambda du Sagittaire, ou Kaus Borealis, l’étoile de magnitude 2,8 située au sommet du couvercle de la théière du Sagittaire. Si vous suivez attentivement la petite planète du 6 au 8 décembre, vous serez à même de constater son déplacement rapide par rapport aux étoiles d’arrière-plan.
Après le 15 décembre, Mercure replonge rapidement vers le Soleil et disparaît dans l’éclat de notre étoile vers le 22. La discrète planète passe entre la Terre et le Soleil (conjonction inférieure) le 28 décembre.
Tout au long de décembre, impossible de manquer Vénus, la seconde planète en partant du Soleil : c’est elle, l’Étoile du Soir qui brille de mille feux au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest et qui demeure visible plus de trois heures et demie après le coucher du Soleil. Au début du mois, l’éclatante planète se trouve parmi les étoiles du Sagittaire; elle passe ensuite dans le Capricorne le 6 décembre et traverse rapidement la constellation pour franchir la frontière du Verseau le 31.
Le croissant lunaire reposera à la droite de Vénus le 2 décembre, et au-dessus de la planète le lendemain soir. À mesure que le ciel s’assombrit, remarquez la lumière cendrée qui éclaire doucement la partie autrement sombre du disque lunaire : elle ajoute une autre dimension à cette magnifique scène crépusculaire.
Mars continue à faiblir, à mesure qu’elle s’éloigne de la Terre; en décembre, elle perd encore ¼ de magnitude (de 0,60 à 0,85). Mais comme la planète rouge se trouve actuellement dans une région du ciel pauvre en étoiles brillantes (elle passe du Capricorne au Verseau le 15), elle demeure un astre aisément identifiable. Et bien qu’elle soit présentement trop petite pour montrer des détails dans un télescope, sa teinte orangée caractéristique en fait un objet intéressant à l’œil nu.
Commencez à chercher Mars vers le milieu du crépuscule, 45 minutes après le coucher du Soleil : vous la repèrerez alors à une trentaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-sud-ouest. Tout au long du mois, Vénus rattrape peu à peu la planète rouge. Au début de décembre, Vénus se trouve dans le Sagittaire, environ 24 degrés en bas et à droite de Mars. À la fin du mois, les deux planètes brillent dans la constellation du Verseau et l’écart entre elles n’est plus que de 12 degrés; Vénus et Mars seront en conjonction au début de février. Le croissant lunaire sera voisin de la planète rouge le soir des 4 et 5 décembre.
Jupiter à l’aube
Jupiter se lève de plus en plus tôt à mesure que le mois progresse : au début de décembre, la planète géante émerge au-dessus de l’horizon est vers 2h30 du matin, mais se lève vers 1 heure à la fin du mois. Mais peu importe, c’est à l’aube que Jupiter est bien placée et facile à identifier, alors qu’elle brille très haut au sud-est parmi les étoiles de la Vierge. Les bandes nuageuses de la planète sont fascinantes à voir dans un petit télescope, et on peut même apercevoir ses lunes galiléennes avec une simple paire de jumelles.
Le matin du 5 décembre, ces quatre lunes — Io, Europe, Ganymède et Callisto — formeront une ligne s’étirant vers l’est (en bas et à gauche) à partir de la planète, dans cet ordre exact, qui correspond à leur distance de Jupiter. Le 29 décembre, les quatre lunes galiléennes seront à nouveau alignées dans l’ordre, mais cette fois vers l’ouest (vers le haut et à droite). Les meilleures conditions d’observation prévaudront autour de 6 heures du matin, une heure et demie avant le lever du Soleil. La Lune décroissante brillera quant à elle au-dessus de Jupiter le matin du 22 décembre.
Une dernière occultation d’Aldébaran en 2016
Une occultation lunaire survient lorsque la Lune passe devant un objet céleste plus éloigné (s’il s’agit du Soleil, on parle alors d’éclipse). Nous sommes présentement au cœur d’une série de 49 occultations d’Aldébaran, l’étoile principale du Taureau, en cours depuis le 29 janvier 2015 et qui prendra fin le 3 septembre 2018. Sept d’entre elles peuvent être vues en entier depuis le sud du Québec.
La dernière occultation d’Aldébaran cette année se produira tard le soir du 12 décembre. Depuis Montréal, Aldébaran disparaîtra derrière la Lune presque pleine vers 23h13 et réapparaîtra de l’autre côté vers minuit 27. À Québec, l'étoile disparaîtra vers 23h18 et sa réapparition aura lieu vers minuit 30. L’instant exact dépend de votre position géographique très précise; aussi, pour ne pas manquer le phénomène, il faut être prêt à l’observer quelques minutes à l’avance. Tout ce dont vous aurez besoin, c’est d’un ciel bien dégagé; jumelles ou télescope ne sont pas indispensables, mais ils révèleront le contraste de couleur entre l’étoile géante orangée et la surface brillamment éclairée de la Lune. Si pour une raison ou une autre vous manquez cette occultation, sachez que vous aurez l’occasion de vous reprendre en novembre et décembre 2017.
Les Géminides
La pluie de météores des Géminides bat son plein à chaque année à la mi-décembre. Son radiant (la région dans la constellation des Gémeaux d’où semblent émaner les météores) se trouve bien haut au sud-est dès le milieu de la soirée mais, cette année, la Lune presque pleine brille dans le même secteur — une situation peu favorable à l’observation des étoiles filantes. Malgré tout, puisqu’il s’agit d’une des pluies annuelles les plus intenses et brillantes, il vaudra la peine de garder l’œil ouvert : si vous vous trouvez à l’extérieur, en train de prendre votre marche du soir, guettez l’apparition possible d’un bolide ou deux… et habillez-vous chaudement !
Joyeuses Fêtes, et bonnes observations !