Juin nous gratifie des premières nuits douces et agréables de 2024, mais elles sont relativement courtes et, cette année, dépourvues d’évènements particuliers. Même les planètes se feront timides ce mois-ci, avant de prendre leur essor au courant de l’été. Observer certains de ces astres errants relèvera plutôt du défi et du jeu que du véritable spectacle.
Les planètes internes se réchauffent près du Soleil
Les quelques incursions occasionnelles de Mercure dans le ciel du matin ou du soir n’offrent pas toutes les mêmes conditions de visibilité. En ce début de juin, Mercure s’arrache péniblement au-dessus de l’horizon est-nord-est très peu de temps avant le lever de soleil, clôturant ainsi une fenêtre d’observation initiée le mois dernier, qui n’était déjà pas très favorable. Seule la première semaine du mois permet encore d’observer la minuscule bille cuivrée avant qu’elle se soit trop proche du Soleil. Les observateurs et observatrices aguerris pourront tenter de relever un défi de taille : essayer d’apercevoir la conjonction Jupiter-Mercure le 4 juin vers 4h45, au ras d’un horizon est-nord-est parfaitement dégagé. Les deux planètes ne seront séparées que de 1/6 de degré, mais l’observation sera très délicate, noyée dans les lueurs de l’aube. Les tout derniers jours du mois permettront une courte fenêtre d’observation de Mercure au crépuscule, malheureusement peu favorable elle aussi.
Vénus, quant à elle, est parfaitement invisible. En 2024, année peu propice à son observation, l’Étoile du Berger était visible à l’aube en première partie d’année, puis le sera au crépuscule au cours du second semestre. Vénus passe en conjonction supérieure le 4 juin, rendant les chances de l’observer absolument nulles ce mois-ci. On la retrouvera peu à peu après le coucher du Soleil au cours de juillet.
Mars en demi-teinte
Mars progresse encore timidement vers son opposition prévue le 15 janvier 2025. En juin, la planète rouge reste un astre du matin dont l’éclat parvient enfin à franchir le seuil symbolique de la magnitude +1 à la fin du mois. Mars apparaît déjà comme un point de lumière orangée assez facilement identifiable, qui évolue au cours des semaines sous le Bélier. Elle reste cependant basse au-dessus de l’horizon, et il est encore beaucoup trop tôt pour espérer obtenir des détails satisfaisants de sa surface au télescope, que ce soit en observation visuelle ou par les techniques d’imagerie planétaire.
Jupiter, la géante timide
Passée en conjonction solaire le 18 mai, Jupiter réapparait dans le ciel du matin en juin, bas à l’horizon est-nord-est peu de temps avant le lever du Soleil. Bien que son éclat soit loin de celui qu’on lui connaît lorsqu’elle se trouve plus haut dans le ciel, la planète géante est déjà facilement identifiable, environ 7 degrés sous les Pléiades.
Saturne rayonne seule
L’éclat constant de Saturne nous gratifie de sa lumière pour toute la seconde partie de la nuit. La planète aux anneaux se lève après 2 heures du matin au début de juin, et vers minuit et demi à la fin du mois. Elle est facile à repérer car c’est le seul astre de première magnitude entre le Verseau et les Poissons. On peut également l’identifier en utilisant le carré de Pégase : tirez une ligne entre Scheat (β Pegasi) et Markab (α Pegasi), les deux étoiles formant le côté droit du carré, en direction de l’horizon. Saturne se situe environ à 1 ½ fois la distance qui sépare ces deux étoiles, dans le prolongement de cette ligne. Au télescope, on distingue encore facilement ses anneaux, quoique les observateurs habitués remarqueront vite que la planète géante approche irrémédiablement de son équinoxe. Son hémisphère Nord est de moins en moins incliné dans notre direction, et ses anneaux s’aplatissent maintenant en une ligne épaisse, là où apparaissaient encore de larges anses il y a à peine quelques mois.
Rendez-vous célestes
Outre la conjonction entre Mercure et Jupiter le matin du 4 juin, on pourra admirer de belles compositions célestes lorsque la Lune rendra visite à certaines planètes. La Lune viendra se placer 7 degrés à droite de Mars le matin du 2 juin, puis 7 degrés à sa gauche le 3, assez haute pour offrir une observation confortable à partir de 4 heures. Le 5 juin, on retrouve la Lune 4 degrés au-dessus de Jupiter, mais il s’agit d’une observation difficile à réaliser, seulement 20 minutes avant le lever du Soleil. Enfin, la Lune gibbeuse décroissante forme un beau duo avec Saturne au cours de la seconde moitié de la nuit du 26 au 27 juin.
Le solstice aura lieu le 20 juin à 16h51, marquant le début de l’été astronomique dans l’hémisphère Nord : d’une durée de 93 jours, 15 heures et 53 minutes, c’est la plus longue des saisons.
Bonnes observations !