Terre, Lune et Soleil font une dernière répétition générale avant la grande rentrée montréalaise de leur spectacle tant attendu en 2024.
Un Soleil partiel
L’événement astronomique marquant en ce mois d’octobre 2023 est l’éclipse annulaire de Soleil qui aura lieu le 14 — la dernière éclipse solaire avant l’éclipse totale très attendue du 8 avril 2024. L’éclipse du 14 octobre sera visible presque partout en sol canadien, mais seulement sous la forme d’une éclipse partielle. À Montréal, le phénomène aura lieu entre 12h12 et 14h24 HAE, atteignant son maximum à 13h18 : 17% de la surface du disque solaire sera alors masquée par la Lune, comme un grand biscuit dont on aurait pris une mordée.
Lors d’une éclipse annulaire, une partie du Soleil demeure toujours visible sous la forme d’un anneau entourant la silhouette de la Lune. Mais pour le voir ainsi, il faut se trouver au bon endroit sur Terre, quelque part à l’intérieur de la bande d’annularité. Dans le cas de l’éclipse du 14 octobre 2023, cet étroit corridor d’au maximum 245 kilomètres de largeur s’étire sur plus de 13 700 kilomètres ! Il débute à l’ouest de l’île de Vancouver, puis traverse les Amériques depuis l’Oregon aux États-Unis jusqu’au nord-est du Brésil.
Pourquoi cette éclipse n’est-elle pas totale ? En effet, un hasard incroyable relie la taille et la distance de la Lune relativement au Soleil, rendant possible les éclipses totales du Soleil : la Lune est 400 fois plus petite que le Soleil, mais approximativement 400 fois plus proche. Les deux astres apparaissent donc d’une taille quasi identique dans le ciel, ce qui permet à la Lune de cacher parfaitement le Soleil.
Mais en y regardant de plus près, les orbites de la Terre et de la Lune ne sont pas des cercles parfaits mais plutôt des ellipses. La distance à laquelle nous nous trouvons de la Lune et du Soleil varie au cours du mois et de l’année. Conséquemment, la taille angulaire qu’occupent ces astres dans le ciel n’est pas constante : 63% du temps, la Lune apparaît légèrement plus petite que le Soleil. Lorsque les astres s’alignent durant ces périodes, le Soleil « déborde » en quelque sorte, et l’éclipse qui se produit est alors annulaire plutôt que totale.
N’oubliez pas qu’il faut des filtres solaires homologués pour observer le phénomène de manière sécuritaire ! Pour en savoir plus, consultez notre site Web au espacepourlavie.ca/eclipse2023.
Géantes en soirée
En soirée, les planètes Saturne et Jupiter sont toutes deux magnifiquement placées pour l’observation.
La belle aux anneaux, Saturne, apparaît dès la brunante, entre 15 et 20 degrés au-dessus de l’horizon sud-est; elle culmine à 31 degrés au sud, vers 22h30 au début d’octobre et 20h30 à la fin du mois. C’est le point le plus brillant dans cette région du ciel, bien plus brillant que les étoiles de la constellation du Verseau qu’elle mettra plus de deux ans à traverser. Beaucoup plus rapide, la Lune gibbeuse croissante s’approche de la planète le soir des 23 et 24 octobre.
À l’approche de son opposition du début novembre, Jupiter se lève de plus en plus tôt après le coucher de Soleil. Il vaut d’ailleurs la peine de ne pas manquer son lever le 1er octobre (vers 20h30) et le 28 octobre (vers 18h45), alors que la Lune en conjonction surplombe Jupiter par quelques degrés seulement. L’éclat de la planète demeure impressionnant, même à proximité de la pleine Lune, alors que Jupiter atteint à la fin du mois sa magnitude maximale en 2023 (–2,8).
Si vous avez un télescope à votre disposition, il est toujours fascinant d’observer le ballet des quatre lunes galiléennes dont la disposition de part et d’autre de Jupiter change d’heure en heure. Et à l’instar de notre Lune, elles peuvent aussi projeter leur ombre sur Jupiter. Même que dans la nuit du 19 au 20 octobre, à compter de 2 heures du matin, un double passage d’ombre se produit : pendant près de deux heures, il nous est possible d’observer l’ombre de Io et celle de Ganymède qui traversent simultanément les structures nuageuses de l’atmosphère jovienne.
Vénus, Étoile du matin
Vénus réserve sa plus belle apparition de 2023 aux lève-tôt cet automne. La planète ne s’écarte jamais beaucoup du Soleil vue depuis la Terre, puisque son orbite en est plus rapprochée que la nôtre. Cette année, c’est le 23 octobre que la configuration des planètes lui offre le plus grand dégagement par rapport à l’astre du jour (élongation maximale de 46,4 degrés), lui permettant de gagner plus d’altitude (environ 35 degrés) dans un ciel sombre bien avant l’aube. Brillant de mille feux après son lever à l’horizon est vers les 4 heures du matin, Vénus vole la vedette à Jupiter, en direction opposée dans le ciel, et suscite immanquablement l’étonnement et l’incompréhension de nombreux observateurs néophytes…
Bonnes observations !