Dans sa course annuelle autour du Soleil, notre bolide terrestre nous amène une fois de plus du côté des constellations associées au printemps : Cancer, Lion, Vierge, Bouvier, et la Grande Ourse bien haute au cœur de la nuit. Mais c’est surtout dans l’arène du Système solaire que le spectacle s’échauffera.
Vénus, par exemple, domine le ciel en soirée tout au long du mois. L’Étoile du Soir brille de mille feux à l’ouest pendant trois heures après le coucher de Soleil. La géométrie favorable de l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre en soirée par rapport au plan du système solaire rend l’observation de la sulfureuse planète particulièrement facile et spectaculaire. Le 24 mars, Vénus atteindra son élongation maximale, 46 degrés à la gauche du Soleil, ce qui lui permet de trôner dans un ciel bien noir parmi les étoiles du Bélier, en route vers une spectaculaire rencontre avec l’amas des Pléiades et le Taureau au début du mois d’avril. D’ailleurs, si la météo le permet, le soir du 28 mars offrira une scène particulièrement jolie, avec un fin croissant lunaire de 4 jours qui s’approche à 7 degrés de Vénus et du distant amas d’étoiles.
Mars double Jupiter à la poursuite de Saturne
Le mois de mars voit la planète éponyme traverser rapidement la constellation du Sagittaire, rencontrant au passage Jupiter avant de rejoindre Saturne dans les lueurs de l’aube printanière. Les trois planètes sont pourtant bien séparées au début du mois, en belle configuration symétrique le matin des 4 et 5 mars, alors que Jupiter, surpassant par trois magnitudes ses voisines, sera bordée à 8 degrés d’écart par Mars à sa droite et Saturne à sa gauche.
Encore plus spectaculaire sera l’apparition des planètes avant le lever du jour le 18 mars : Mars et Jupiter, à seulement 1,3 degré l’une de l’autre, feront une ascension synchronisée au-dessus de l’horizon est à compter de 4h20 du matin (heure avancée). Elles seront suivies, quelques minutes plus tard, d’un magnifique croissant lunaire à moins de 2 degrés sous le duo planétaire. Si votre horizon n’est pas parfaitement dégagé, laissez passer quelques minutes de plus afin que la Terre tourne davantage et vous permette d’apprécier cette magnifique scène sous une meilleure perspective.
Ce ne sera là que la première des belles rencontres que nous offrira Mars à la fin du mois. Le 20 mars, la planète rouge rattrape la géante Jupiter : elles ne seront alors qu’à 0,7 degré l’une de l’autre! Le 23, les observateurs aguerris pourront tenter de profiter d’une conjonction Mars-Pluton particulièrement serrée (seulement 0,11 degré) pour retrouver la distante planète naine dans un télescope de bon calibre. Puis le 31 mars, c’est finalement de Saturne que Mars s’approche à moins d’un degré. Facilement visibles à l’œil, les deux planètes auront alors presque la même magnitude, une scène plutôt rare qui sera certainement immortalisée par de nombreux amateurs d’astrophotographie!
Rappelons que tous ces rapprochements dans le ciel ne sont que le fruit de la perspective constamment changeante que nous offre la Terre sur les planètes, toutes en révolution autour du Soleil. Mars (à environ 230 millions de kilomètres de nous au milieu du mois) ne sera pas véritablement plus proche de Jupiter (~820 millions de kilomètres), de Saturne (~1,5 milliard de kilomètres) ou de Pluton (~5,1 milliards de kilomètres), ni même alignée sur leur orbite respective.
L’équinoxe, ou le début d’un nouveau tour
De nombreux calendriers – mésopotamien, romain, persan, indien… – ont utilisé ou utilisent toujours l’équinoxe du printemps (aussi appelé équinoxe de mars ou équinoxe vernal) comme référence pour la nouvelle année. D’une certaine manière, c’est aussi le cas pour les astronomes modernes.
Il existe deux moments dans l’année pour lesquels l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre oriente le Soleil directement dans le prolongement (ou au-dessus) de l’équateur terrestre. De ces deux moments, les astronomes de l’Antiquité ont choisi l’équinoxe de printemps comme point de référence du système de coordonnées astronomique, dit « équatorial », encore utilisé aujourd’hui. Ainsi, cette année, c’est le 19 mars à 23h50 (HAE) que le Soleil se trouvera exactement au-dessus de l’équateur, à l’est de l’île de Sulawesi en Indonésie, au moment de franchir la ligne de départ et de revenir à la coordonnée 0 d’ascension droite dans le système équatorial.
C’est également à ces deux moments de l’année que le centre du Soleil passe exactement autant de temps sous l’horizon qu’au-dessus de celui-ci, d’où le terme « équinoxe » dont l’étymologie latine provient des mots aequus et nox, signifiant égal et nuit. Pourtant, puisqu’une partie du Soleil est déjà levé lorsque le centre du Soleil passe au-dessus de l’horizon, et que la réfraction atmosphérique dévie les rayons lumineux, le jour et la nuit ne sont pas tout à fait de la même durée aux équinoxes. Ainsi, pour le sud du Québec ce printemps, ce sera deux jours plus tôt, le 17 mars, qu’on s’approchera le plus de cette parfaite division entre le jour et la nuit.
Finalement, l’heure avancée entre vigueur dans la nuit du 7 au 8 mars : n’oubliez pas d’avancer vos cadrans d’une heure pour ne pas manquer le départ !
Bonnes observations !