Les Cactacées
Chez les Cactacées, la taille des feuilles n'est pas suffisante pour assurer la survie de la plante. Les fonctions d'assimilation et de transpiration sont alors transférées à la tige qui devient chlorophyllienne en plus d'avoir la capacité de conserver l'eau.
La forme des Cactacées est très variable et peut être sphérique, discoïde, cylindrique ou rampante.
Les tiges de plusieurs espèces de Rhipsalis sont réduites à des structures ressemblant à des filaments, alors que d'autres espèces de ce genre possèdent des tiges qui ressemblent à des feuilles. Certains cactus ont des tiges dont la forme rappelle les frondes de fougère, comme dans le genre Cryptocereus. Il existe aussi des Hylocereus grimpants ressemblant à des lianes et poussant dans les forêts tropicales pluvieuses d'Amérique du Sud.
La famille des Cactaceae compte plus de 2 000 espèces réparties en 300 genres.
Elle est généralement subdivisée en trois sous-familles :
- les Pereskioïdées, (les cactus primitifs);
- les Opuntioïdées, (les poires piquantes ou Prickly Pear);
- et les Cactoïdées, (les cactus typiques).
Les deux premières sous-familles sont plus petites que les Cactoïdées qui montrent une plus grande diversité au niveau de la taille; elles constituent environ 90 % des espèces de Cactacées. Par exemple, un plant adulte de Blossfeldia liliputana n'a que 9 mm de diamètre alors que le Carnegiea gigantea peut atteindre 12 m de hauteur.
La collection du Jardin botanique
La collection de Cactacées du Jardin contient 132 genres et 700 espèces.
Parmi eux, le genre Echinocactus tire son appellation du grec echinos, qui signifie « hérisson ». Son nom français de coussin de belle-mère fait allusion aux nombreuses aiguilles robustes disposées sur les aréoles. L'espèce Echinocactus grusonii est la plus spectaculaire du genre : elle peut atteindre 1,3 m de hauteur et 80 cm de diamètre. Malheureusement, sa grande utilisation comme plante ornementale a contribué à réduire les populations indigènes. Sa fleur jaunâtre ne s'épanouit que lorsque la lumière et la chaleur sont suffisantes.
Soulignons que la collection des Cactacées du Jardin remonte au début de sa fondation.
En 1937, le Jardin a reçu des semences d'une espèce rare, le Cephalocerus senilis, toujours en culture dans ses collections. Elle provient des régions arides et rocailleuses mexicaines des états de Guanajuato et d'Hidalgo. Son port colonnaire, rarement ramifié à la base, peut atteindre 15 m de hauteur. La floraison nocturne n'est initiée que lorsque la plante atteint 6 m et se produit au sommet de la plante. Les jeunes plantes sont couvertes de longs poils blancs laineux ressemblant à une barbe, d'où son nom de cactus barbe de vieillard. L'espèce fut longtemps considérée comme une curiosité, ce qui entraîna une collecte immodérée qui amena sa quasi-disparition dans son milieu naturel. Elle est actuellement protégée par le gouvernement mexicain et seules les semences sont offertes aux institutions scientifiques.
Mentionnons aussi la présence dans nos collections du Nopalxochia ackermannii, reçu en 1938 sous forme de semences. Cette espèce rare est originaire des montagnes subtropicales des états de Veracruz et d'Oaxaca, au Mexique. Elle croît à une altitude variant entre 1 500 et 2 000 m. Le N. ackermannii est apparenté au groupe des Epiphyllum, tant par sa croissance que par sa floraison. Les fleurs tubulaires d'un rouge brillant ne s'épanouissent que la nuit; c'est pour cela que les Indiens la considéraient comme une plante sacrée. Elle fut introduite en culture en 1832 et l'engouement pour la beauté de ses fleurs la fit presque disparaître de son habitat naturel.
Les Agavacées
Le genre Agave, de la famille des Agavaceae, contient 300 espèces originaires de l'Amérique possédant des feuilles fibreuses plus ou moins succulentes, disposées en rosette.
Ces plantes vivaces demandent plusieurs années pour croître et fleurir. La période de croissance peut durer de 8 à 20 ans et, à un moment précis, l'inflorescence se développe à partir du centre de la rosette de feuilles. Elle dépassera de plusieurs mètres la rosette et séchera une fois que les bulbilles, qui assurent la multiplication végétative, ou les graines, desquelles dépend la reproduction sexuée, seront parvenues à maturité. Les feuilles, disposées en spirale, sont généralement épaisses et succulentes. La rosette meurt après la floraison.
La famille des plantes-cailloux, les Aïzoacées
Le nom « plantes-cailloux » désigne différents genres originaires d'Afrique du Sud, appartenant à la famille des Aïzoaceae. On y dénombre 140 genres comme les Dintheranthus, Lithops, Vanzijlia, Mitrophyllum, Cheridopsis, Fenestraria, Frithia et Mesembryanthemum.
Les Lithops (50 espèces) et les Mesembryanthemum (350 espèces) sont les plus répandus.
Contrairement aux Mesembryanthemum, les Lithops sont de véritables plantes-cailloux puisqu'elles ne possèdent pas de tige.
Ces plantes poussent dans les déserts secs de l'Afrique du Sud et sont régulièrement ensevelies dans le sable ou entourées de cailloux auxquels elles ressemblent à tel point qu'on les a appelées « cailloux vivants ». Le nom Lithops souligne également cette apparence particulière (lithos = pierre, opsis = apparence).
La plante est généralement réduite à une seule paire de feuilles opposées, réunies en cône et séparées au centre par une fissure d'où émergent la fleur et la paire de feuilles suivantes, qui formeront un angle droit avec l'ancienne paire de feuilles. Chaque pousse se renouvelle d'année en année. Certaines espèces produisent deux paires de feuilles par pousse.
Comme les Lithops poussent enfouis dans le sol, seul est exposé au soleil le bout aplati de leurs feuilles marbrées ou tachetées. La lumière pénètre par la surface apicale des feuilles tronquées et se rend jusqu'au tissu chlorophyllien, en passant par les cellules transparentes qui remplissent tout l'intérieur de la feuille et contiennent la réserve d'eau. En culture, cependant, les spécimens sont généralement plus ou moins émergés du sol.
Le Fenestraria est une « plante-fenêtre » qui pousse aussi enfouie dans le sol. La lumière pénètre à l'intérieur de la plante par les petites fenêtres au bout de ses feuilles en forme de bâton. Regardez attentitevement, on dirait une goutte d'eau au centre de ses feuilles, voilà la petite fenêtre.
Les Crassulacées
Les Crassulaceae représentent, en importance numérique, la troisième famille de plantes succulentes avec 35 genres et 1 500 espèces.
On rencontre les plantes de cette famille dans les milieux les plus divers et dans les différentes régions du monde. Toutes les espèces possèdent des feuilles xérophiles, c'est-à-dire adaptées pour supporter une certaine aridité. L'épiderme est alors recouvert d'une cuticule épaisse.
La collection du Jardin compte une vingtaine d'espèces de cette famille. Parmi les genres importants de Crassulacées outre le Crassula, mentionnons les Kalanchoe (150 espèces) et les Echeveria (150 espèces).
Les Euphorbiacées
Les Euphorbiaceae constituent une grande famille cosmopolite, composée d'environ 300 genres et 5 000 espèces réparties dans toutes les régions du monde, sauf l'Arctique.
Le genre Euphorbia compte à lui seul 2 000 espèces allant des plantes annuelles aux arbustes et arbres tropicaux.
La collection du Jardin botanique de Montréal comprend 15 genres et 70 espèces.
Les euphorbes sont des plantes particulièrement toxiques.
En effet, à la moindre entaille s'écoule un latex blanc visqueux irritant pour la peau.
Mentionnons aussi le poinsettia, une plante bien connue, vendue durant la période des Fêtes, dont le nom scientifique est Euphorbia pulcherrima. C'est une plante vedette de la présentation hivernale de la Grande Serre d'exposition.
Les Liliacées succulentes
La famille des tulipes et des trilles, les Liliaceae, contient aussi plusieurs genres de plantes succulentes.
Le genre Aloe, bien connu dans le monde de la pharmacopée, est aussi très prisé des collectionneurs.
Ce genre renferme entre 200 et 250 espèces originaires d'Afrique, de Madagascar ou d'Arabie. Il s'agit d’espèces généralement arbustives ou arborescentes et portantes des feuilles disposées en rosette à l'extrémité des rameaux. Les aloès sont cultivés depuis plus de 2 000 ans en Égypte où, par exemple, ils étaient plantés dans les cimetières. Les Grecs anciens connaissaient aussi les valeurs médicinales des aloès. Aujourd'hui, on trouve dans le commerce une foule de produits contenant des extraits de ces plantes.
La collection du Jardin contient environ 65 espèces d'aloès parmi lesquelles plusieurs sont rares : les Aloe branddraaiensis, Aloe ciliaris et Aloe greenii, toutes originaires de l'Afrique du Sud.
Ces spécimens sont la plupart de temps conservés dans les serres de collection, non accessibles au public.
Autre genre de Liliacées fort apprécié des collectionneurs : le genre Haworthia qui compte environ 150 espèces, toutes d'origine sud-africaine.
Ce sont des plantes à rosettes denses situées près du sol. Les fleurs sont réunies en une longue grappe, rarement ramifiée, assez semblable chez toutes les espèces.
Les Haworthia doivent leur popularité à leur port compact, à leur tolérance de l'ombre et à la diversité de la forme et des marques sur les feuilles. Le Haworthia truncata, par exemple, possède des feuilles dont les extrémités sont tronquées, translucides et disposées sur deux rangs linéaires. Dans la nature, les racines contractiles tirent la plante dans le sol, ne laissant que la fenêtre translucide des feuilles exposée à la lumière qui peut ainsi rejoindre les tissus intérieurs et assurer la photosynthèse.
Les plantes caudiciformes
Qu'est-ce qu'une plante caudiciforme?
C'est une plante qui possède un organe de réserve renflé et vivace lui permettant de résister à une période de sécheresse, le caudex, situé à la base de la plante et n'effectuant pas la photosynthèse. Il peut être constitué soit par le système radiculaire, soit par la tige ou par les deux ensembles.
Autre trait caractéristique : le caudex n'est pratiquement jamais vert, ni articulé ou recouvert de tubercules.
Lors des périodes de pluies saisonnières, des structures photosynthétiques temporaires élancées, fragiles et souvent grimpantes apparaissent sur le caudex.
On trouve des plantes caudiciformes dans différentes familles d'Angiospermes, par exemple les Apocynacées, les Asclépiadacées, les Convolvulacées, les Dioscoreacées, les Euphorbiacées et les Vitacées.
Tiré d'un article de Denis Barabé et Marc Saint-Arnaud dans la revue Quatre-Temps, vol. 20, no.3