Au Québec, on rencontre surtout des sols argileux et sableux. Les sols argileux (plus de 25 % d’argile) sont généralement des milieux riches qui retiennent bien l’eau et les éléments nutritifs. Par contre, ils sont souvent mal aérés et mal drainés. De plus, ce type de sol est difficile à travailler, se réchauffe lentement au printemps et se compacte facilement. Les sols sableux sont principalement constitués de sables grossiers. Ces sols se travaillent bien et se réchauffent rapidement au printemps. Ils offrent une bonne aération et un bon drainage, mais ils sont portés au lessivage (eau et minéraux). Ils sont généralement acides et pauvres en nutriments. Il est possible de corriger les défauts d’un sol argileux ou sableux en aérant les sols compacts, en terreautant avec du compost pour en améliorer la structure, en corrigeant le pH et en fertilisant au besoin.
Aérer les sols compacts
L’aération consiste à faire des trous dans la pelouse à l’aide d’un appareil qui extrait des petites carottes de terre. Elle permet une meilleure pénétration de l’air, de l’eau et des engrais. Elle stimule la croissance des racines et la décomposition du chaume. Cette opération devient nécessaire lorsque le sol est trop compact. Essayez d’enfoncer un crayon à une profondeur de 10 à 15 cm dans votre pelouse humide. Difficile? Alors votre gazon à besoin d’être aéré.
Il est possible d’utiliser un aérateur manuel pour les petites surfaces. Il s’agit d’une fourche aux dents creuses que l’on enfonce dans le sol afin d’y retirer les carottes de terres. Pour un grand terrain, mieux vaut louer un appareil motorisé ou engager un paysagiste. Irriguez la veille de façon à ce que les pics puissent pénétrer profondément dans le sol. Habituellement, on obtient de bons résultats en effectuant des trous d’environ 15 cm de profondeur et en enlevant de 45 à 90 carottes de terre/m2. Laissez les carottes de terre au sol et ratissez la surface du gazon afin de les désagréger et de les distribuer uniformément à la surface du sol. Les micro-organismes qu’elles contiennent favoriseront la décomposition du chaume.
Comme cette opération entraîne un certain nombre d’ouvertures dans la pelouse, on a avantage à la faire entre la mi-août et la mi-septembre quand la pelouse est moins susceptible d’être envahie par les mauvaises herbes et que le sol est humide sans être détrempé. On peut aussi le faire au printemps quand le sol est frais sans être gorgé d’eau.
À mesure que vous adopterez des méthodes d’entretien écologique, les aérations seront moins fréquentes, car les vers de terre sont de bons aérateurs. Néanmoins, les zones qui servent au jeu et au passage des piétons devront fort probablement être aérées une à deux fois par année.
Terreauter avec du compost
Le compost est à la fois l’amendement et le fertilisant par excellence : il ensemence le sol en micro-organismes à qui il sert d’abri et de nourriture, il améliore la structure du sol, il équilibre le pH et fournit les éléments nutritifs essentiels aux végétaux. Un épandage à tous les trois ou quatre ans, effectué au printemps et au début de l’automne lorsque la pelouse est en croissance, est suffisant.
Utilisez un compost mûr (apparence terreuse, foncé), finement granulé et sans herbes indésirables. Évitez les composts contenant beaucoup de terre noire et de tourbe de sphaigne, car ils se décomposent trop lentement. Certains professionnels préfèrent employer un mélange contenant 60 % de compost et 40 % de sable grossier. Plus lourd que le compost pur, ce mélange aurait l’avantage de pénétrer plus facilement jusqu’au sol.
Procédez d’abord à une aération, puis épandez une petite couche de compost (0,5 cm) soit 50 kg/100 m2. Utilisez un râteau à feuille pour l’étendre uniformément et le faire pénétrer jusqu’au sol. Les brins d’herbes doivent réapparaître à travers la couche de compost.
Chauler au besoin
Le taux d’acidité du sol (pH) affecte la disponibilité des éléments nutritifs. Quand le sol est trop acide ou trop alcalin, les plantes ne peuvent pas absorber tous les minéraux dont elles ont besoin, même si ceux-ci sont présents dans le sol. Certains éléments, comme l’aluminium, le fer, le zinc et le manganèse peuvent même devenir toxiques. Un pH inadéquat nuit également à la stabilité structurale du sol, favorise les maladies fongiques et représente une menace à la survie de plusieurs organismes bénéfiques.
La majorité des graminées à pelouse ont une meilleure croissance dans un sol relativement neutre (pH entre 6,5 et 7) ce qui est le cas de la plupart des terres argileuses de la vallée du Saint-Laurent, où sauf exception, il n’est pas nécessaire de corriger le taux d’acidité. Ailleurs au Québec, les sols sont généralement trop acides, il faut donc les amender avec de la chaux horticole au printemps ou à l’automne. Pour connaître la quantité de chaux à appliquer, faites évaluer les besoins en calcium par une analyse de sol.
La chaux dolomitique est généralement recommandée car elle contient du magnésium. Si vous devez épandre plus de 20 kg/100 m2, mieux vaut le faire en deux applications, l’une à l’automne et l’autre au printemps. Si possible, appliquez la chaux après l’aération car elle pénètre plus profondément dans le sol.
Fertiliser modérément avec un engrais naturel
Contrairement à une prairie naturelle qui se suffit à elle-même, la pelouse est composée d’une communauté de plantes qui subit des conditions de croissance très contraignantes : elle est, entre autres, constamment taillée et piétinée. D’autre part, nos attentes, en ce qui concerne l’apparence et la densité de la pelouse, sont souvent supérieures à ce que le sol peut nous offrir. Dans la plupart des situations, l’apport d’engrais est donc nécessaire.
Les engrais naturels peuvent être d’origine organique (résidus de végétaux ou d’animaux) et minérale (roches broyées). Ces engrais n’ont subi aucune transformation chimique. Pour libérer leurs éléments nutritifs, la plupart des engrais naturels doivent être dégradés par les organismes vivants du sol. Ainsi, en plus de nourrir les plantes, ils stimulent la vie biologique du sol. Un autre avantage de ce mode de dégradation est de limiter les risques de lessivage et de brûlure des racines. La majorité des engrais naturels ont une action lente mais prolongée dans le sol.
Les engrais naturels à gazon contiennent les trois principaux éléments nutritifs dont la pelouse a besoin soit l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). Les trois chiffres sur l’emballage représentent le pourcentage de chaque élément. Ainsi, un engrais 8-2-4 contient 8 % d’azote, 2 % de phosphore et 4 % de potassium.
De plus, il faut considérer le ratio entre ces trois éléments. Le ratio est obtenu en divisant chacun des trois chiffres par le plus petit chiffre. Par exemple, l’engrais 8-2-4 présente un ratio 4 : 1 : 2. Dans le cas des pelouses, qui nécessitent un apport important en azote, on suggère l’utilisation d’un engrais présentant un ratio N-P-K variant entre 3 : 1 : 2 et 5 : 1 : 2.
En général, on se fie à la quantité d’azote dont la pelouse a besoin pour déterminer la dose d’engrais requise. Si vous appliquez les principes de l’entretien écologique, il faudra utiliser une quantité réduite par rapport à celle recommandée pour un entretien conventionnel, soit 0,75 à 1,0 kg d’azote/100 m2/année. Habituellement, on met 10 kg d’engrais/100 m2/année ce qui correspond à un apport de 0,8 à 1,0 kg d’azote pour la majorité des engrais naturels offerts sur le marché. Diminuez la dose pour une pelouse à l’ombre ou contenant des herbes moins exigeantes que le pâturin du Kentucky (le gazon le plus généralement utilisé), mais augmentez-la dans le cas d’un gazon établi sur un sol pauvre ou lorsque la pelouse sert de terrain de jeux.
La fertilisation se fait habituellement en une ou deux applications. Dans le premier cas, elle aura lieu au printemps vers le milieu du mois de mai. Dans le deuxième cas, on fertilisera en mai et à la mi-août. Ne dépassez pas 10 kg d’engrais/100 m2(1,0 kg d’azote) pour chaque application.
Engrais de synthèse (chimiques) versus engrais naturels
Les engrais de synthèse sont issus de substances transformées chimiquement. Dans le cadre de l'entretien écologique d'une pelouse, leur utilisation n'est pas recommandée. Voici pourquoi :
- Les engrais de synthèse ne stimulent pas la vie biologique du sol, car les éléments nutritifs qu'ils libèrent sont immédiatement assimilables par les végétaux. Ils peuvent même être nocifs pour les micro-organismes bénéfiques du sol.
- Les engrais de synthèse étant des sels solubles, leur utilisation exclusive et répétée peut entraîner des problèmes de salinité du sol.
- Les risques de lessivage (pollution) et de brûlure des racines sont plus élevés avec les engrais de synthèse.
- La fabrication des engrais de synthèse nécessite l'utilisation de ressources non renouvelables (combustibles fossiles).