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Des débris spatiaux peuvent-ils nous tomber sur la tête?

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Image humoristique d’un astronaute qui ramasse des ordures dans l’espace.
Photo : Shutterstock
Un astronaute jette des déchets.

Les objets envoyés dans l'espace par les grandes puissances ne sont pas toujours récupérés et circulent en orbite autour de la Terre, constituant une menace potentielle. Existe-t-il des solutions pour régler ce problème? Les entreprises et les États responsables de cette pollution prennent-ils leurs responsabilités? Olivier Hernandez, directeur du Planétarium, donne son avis sur cette importante problématique.

Ce texte est une adaptation d'une chronique diffusée en décembre 2021 à l'émission Moteur de recherche, sur les ondes d'ICI Radio-Canada Première.

La pollution spatiale, un réel danger?

L'aventure spatiale a commencé en 1957 avec le tout premier satellite. Depuis 1957, plus de 8000 satellites ont été envoyés en orbite autour de la Terre. En plus de 60 ans, l'espace est passé d'une absence totale de pollution à une impressionnante quantité de débris circulant en orbite. La pollution spatiale est bien existante.

Dernièrement, le 16 novembre 2021, la Russie a procédé à un tir de missile visant à détruire un de ses satellites. Ce tir a projeté des débris partout dans l'espace, menaçant même la Station spatiale internationale (ISS).

Plus récemment, le 2 décembre 2021, le débris 39915 s'est détaché du débris 23106 provenant de l'étage supérieur d'une ancienne fusée Pegasus lancée en 1994. Cet incident a forcé le report d'une sortie spatiale avec des astronautes.

De nombreux débris spatiaux

Il y a énormément de débris spatiaux en orbite autour de la Terre. Dans son programme SpaceCare, le Bureau des affaires spatiales des Nations unies recense l'ensemble des déchets spatiaux. Cette compilation se fait avec l'aide des principales agences spatiales et des programmes de surveillance des télescopes et radars au sol. Les données colligées sont impressionnantes.

Les 2700 satellites en fonction partagent leurs orbites avec plus de 8000 tonnes de débris spatiaux qui comportent :

  • 1950 étages de fusées à l'abandon
  • 2850 satellites désuets
  • 21 000 fragments et débris non identifiés
  • 34 000 morceaux de plus de 10 cm de diamètre
  • 900 000 fragments qui ont entre 1 et 10 cm
  • 128 millions de débris de moins de 1 cm

Les quelque 26 000 plus gros objets sont méticuleusement suivis afin d'éviter des collisions.

Les déchets de l'espace peuvent-ils retomber sur Terre?

La gravitation et la friction de l'atmosphère pourraient ralentir la vitesse de déplacement des déchets spatiaux et les faire retomber sur Terre.

On parle souvent de la ligne de Kármán, à 100 km d'altitude, comme étant la limite physique de notre atmosphère. En fait, il s'agit plutôt d'un gradient : une décroissance de la densité de l'atmosphère selon l'altitude. La friction liée à la densité de l'atmosphère va agir sur la chute des différents débris en fonction de leur altitude.

Les satellites géostationnaires qui évoluent sur une orbite de 36 000 km d'altitude sont très faiblement soumis à la friction de l'atmosphère. Ils y resteront donc des millénaires. Pour désorbiter de tels satellites, on choisit même de les envoyer encore plus haut, dans une orbite cimetière.

À 1 200 km d'altitude, à la limite supérieure des orbites terrestres dites moyennes et basses, un débris pourrait retomber vers le sol dans environ 2 000 ans. À 800 km d'altitude, une chute pourrait se produire dans 100 à 150 ans. Enfin, pour la grande majorité des satellites actuellement utilisés et qui évoluent à moins de 500 km d'altitude, une chute pourrait se produire dans moins de 25 ans.

Quels sont les risques liés aux débris spatiaux?

La vitesse des débris spatiaux est très grande. Ainsi, même la collision d'un fragment de petite taille avec un autre objet peut produire d'importants dégâts.

Le premier risque, c'est l'entrée en atmosphère de gros morceaux qui résisteraient à l'échauffement de l'atmosphère pour ensuite retomber sur Terre.

Ensuite, il y a les risques de collisions avec la Station spatiale internationale où travaillent des humains. Les programmes de surveillance permettent de prédire les collisions potentielles. Advenant un risque d'impact majeur, les astronautes devront se réfugier dans des capsules de retour afin de pouvoir revenir sur Terre. Les scientifiques modifieraient alors la trajectoire de la Station pour éviter les débris les plus dangereux.

Des collisions entre des satellites militaires ou civils ont déjà eu lieu, provoquant des débris. Depuis, une surveillance s'effectue et les trajectoires des satellites avec système de propulsion sont corrigées.

Les agences spatiales sont-elles réglementées?

Il existe un certain code d'éthique au sujet de la pollution spatiale, plutôt qu'une réglementation réelle. L'adhésion y est volontaire et les agences spatiales l'ont presque toutes adopté.

Il est donc fortement de recommandé de :

  • Concevoir des lanceurs et des véhicules spatiaux qui délaissent le moins d'éléments possible, tant au décollage que pendant l'exploitation;
  • Prévenir les explosions en libérant l'énergie accumulée : vider le carburant restant et s'assurer de l'innocuité des batteries;
  • Désorbiter ou éliminer les missions terminées, afin qu'elles soient hors de portée des satellites opérationnels;
  • Éviter les collisions dans l'espace en choisissant judicieusement les orbites et en effectuant des manœuvres d'évitement de collision.

Malheureusement, la multiplication des opérateurs de télécommunications et les missions militaires inconnues font de l'espace le nouveau « FarSpace » où tout est permis. Une vraie réglementation sera nécessaire pour éviter le pire.

La comparaison avec un autre phénomène me rend fortement pessimiste quant à la possible dépollution de l'Espace : 8 milliards de tonnes de plastiques polluent présentement la Terre. Ce chiffre atteindra les 34 milliards de tonnes en 2050 et nous peinons à l'éliminer, notamment dans les océans.

Ces déchets plastiques se retrouvent dans un environnement beaucoup moins hostile que le vide stellaire. Leur récupération rencontre d'énormes difficultés, tant d'un point de vue technique que politique!